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Vivre les situations de travail des salariés sur le terrain : une démarche originale pour un conseil éclairé et efficace

Cas entreprise Mecabourg

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L’analyse des situations de travail ne peut se contenter des seules verbalisations des salariés bien qu’elles éclairent la compréhension de phénomènes aussi complexes que la pénibilité, le stress… Des Phénomènes dans lesquels l’expression du ressenti peut parfois déborder ou relativiser la réalité au risque de «biaiser» la représentation que l’on veut s’en faire. C’est pourquoi l’observation in situ du travail et des conditions de sa réalisation est fondamentale pour mesurer, contextualiser et évaluer.<br> Dans le cas rapporté ici, l’intervenant de l’Aract a suivi deux tournées de ramassage de papier et de vêtements au côté des opérateurs, c’est-à-dire au plus près du terrain. Une démarche qui aide énormément au moment de l’élaboration des propositions d’amélioration.

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Qui ? 

Cette éco-entreprise, agréée entreprise d’insertion, a été créée en 2005. Elle s’est spécialisée dans le recyclage et le tri de déchets papier et vêtements. Actuellement, l’effectif est composé de 4 salariés permanents et de 8 salariés sous contrats d’insertion de 24 mois. La majorité des salariés sont des hommes de plus de 40 ans. La structure connaît une phase de développement importante avec un périmètre d’action territorial qui s’élargit et une évolution démographique d’environ 1 ETP/an.

Quel était le problème à régler ?  

L’activité de ramassage textile est, pour la structure, une nouvelle activité qui représente un gros potentiel de développement.

Confrontée à des plaintes de la part des salariés en lien avec la pénibilité de certaines caractéristiques du travail, l’entreprise souhaite mettre en place une démarche d’amélioration des conditions de travail afin de faciliter l’insertion par le travail de personnes notamment celles qui sont en difficulté, améliorer l’image du métier et surtout pérenniser une activité qui est stratégique en termes d’emploi.

Qu’ont-ils fait ?  

La démarche mise en place s’est structurée en trois étapes:

1) Une première étape d’entretiens avec le gérant, le responsable de la production, le responsable du planning des tournées et quelques agents.

Cette étape visait à mieux comprendre les caractéristiques de la population salariée, les enjeux et les particularités de l’activité de ramassage ainsi que les possibles marges de manœuvre en termes d’amélioration. À ce titre, les principales spécificités du travail renvoyées par les salariés qui font état de pénibilité (chargement de la remorque) sont celles pour lesquelles les possibilités d’action sont les plus réduites car c’est le client qui définit l’implantation et les conditions de remplissage de la remorque.

2) Une deuxième étape d’observations des situations de travail.

Deux tournées différentes (l’une effectuée par deux salariés et l’autre par un seul salarié) ont été observées.


Il s’agissait de mieux comprendre les caractéristiques concrètes du travail et repérer les contraintes intervenant dans le processus d’usure des salariés à l’origine notamment des nombreuses plaintes.


Différents points sont ressortis de ces observations:

- Le premier montre qu’il y a une différence non négligeable entre la quantité livrée et la quantité réellement manipulée par les salariés et ce quelle que soit la configuration des équipes. Ainsi, lorsque les salariés récupèrent 1,3 tonnes de linge, ils en manipulent environ chacun 2 tonnes lorsqu’ils sont deux et 3,5 tonnes lorsque le salarié est tout seul. Cet écart s’explique par les nombreuses manipulations du linge pour remplir, décharger le camion et remplir la remorque. Cette caractéristique est d’autant plus importante que la structure est payée à la tonne, obligeant de ce fait celle-ci à charger au maximum les tournées.

- Le deuxième point montrait que les salariés se focalisaient sur une situation renvoyée comme étant fortement pénible pour eux amenuisant de la sorte les contraintes d’autres opérations notamment celles qui consistent à initialiser les capteurs de la benne. Pour ce faire, les salariés étaient obligés de rentrer dans la benne en adoptant des postures à risques pour les articulations des membres supérieurs et le dos.

- Le dernier point insistait sur le temps nécessaire et les contraintes plus élevés pour des opérations de remplissage des sacs par du linge avant enlèvement, et les situations consistant à récupérer des sacs déjà remplis.

3) Une étape de restitution auprès du gérant avec la formulation de propositions d’amélioration.

Celles-ci tournaient autour de 3 axes:

• Un axe organisationnel avec la mise en place systématique de binômes pour la réalisation des tournées.

• Un axe technique avec:

- la modification de l’emplacement du capteur d’initialisation de la benne;

- une information plus visible sur la benne incitant les utilisateurs à mettre leur linge directement dans des sacs;

- une modification des sacs avec un système de fermeture par sangle.

• Un axe individuel avec la nécessité de faire discuter, échanger les salariés sur leur pratique de chargement du camion et de la remorque pour réduire certaines sur-manipulations de sacs.

Pour quels effets ?  

L’action proposée par l’Aract a eu 3 conséquences pour la structure:

• La première a consisté à inciter les donneurs d’ordres à donner plus de marges de manœuvre l’entreprise afin qu’elle mette en place des actions visant à améliorer certaines caractéristiques du travail qui impactent la pénibilité et favorisent le remplissage.

• La seconde a permis à la structure de réfléchir sur des axes d’amélioration visant à réduire une partie des contraintes.

• La dernière servant de base de réflexion et de simulation pour le déménagement et l’agrandissement du site prévus pour l’année 2015.

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