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Parcours professionnels : penser des passerelles internes entre les métiers de l’entreprise

nouveau visuel générique des cas d'entreprises

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Dans plusieurs entreprises, on peut observer une caractérisation sexuée des services, postes ou métiers. De telles situations peuvent s’expliquer par une histoire particulière dans le développement de l’entreprise, une «représentation sociale» — par exemple, les femmes jugées plus appliquées dans les travaux de finition — ou , bien que rarement, par une organisation du travail clairement choisie. Or, cette pseudo-spécialisation place souvent les opératrices dans une situation de confinement qui les empêche d’acquérir et de déployer de nouvelles compétences dans un vrai parcours professionnel, bref d’évoluer. L’entreprise ne se prive-t-elle pas ainsi de ressources pour son efficacité et sa performance globale?

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Qui ? 

Cette entreprise de PLV installée en limousin emploie 120 salariés. Son activité consiste à concevoir, imprimer, découper, assembler, livrer et implanter des présentoirs standard ou sur-mesure sur le lieu de vente. Son principe commercial : innover et créer pour ses clients des supports pour mettre en valeur leur valeur et leur marque.

Quel était le problème à régler ?  

L’entreprise sollicite l’Aract afin d’être accompagnée dans l’élaboration d’un plan d’actions sur les questions d’égalité professionnelle et de pénibilité au regard des dispositions de la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites et du décret du 07 juillet 2011.

L’Aract propose à l’entreprise d’intégrer le dispositif TEMPO (Travail EMploi Population) dispositif initié par l’Anact et organisé avec le soutien financier du FSE. Animé par l’Aract, ce dispositif vise à accompagner collectivement un petit groupe d’entreprises (7 à 8) dans la préparation de leurs accords ou plans d’action.
Le programme dispensé est le suivant:

- apports théoriques sur les thématiques des séniors, de la pénibilité et de l’égalité professionnelle;

- appuis méthodologiques avec deux outils phares : cartographie des pénibilités, et analyse des populations au travail à partir d’un outil interne à l’Anact.

Une large place est laissée à l’échange inter-entreprises.

L’originalité de cette démarche : tenter de faire converger les 3 dimensions : séniors, pénibilité et égalité professionnelle.

Qu’ont-ils fait ?  

Le dispositif TEPMO vise à élaborer un diagnostic à partir de l’analyse des populations au travail. L’Anact propose donc aux entreprises de travailler à partir de leurs données internes brutes RH complétées de celles relatives à la santé et aux compétences. Des études et croisements qui génèrent ainsi de tableaux statistiques que nous analysons conjointement avec l’ensemble des acteurs.. Trois constats à l’origine du plan d’actions élaboré par l’entreprise:


1)-Lla pyramide des âges fait apparaître une forte proportion de séniors notamment au service sérigraphie. Ce service rencontre en outre de grosses difficultés de recrutement et nécessite une formation longue au poste. La question de la transmission des savoirs d’expérience se pose réellement : d’ici à 10 ans, 47% des opérateurs devront être renouvelés.

2)- L’entreprise constate un écart en matière de promotion des femmes. En investiguant plus précisément les services concernés, il s’avère qu’il s’agit «des finisseuses», service féminisé à 95%. Elles sont chargées d’assembler, monter et coller les présentoirs.


L’échange s’ouvre alors sur les raisons qui permettraient d’expliquer cette situation : le binôme représentant l’entreprise nous explique que ce service a une histoire, que cette activité autrefois sous-traitée a conservé une place à part. Tout salarié intégrant l’entreprise fait ses premiers pas en finition. Si les hommes passent ensuite dans un autre service, les femmes quant à elles stagnent. Or cela serait-il dû au fait qu’elles trouvent peut-être un intérêt à ne pas changer de poste puisqu’elles bénéficient notamment d’horaires modulables, que l’activité n’y est pas soumise à cadence…

La question de la promotion interne est alors soulevée, par le représentant des salariés qui évoque le possible manque de visibilité des postes ouverts en interne.

3)- Enfin, troisième constat qui devient un enjeu fort : la promotion des femmes dans le service finition n’est pas qu’une question d’égalité mais aussi de santé : le métier est très répétitif, les matériaux manipulés sont encombrants et sollicitent beaucoup les membres supérieurs ; l’encollage manuel exige une pression maintenue: le médecin a alerté sur une augmentation sensible des plaintes et une exposition avérée au risque TMS.

L’esprit constructif avec lequel les deux acteurs de l’entreprise ont construit leur diagnostic, l’appui sur des éléments chiffrés, objectifs, associé aux apports du groupe, ont permis de faire partager cette action, forte de sens pour le binôme présent, avec l’ensemble des acteurs dans l’entreprise. Celle-ci a donc intégré dans son plan d’action la mise en place de passerelles du service finition vers le service sérigraphie, favorisant ainsi la mobilité professionnelle et la transmission de savoir-faire des finisseuses notamment vers la sérigraphie, en agissant également sur les modalités de diffusion des offres internes. Cette mesure a été couplée à l’amélioration des conditions de travail, notamment par des investissements matériels.

Pour quels effets ?  

Grâce à cette construction partagée l’entreprise est parvenue à faire «d’une pierre trois coups»:
- Élaborer une action qui solutionne en partie leur problématique âge et perte de compétences sur le service sérigraphie: «agir avec les séniors» et transmettre les savoir faire à des opérateurs internes.
- Favoriser l’évolution d’une catégorie d’ouvriers particulièrement soumis au risque TMS (geste répétitif, appui maintenu…): agir sur la prévention de la pénibilité.

- Agir sur l’égalité à l’avantage d’une catégorie d’ouvriers qui se trouvent être des ouvrières…: les finisseuses.

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