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« La QVCT vise à accompagner les transformations porteuses pour l’avenir »

Enjeux d’attractivité, d’allongement de la vie professionnelle, de transition écologique… Autant de défis liant conditions de travail et d’emploi qui invitent les entreprises à se transformer. Quel rôle pour les démarches QVCT (qualité de vie et conditions de travail) dans ce cadre ? Entretien avec Matthieu Pavageau, directeur technique et scientifique de l’Anact.

En quoi la QVCT peut-elle faire écho aux enjeux de transformation des entreprises ?

Les débats sociaux en cours nous montrent qu’il reste difficile pour les entreprises de faire le lien entre les transformations qu’elles doivent mener et leurs situations de travail concrètes. Si l’on prend le sujet de l’allongement de la vie professionnelle, rechercher, avec les travailleuses et travailleurs concernés, les conditions d’une transformation qui permette de soutenir l'activité et de réduire les facteurs d'usure au travail, ça n’est pas une idée qui va de soi.

Or, ce que montrent nos travaux depuis 50 ans, c’est que pour concilier santé des personnes et efficacité des organisations, la conduite des transformations doit s’appuyer sur une bonne compréhension de ce qui se joue dans les situations de travail. Améliorer la « soutenabilité du travail » par exemple s’aborde différemment selon les métiers, secteurs et parfois même selon les territoires. Dans certaines activités du BTP, cela peut conduire à prendre en compte les effets de la montée des températures sur l’organisation du travail et les horaires, tout en intégrant l’évolution des normes de production. Dans le secteur des services, la recherche de soutenabilité peut amener à traiter de la charge de travail, de numérisation, de coopérations à distance. 

Pour les employeurs et managers, réussir ces transformations appelle un investissement sur trois dimensions au moins : une compréhension collective des enjeux du travail, la qualité du dialogue interne, et une visée stratégique liant conditions de travail et modes de production. C’est ce que propose l’approche qualité de vie et des conditions de travail.

En quoi cette approche QVCT est-elle singulière ?

La QVCT postule que le travail ne se résume pas aux questions d’exposition aux risques. Elle vise, bien-sûr, à contribuer à la protection des personnes mais aussi à répondre à des aspirations comme le sens du travail et l’émancipation par le travail en faisant le lien avec les enjeux de transformation des organisations. Elle s’appuie pour cela sur plusieurs décennies de travaux internationaux (Organisation internationale du travail (OIT), Eurofound…) des partenaires sociaux, de l’Anact et ses partenaires, de chercheur.e.s et intervenant.e.s.

En pratique, l’une des singularités de la démarche QVCT c’est qu’elle emploie le registre de la concertation et se construit avec les partenaires sociaux. La deuxième, c’est que l’objet de la concertation porte sur les conditions de travail - ce qui implique de s’intéresser aux modes de production et à l’évolution de l’organisation du travail. La troisième, c’est qu’elle nécessite de construire le projet avec les personnes concernées.  C’est un exercice, parfois complexe, qui engage une méthode au service de décisions porteuses pour l’avenir.

Les démarches qualité de vie et des conditions de travail invitent ainsi à ne pas s’en tenir à une vision restrictive du travail. Pour le rendre « soutenable », il s’agit de traiter autant de prévention de l’usure que de capacité collective à construire de nouveaux modes d’organisation du travail.   

En visant à améliorer « le travail », la QVCT doit permettre d’améliorer sa « soutenabilité ». Mais est-ce accessible à toutes les entreprises ?

Une double question se pose concernant la soutenabilité [1] du travail. D’abord, comment les organisations n'épuisent pas toutes leurs ressources au sens large : les ressources humaines, évidemment, mais aussi les ressources environnementales. Et ensuite, ou plutôt en parallèle, comment les organisations peuvent mobiliser le potentiel que représente la qualité des coopérations au travail pour développer des voies alternatives.

Répondre à ces questions suppose de la méthode, une capacité de projection et d’action collective. En tant qu'agence nous avons, avec nos partenaires sur les territoires, la responsabilité d’outiller les acteurs d’entreprise sur ces différentes dimensions, plus particulièrement dans les plus petites structures. Les Aract et l’Anact peuvent être sollicitées dans ce cadre. Créer les conditions d’un dialogue équilibré entre direction et salariés, monter en compétences sur les impacts des transitions (écologiques, numériques, sociétales…), apprendre à concevoir, tester et évaluer collectivement de nouvelles organisations de travail, sont quelques pistes en ce sens.

Note  

  • [1] Système de travail soutenable : « un système qui doit être en mesure de reproduire et développer toutes les ressources, les composantes qu’il utilise » (Docherty, Forslin, Shani, 2002)

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