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"Vis mon travail", une expérience plebiscitée

Echanger son job pendant une journée avec un collègue : c’est le principe de « Vis mon travail ». Avec l’aide des Aract, des entreprises et associations se prêtent au jeu pendant la Semaine de la qualité de vie au travail. A la grande satisfaction des participants.

Se mettre dans la peau d’un collègue le temps d’une journée : quoi de plus efficace pour comprendre son travail, ses conditions d’exercice, ses contraintes ? Depuis 2012, le réseau Anact-Aract propose aux organisations de se prêter à l’exercice avec le dispositif « Vis mon travail » pendant la Semaine de la qualité de vie au travail. « L’idée est de développer le dialogue et le partage d’expériences dans l’entreprise autour des conditions de travail. Et cela permet aux entreprises de participer à cette semaine en vivant quelque chose en interne », explique Magalie Petit, chargée de communication de l’Aract Normandie.

Les entreprises trouvent auprès de chaque Aract organisatrice de « Vis mon travail » un appui spécifique : conseils, règles du jeu, matériel de communication. Principe de base : les salariés doivent être volontaires. Qu’est-ce qui pousse une organisation à tenter l’expérience ? « C’est souvent le constat de la méconnaissance des métiers des uns et des autres et la volonté de fédérer les équipes », constate Hélène Baron, responsable de la communication de l’Aract des Pays-de-la-Loire.

Casser les barrières

La mairie de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, s’est lancée pour la première fois en juin 2015. « Nos services sont encore parfois trop cloisonnés et les effectifs éparpillés sur toute la commune : dans les écoles, les crèches,… Certains agents ne viennent que rarement dans les locaux de la mairie. L’objectif était de casser les barrières et de faire connaître toute la richesse de nos métiers : les 471 agents exercent 80 métiers différents ! », raconte Elisa Le Morvan, responsable du service communication de la mairie.

Pour répondre aux obligations de continuité du service public, les jobs n’ont pas été échangés mais découverts en présence de l’agent compétent. L’assistante du maire a accompagné un policier municipal, la DRH a suivi une auxiliaire de soins à domicile dans sa tournée, le directeur général des services (DGS) a passé une journée en crèche avec une auxiliaire de puériculture,…Au total, 58 binômes ont été constitués.

Près d’un agent sur 4 a donc participé à l’opération. Le debriefing à froid, dix jours plus tard – recommandé par l’Aract -, fait état de retours très positifs. « Les agents sont très satisfaits, ils évoquent les liens créés lors de cette expérience et demandent qu’elle soit réitérée », indique Elisa Le Morvan. La mairie renouvellera l’exercice, avec un point à travailler : encourager davantage de personnels de terrain à découvrir les métiers administratifs.

Toucher du doigt la réalité du travail

Pour les salariés de l’association d’aide à domicile ADT 44-85, « Vis mon travail » est devenu une institution avec une troisième édition organisée en juin prochain. « Si je ne refaisais pas cette journée, les salariés ne comprendraient pas. Pour eux, c’est un peu un rayon de soleil ! », constate Geoffroy Verdier, le directeur de cet organisme qui emploie 500 salariés en Loire-Atlantique et en Vendée. Chaque année, une centaine de salariés s’inscrit. Le directeur lui-même a manié serpillère et balai tandis que des intervenantes de terrain découvraient qu’il n’était pas si facile de faire face aux demandes et réclamations des clients au téléphone. L’opposition traditionnelle entre salariés sédentaires et intervenants à domicile s’est ainsi fortement amoindrie. La découverte d’un métier a parfois débouché sur des idées d’évolution professionnelle, comme cela a été le cas pour une aide à domicile qui a partagé le quotidien d’une technicienne d’intervention sociale et familiale.

Au-delà de ses bénéfices sur le climat social, « Vis mon travail » fait toucher du doigt les réalités du travail et peut conduire à leur amélioration. Le directeur d’ADT 44-85 veille davantage aujourd’hui à aménager les tâches des intervenantes à domicile lors des journées de forte chaleur. La prise de conscience peut venir des salariés eux-mêmes : après avoir passé une demi-journée avec un livreur, un employé d’un magasin Point P (matériel de construction) en Normandie a compris pourquoi il fallait être très attentif au libellé du bon de livraison : si le livreur ne trouve pas l’adresse, toute la tournée est désorganisée, raconte Magalie Petit qui souligne : « On touche au cœur du travail et de la collaboration entre les salariés ».

 

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