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La démarche FNTR Loire pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre d’un outil de prévention des risques et de santé au travail

pénibilité FNTR

Consciente des situations d’usure dans lesquelles se trouvent certains professionnels du transport routier, la Fédération nationale des transports routiers Loire (FNTR) désire aller plus loin que les obligations réglementaires. 

La fédération a obtenu une aide du Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) pour mener une action collective sur le sujet. C’est grâce à la rencontre avec Emmanuel PEREZ du cabinet Avenir Solutions que le projet va prendre forme avec l’appui de partenaires. En octobre 2013, le Fact a permis de concrétiser le projet. 

Le projet a été mené en 3 phases : 

  • Mise en place d’un groupe pilote dans le cadre d’une action collective à double fin : former les membres à l'analyse des situations d'usure professionnelle et apporter une réponse pragmatique à des entreprises désireuses d’anticiper une obligation réglementaire.
  • Capitalisation, avec la matière recueillie dans les entreprises et le travail du groupe pilote, pour créer des outils à diffuser largement.
  • Diffusion- transfert des connaissances et des bonnes pratiques recueillies.

L’équipe a fait le choix de modules de « Form’action » de 3 jours en collectif et ½ journée de mise en situation en entreprise avec le consultant, explique Sylvie Plotton, secrétaire générale FNTR 42."Lorsque nous avons présenté le projet à nos interlocuteurs, nous avons senti un réel intérêt. Aussi, si notre démarche peut contribuer à faire naître un autre regard sur la pénibilité, à en faire comprendre les enjeux, nous aurons atteint l’objectif fixé", confie M. Vialon, directeur de la FNTR 42. Jean-Claude Faure, médecin du travail, a intégré le projet en amont et affirme "qu’il est dans le devoir de la médecine du travail d’amener une entreprise à anticiper l’usure professionnelle, notamment dans le contexte actuel de l’allongement de la durée de vie professionnelle. Cette démarche a été un véritable travail en concertation avec nos services."

Temps d'échanges et enquête terrain

Du 1er janvier au 30 juin 2014, cette phase a articulé temps collectifs d’échanges et observations de terrain. De la TPE de 3 salariés à des PME de plus de 100 collaborateurs (soit au total 762 salariés au démarrage du projet), les entreprises se sont largement investies sur le sujet de la pénibilité. 18 entreprises déjà habituées à échanger et mutualiser se sont mobilisées, ce qui a favorisé le développement et la réussite du projet.

"Cette première phase s’est déroulée sans embûche avec un collectif de dirigeants d’entreprise, ou collaborateurs en charge de la RH, impliqués, motivés, réactifs", témoigne le directeur de la FNTR. Deux points forts dans cette phase resteront l’implication des IRP dans la mise en place d’un groupe de travail. Le consultant a mené une analyse concrète des activités en accompagnant les professionnels sur le terrain, de jour comme de nuit : les bennes TP ou plateaux, le transport de denrées périssables, la marchandise générale, le transport par container. Et sur le site de l’entreprise : l’atelier, le conditionnement palettes, la manutention et l’exploitation.

Cette dimension « terrain » du projet a joué une réelle différence. Elle a fondamentalement changé :

  • le regard des dirigeants et de leurs collaborateurs envers le consultant, (parfois encore perçu comme un expert extérieur qui conseille « sans vraiment connaître la situation »).
  • l’implication des salariés, dont notamment les conducteurs qui se sont sentis concernés et reconnaissants envers leurs entreprises, de travailler sur cette problématique.

Le terme « pénibilité » a été dédramatisé et relativisé. Employeurs et salariés ont apprécié ne pas en rester à un ressenti et de pouvoir le compléter par un diagnostic objectif des situations pénibles en définissant des facteurs et des indicateurs précis. À ce stade, "les entreprises ont compris que des actions correctives, des mesures de prévention, des aménagements de postes, une organisation du travail un peu différente, ou encore des investissements réfléchis pouvaient remédier à l’exposition à certains facteurs" explique Sylvie Plotton. Simultanément, il a fallu réfléchir à la gestion des carrières et des évolutions professionnelles, en apportant au collaborateur un accompagnement, soit par la formation, soit par la sensibilisation, pour qu’il contribue lui-même à diminuer les impacts de son exposition sur sa propre santé.

La capitalisation  

De juillet à septembre 2014, grâce aux données recueillies sur le terrain et en entreprise, un kit pénibilité a été mis à la disposition des entreprises participantes afin de leur permettre de mieux appréhender le sujet et d’être acteur dans la mise en œuvre.

Diffusion et conception d'une formation e-learning

Le projet de diffusion a été retardé à la suite de la mise en place d’actions au niveau national. En effet, en septembre 2015,  la FNTR 42 a fait évoluer le projet initial et a souhaité en faire profiter le plus grand nombre dans la branche professionnelle en élargissant au national. L’Anact a naturellement accepté de prolonger la convention pour disposer de plus de temps pour atteindre les objectifs fixés, mais aussi pour contribuer à une évolution perceptible au sein de la branche professionnelle. 

MC Pourrat dirige l’entreprise de transport Bayard, une PME familiale de 56 salariés. Elle était consciente que les tâches de traction ou de poussée lors de l’utilisation de transpalettes manuels généraient des troubles musculo-squelettiques. "Avec le diagnostic d’exposition à la pénibilité au travail, notre conscience de ne pas attendre qu’une difficulté apparaisse pour agir, s’est encore accrue. Nous recherchons systématiquement la meilleure solution pour permettre à nos salariés de disposer d'équipements adéquats. Nos réflexions sur l’organisation, nos achats intègrent à présent pleinement la dimension « impact pénibilité ».

PJ Lardon, dirigeant de l’entreprise Lardon, confie que spontanément l’entreprise ne considérait pas les activités de bureau comme étant prioritaires en matière de contraintes posturales. Toutefois une situation comme tenir le téléphone entre l’oreille et l’épaule en tapant sur un clavier est parue très inconfortable. "Nous avons donc veillé à améliorer les conditions de travail qui relevaient du bon sens, comme acheter des casques. Le diagnostic pénibilité au travail nous a conforté dans une telle démarche et nous pousse à garder un œil vigilant sur l’ensemble de nos métiers, sédentaires comme itinérants, en matière de prévention de l’usure professionnelle."

Aujourd’hui cette action perdure et mobilise de nouvelles entreprises grâce à un dispositif d’e-learning très accessible. La conception d’une formation e-learning est en effet devenue une évidence en matière de diffusion, de temps et de disponibilité mais aussi en termes d’appropriation des bonnes pratiques. Ce parcours comporte, sous format vidéos, des témoignages de dirigeants ou collaborateurs d’entreprises du groupe pilote qui, facteur par facteur, expliquent comment ils ont géré telle ou telle situation. Au terme des différents modules, et sous condition qu’elle ait bien respecté toutes les étapes de validation, l’entreprise aura établi son pré-diagnostic d’un outil de suivi.

En conclusion, comme l’évoque M. Vialon, dirigeant de la FNTR 42,  "il était important pour nous de faire comprendre que l’approche « prévention » devait prendre le pas sur l’approche « réparation », c’était un véritable enjeu de faire évoluer les mentalités. Ce sont des actions à formaliser en une stratégie d’entreprise. Le diagnostic pénibilité a apporté aux différentes entreprises un éclairage nouveau, complémentaire pour leur permettre d’aller plus loin dans la politique de prévention de l’entreprise. Cette démarche a permis à tous les dirigeants de s’approprier un outil de gestion du capital humain qu’il convient de préserver, de faire durer et évoluer tant pour lui même que pour la performance économique de l’entreprise."

 

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