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Scénarisation et simulation du travail : co-construire le changement avec les salariés

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De nombreux projets de changement sont encore pensés par leurs concepteurs de façon isolée, sans anticiper leurs effets sur la performance globale de l’entreprise et les conditions de travail. La méthode de simulation permet de construire le changement de façon plus collective - avec un impact réel en faveur de la qualité de vie et des conditions de travail.

Entretien avec Grégory Plançon et Erfane Chouikha, chargés de mission à l’Aract Grand Est et Manon Keusch-Bessard, chargée de mission à l’Anact.

Déménagement, nouvel équipement, réorganisation... Comment expliquer que les projets de transformation se révèlent parfois insatisfaisants, moins efficaces qu'espérés ou pour partie inadaptés ? Et pourquoi s’intéresser dans ces contextes à la méthode de simulation du travail futur ? 

Qu'ils soient membre de la direction, chef de projet ou prestataire externe, on constate que trop souvent les concepteurs d'un projet de transformation ont tendance à penser que leur travail consiste pour partie à prescrire "le travail de demain" et que leurs connaissances du terrain suffisent à alimenter le projet de transformation. La méthode de scénarisation et de simulation des situations de travail permet de mieux anticiper les problèmes potentiels et les ressources nécessaires en s'appuyant, aux différentes étapes  - de conception, de test et de déploiement du projet - sur l’expérience singulière des manageurs, travailleurs, ou acteurs du dialogue social.

Concrètement, en quoi consiste une démarche de simulation du travail futur ? 

Prenons un exemple : au cours d'un accompagnement dans un organisme qui souhaitait repenser ses espaces et intégrer le télétravail, des groupes de travail ont été constitués avec des manageurs et des collaborateurs afin de dresser un état des lieux des points forts et faibles des pratiques existantes. Plusieurs scénarios d’aménagement des espaces ont été construits. Des sessions ont permis à chacun de se projeter grâce à l’usage d’une table interactive numérique qui reproduisait les espaces de travail tels que proposés dans différents scénarios. Chacun a ainsi pu jouer son rôle à travers un avatar et simuler ses activités, ses déplacements, etc. Dans chaque groupe, 2 à 3 situations de travail significatives ont fait l’objet d’un focus particulier. Ces simulations ont permis de retenir un scénario avec, à la clé, des propositions d’amélioration. La scénarisation peut s’appliquer de plusieurs façons : à partir de plans d’aménagement, des jeux de briques, des outils de simulation en 3D ou directement sur site avec un jeu de rôle. 

A quel moment inclure la simulation dans un projet de transformation ?  

Idéalement au plus tôt - dès qu'on dispose d'une première projection de ce que sera le projet. En effet, plus le projet avance et moins il est possible de revenir sur des choix de conception déjà réalisés qui peuvent avoir des impacts forts sur les conditions de réalisation du travail. Il est donc impératif de chercher à enrichir le projet avant que des décisions cruciales ne soit prises. La mise en scène du travail permet cela. 

Y a-t-il d’autres conditions de réussite ?

Oui. Il s’agit d’abord de concevoir des scénarios sur la base de données et d’informations fiables et structurantes pour le projet. Ces données sont souvent économiques, sociales et techniques et posent un cadre au champ des possibles. Le maitre d’ouvrage doit accepter de partager ces éléments avec tous les acteurs du projet pour leur permettre de se projeter sur un terrain « de jeu » le plus fiable possible. 

Une autre condition de réussite consiste à définir les liaisons et les relations entre les espaces de travail et les espaces de décision (réunion de direction, comité de pilotage...) qui existent autour du projet, et à définir le rôle de chaque personne qui participent à ces espaces. Mettre en scène le travail ne doit pas seulement permettre aux travailleurs de se projeter. L’objectif est de favoriser leur contribution effective au projet. Il faut donc s'assurer que ce qui remonte des groupes de travail est pris en compte.

Quels avantages attendre de la démarche de simulation du travail futur ?

Permettre aux personnes concernées de se projeter très concrètement dans un mode de fonctionnement futur est source d’enrichissement du projet et d’apprentissage pour les concepteurs comme pour les acteurs de l’entreprise. Cette coopération entre les différentes parties prenantes permet de construire les compromis nécessaires à la conciliation des différents besoins (coût, performance, conditions de travail, etc.). L'exercice de simulation du travail futur permet aussi d'améliorer le dialogue - le dialogue professionnel et le dialogue social. Croiser et confronter les points de vue des acteurs du travail – ouvriers, manageurs, représentants du personnel et direction -, c’est leur donner la possibilité d’agir sur le travail et sur leur futures conditions de travail.  Lorsque ces pratiques sont mobilisées, alors les espaces de dialogue et de décision deviennent plus complémentaires, plus prolifiques, plus indispensables. 

Et pour sauter le pas, quelles ressources propose l'Anact ? 

Le kit Simuler les situations de travail permet de préparer, d’animer des ateliers de simulation, et de communiquer sur la démarche en interne auprès des acteurs concernés. Il est utile aux différentes phases d’un projet de changement : lors de sa conception, en phase de test et lors du déploiement pour ajuster et accompagner la mise en œuvre. Nous publions également un numéro de la collection Les cahier de l'Anact Expérimenter qui illustre de quelle façon la méthode de stimulation du travail futur a été déployée dans le cadre d'un projet de réamanagement d'un technocentre SNCF. Un guide 10 questions sur la conduite des projets de transformation et une formation sont aussi proposés.

Télécharger le kit

Consulter le Cahier de l'Anact Expérimenter "La méthode de simulation du travail futur dans un technicentre de la SNCF "

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