Photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe
Cette étude analyse la sinistralité au travail entre 2001 à 2019 et met en évidence un certain nombre de tendances, dont notamment des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes.
Informations
Sur la base des données les plus récentes publiées par l’Assurance maladie - Risques professionnels, cette étude analyse la sinistralité au travail entre 2001 à 2019. Elle met en évidence un certain nombre de tendances, dont notamment des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes.
Les accidents de travail
Ils concernent en 2019, plus de 650 000 salariés en France, dont 63% d’hommes et 37% de femmes. La baisse globale des accidents du travail entre 2001 et 2019 (-11,1%) correspond à une baisse pour les hommes (-27,2%) mais masque la nette progression des accidents de travail pour les femmes (+41,6%). Depuis 2013, on constate toutefois une inversion de tendance à savoir que le nombre global d’accidents augmente (+6,1%) avec une stabilisation du nombre d’accidents pour les hommes (-0,1%) et une augmentation (+18,3%) pour les femmes.
Depuis 2001, les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes sont les activités de services : santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation. Le BTP est le secteur le plus accidentogène pour les hommes.
L’analyse de la gravité des accidents de travail indique qu’en moyenne les femmes sont arrêtées plus longtemps que les hommes.
Les accidents de travail mortels concernent à plus de 90% des hommes dans tous les secteurs. Entre 2013 et 2019, le nombre d’accidents de travail mortels a augmenté de plus de 35% et ce pour les femmes comme pour les hommes.
Les maladies professionnelles
Elles concernent au total en 2019 plus de 50 000 personnes, autant de femmes que d’hommes. La progression des maladies professionnelles sur 19 ans est forte et constante dans l’ensemble (+108%). Mais elle est deux fois plus rapide pour les femmes (+158,7%) que pour les hommes (-73,6%). Toutefois, depuis 2011, on constate une diminution puis une stabilisation du nombre de maladies professionnelles reconnues pour les femmes comme pour les hommes, compte tenu de l’évolution de leurs modalités de reconnaissance.
En 2019, les activités de services : santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation totalisent le plus grand nombre de maladies professionnelles déclarées et reconnues pour les femmes. Les secteurs du BTP et de lamétallurgie comptent le plus de maladies professionnelles déclarées et reconnues pour les hommes.
Les accidents de trajet
Ils concernent près de 99 000 personnes, dont 54% des femmes et 46% des hommes en 2019. Leur nombre est stable pour les hommes depuis 2001 (-1,5%) mais ennette progression pour les femmes (+33,6%). Les accidents de trajet mortels concernent davantage les hommes que les femmes dans l’ensemble des branches. Les activités de service (santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire) comptent la plus forte mortalité des accidents de trajet pour les hommes comme pour les femmes en 2019.
Prendre en compte l'impact différencié à l'exposition au risque en fonction du sexe
Cet éclairage statistique longitudinal appelle à davantage d’efficience et d’efficacité dans la prévention des risques professionnels, notamment dans les secteurs à prédominance féminine et particulièrement dans les activités de service (santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire). Prendre en compte les conditions d’exposition différenciées des femmes et des hommes permettrait de progresser dans l’évaluation et la prévention des risques professionnels pour toutes et tous. Cela doit se concrétiser en premier lieu, comme le stipule désormais le Code du travail, par la prise en compte par les entreprises de "l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe" dans la rédaction du document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). Une telle évolution est d'autant plus urgente que dans cette période post-pandémique, les enjeux d'attractivité des conditions de travail ou d’emploi sont au cœur des problématiques des secteurs qui peinent à recruter.