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Anticiper les métiers à venir et transmettre les savoir-faire d'expérience

Visuel - cas d'entreprises

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Dans cette entreprise, le diagnostic révèle pour chacun des trois secteurs de production une priorité relative à la problématique des compétences nécessaires à sa performance dans le temps : professionnalisation des parcours, polyvalence et formalisation des savoir-faire. Si l'une des pistes envisagées consiste à "dégager du temps et des personnes" pour mettre en œuvre une politique de tutorat, le diagnostic global ouvre bien d'autres voies que le comité de pilotage décide d'explorer… avec une forte volonté d'aboutir.

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Qui ? 

Située au cœur du bassin de Montluçon, l'entreprise peut se vanter d'avoir long passé industriel. L'ancienne forge du 19e siècle est aujourd'hui un leader mondial dans l'élaboration d'alliages de très haute qualité. Formant la branche Alliages d'un grand groupe industriel, elle est un des principaux acteurs du marché des aciers rapides obtenus par métallurgie conventionnelle et par métallurgie des poudres. elle se positionne aujourd'hui sur des produits à forte valeur ajoutée et sert les marchés de l'énergie, de l'automobile et de l'aéronautique.

Quel était le problème à régler ?  

La Direction, le CHSCT et le service médical et sécurité au travail de l’usine ont souhaité faire appel à l’Aract Auvergne, dans le cadre d’une stratégie de prévention globale sur le site, pour réaliser un diagnostic sur les compétences de l’entreprise (savoir-faire d’expérience, savoir-faire de prudence, savoir-faire métier) en lien avec les conditions de travail actuelles et futures.

Ce diagnostic a comporté 3 dimensions :

• Une dimension rétrospective pour identifier les savoir-faire et compétences clés « perdus » par l’entreprise suite au départ de salariés anciens et experts, sans capitalisation préalable de leurs connaissances.
• Une dimension d’anticipation des futurs départs des opérateurs pour conserver leurs savoir-faire d’expérience.
• Une dimension d’accompagnement aux changements organisationnels pour faire face à l’arrivée de nouvelles activités et de nouveaux métiers au sein de l’usine.

Qu’ont-ils fait ?  

1)- Bref rappel du contexte :
L’usine concernée a connu des évolutions liées à la fois aux productions de pièces et aux caractéristiques des effectifs. En effet, les pièces produites ont évolué sous la poussée des demandes clients et de l’organisation interne du groupe. Elle a dû adapter son process à ces nouvelles productions et pourrait « intégrer de nouvelles activités » dans les années à venir. Le site a souligné l’importance de cette adaptation pour pouvoir répondre aux enjeux de « l’apparition de nouveaux métiers » au sein de l’usine.

Par ailleurs, les effectifs ont évolué ces dernières années, notamment suite au PSE, qui a conduit au départ de salariés ayant de l’ancienneté et une forte expérience du process. Ces départs ont été effectués « sans capitalisation préalable des connaissances, savoir-faire et expériences acquises ». Aussi les salariés plus jeunes, ou récemment arrivés sur le site, de même que des intérimaires, n'ont pas bénéficié de l’apport d’expériences qu’aurait pu constituer le travail avec des « anciens ».

2)- Du diagnostic aux propositions de solutions:
L’intervention a porté sur la thématique des conditions de travail des populations de l’entreprise, car les représentants de la direction et du personnel du site se sont interrogés à la fois sur le maintien en emploi des seniors, l’intégration des jeunes et la prévention de la pénibilité. Dans ce contexte et au-delà des améliorations techniques et matérielles du travail, l’identification et la transmission des compétences-clés et des savoir-faire de prudence détenus par les salariés sont apparus comme un levier incontournable pour la prévention de la pénibilité et la recherche de performance pour ce site en pleine évolution.

L’objectif majeur de ce diagnostic était de réaliser un état des lieux de l’entreprise qui permette l’identification des savoir-faire. Cette dernière est à apprécier à la fois dans le contexte historique de départs non anticipés de salariés anciens mais aussi dans celui des évolutions de la production et de la population au travail.

Par ailleurs, l’enjeu était d’inscrire ce diagnostic dans le cadre d’un engagement concerté entre la direction, le service santé et sécurité au travail, les représentants du personnel et l’ensemble des salariés dans l’élaboration d’une politique de prévention de la pénibilité et de sécurité au travail. Cette politique se base simultanément sur des éléments techniques, organisationnels et humains. La démarche a donc nécessité la mise en place d’un comité de pilotage paritaire (composé de deux représentants de la direction (directeur général et responsable RH), du secrétaire CHSCT, de l’animatrice sécurité et de l’infirmier du travail).

Dans les grandes lignes, le diagnostic s'est structuré en deux parties :

• Une première partie consacrée à une analyse documentaire et à des entretiens de premier niveau : l'ensemble des secteurs d'activité ont été analysés à travers différentes données (Bilan Social, PV de CHSCT, rapports d'entretien de seconde partie de carrière…) mais aussi à travers des verbalisations d'entretiens.

• Une seconde partie consacrée à la réalisation d'entretiens complémentaires et d'observations de l'activité de travail : en effet, le COPIL a identifié trois secteurs d'activité (aciérie, tôlerie et maintenance) sur lesquels l'Aract a poursuivi le diagnostic. Les observations sur site ont pu marquer un pas supplémentaire dans l'objectivation des facteurs générant de la pénibilité au travail et la mise en visibilité de la valeur ajoutée des savoir-faire déployés concrètement par les salariés.

Pour quels effets ?  

La restitution du diagnostic s’est déroulée à la fin du mois d'août 2014. Les membres du comité de pilotage ont débattu collectivement de la question du transfert des savoir-faire au sein de l’entreprise, et plus particulièrement sur les trois secteurs étudiés (aciérie, tôlerie, maintenance).

Les membres du COPIL se sont accordés à dire que les éléments de diagnostic présentés dans chacun des secteurs étudiés renvoyaient à des problématiques différentes. En effet, sur le service de la maintenance par exemple, la question des parcours professionnels s'est posée pour permettre l’identification des tuteurs. L’expertise de l’opérateur sur son poste de travail est fonction de son ancienneté mais aussi de son parcours de formation.

Pour le secteur tôlerie, les participants ont convenu de la nécessité d’identifier des compétences supplémentaires dans d’autres services pour faire face à des aléas de l’activité (absentéisme, augmentation de la production…). Le recours à la polyvalence des opérateurs doit ainsi jouer un rôle dans la transmission des compétences. Enfin, la problématique évoquée pour le secteur de l’aciérie était le manque de formalisation des savoir-faire.

Les membres du CHSCT ont insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour installer une démarche de transmission des savoir-faire. « Dégager du temps et des personnes » serait une des conditions de mise en place du tutorat. D’autre part, les membres du COPIL ont relevé l’importance de conduire cette démarche volontariste et de manière paritaire. Le COPIL a prévu de se réunir à la fin de l'année 2014 pour « prendre du recul sur les éléments de diagnostic exposés par l’Aract » et pour décider des suites de la démarche : « Quelles actions mettre en œuvre ? Quel(s) secteur(s) à expérimenter ? Avec quel appui ? ».

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