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TMS/Pénibilité: ensemble, analyser contraintes et ressources pour élaborer des solutions d’amélioration
Publié le 16/02/2015

A propos
Publié le 16/02/2015
L’entreprise de 95 salariés appartient à la division logistique d’une filiale du transport. Créée en 2003, elle a intégré en 2010 son site actuel à la suite d'une progression importante de son client principal. Le site compte trois clients et couvre pour ceux-ci l’ensemble des prestations logistiques des marques vers les points de vente en France et dans le monde. Elle traite pour son client principal l’approvisionnement de 220 magasins et 21 000 000 pièces dont 200 000 en e-commerce. La population est féminine à 65% avec un âge moyen de 35 ans
À la suite de plusieurs cas de restrictions médicales et à une augmentation des déclarations de maladies professionnelles (MP 57A) au sein de la population des préparateurs de commandes, l’entreprise a sollicité l’Aract Nord — Pas-de-Calais avec deux objectifs : trouver des solutions techniques sur les postes de préparation de commandes et mettre en place un projet TMS/pénibilité à moyen et long terme. Pour ce faire, la direction de l’entreprise a souhaité intégrer la formation-action prévention durable des TMS proposée par l’Aract. Cette action regroupe 7 entreprises.
La réussite de la démarche projet a été conditionnée par un fort engagement de la direction de l’entreprise qui a choisi de mettre en place un pilotage bicéphale (responsable et formateur sécurité) de prévention des TMS. Un mode projet qui mobilisé des moyens parfois conséquents. Avec l’appui du référent sécurité pour les différents sites logistiques de l’enseigne, le binôme a été chargé de constituer une équipe projet. En font partie: le directeur lui-même, le binôme de pilotage, un responsable d’exploitation, et 4 salariés polyvalents sur l’ensemble des secteurs de l’entreprise. La composition de ce groupe permet ainsi de couvrir l’ensemble des dimensions du projet: techniques, organisationnelles et sociales.
Si la communication auprès de l’encadrement a été assurée par le directeur, celle à l'attention de l’ensemble des salariés s’est faite lors des points sécurité par le responsable sécurité et l’encadrant. Pour faciliter la remontée d’informations, des relais ont été créés dans les différents secteurs. L’équipe projet ainsi que les relais sont sensibilisés à la définition des troubles musculosquelettiques et le processus de leur survenue en prenant en compte les trois dimensions biomécanique, cognitive et psychique du geste professionnel.
Les objectifs du projet TMS fixés par la direction et intégrés à la stratégie de développement de l’entreprise étaient vastes et ambitieux.
Un groupe de travail opérationnel formé de l’équipe projet (sans le directeur) a réalisé une analyse de données RH et de santé au travail avec l’aide du médecin du travail: nombre de plaintes TMS enregistrées, maladies professionnelles reconnues par service, données à suivre pour la CARSAT… Ce travail a abouti à la définition du périmètre d’étude et d’objectifs opérationnels avec des indicateurs de suivi sur le "picking" (l'opération qui consiste à prélever des articles dans des quantités spécifiées par la commande, de les rassembler et les emballer avant expédition au client).
Afin d’analyser les situations de travail, le groupe de travail a utilisé la technique de la vidéo. Ainsi, trois opératrices différentes ont été filmées dans leur activité de "picking". Le groupe a procédé à une discussion à partir des enregistrements pour identifier les problèmes reliés à l'activité de travail. Par la suite, le pilote a visionné les trois vidéos mais ses commentaires ont été nuancés ou précisés par les salariés eux-mêmes grâce à leur connaissance de leur propre travail. Il en est ressorti des questions d’organisation temporelle du travail impactant plus la dimension psychique du geste que la dimension biomécanique. La combinaison de l’observation de l’activité de travail avec l’utilisation de l’outil du réseau Anact-Aract « contraintes-ressources-régulations » a permis d’élaborer un plan d’action qui couvre les aspects techniques, organisationnels et humains.
Le plan d’action qui a été proposé à la direction par le groupe de travail regroupe des diverses solutions:
- réagencement des palettiers en supprimant le quatrième niveau, ce qui nécessite une réorganisation du travail dans un espace déjà contraint par une production en augmentation;
- préparation en amont des ouvertures de cartons afin de faciliter la préhension des grosses pièces;
- une évolution (avec l'aide du fournisseur) du système informatique mis en place il y a moins d’une année;
- enfin, une analyse rétrospective, par les responsables production, des pics d’activité sur les deux années précédentes. Une étude qui devrait permettre une meilleure anticipation et un lissage de la charge de travail sur l’ensemble des salariés afin de réguler au maximum les heures supplémentaires.
Des difficultés liées à des mutations de certains membres du groupe vers d’autres sites, une planification des temps de travail soumis aux fluctuations d’activité… autant d'événement qui ont fortement retardé le projet. Mais un an après son démarrage, l’entreprise souligne que l’implication des salariés dans la démarche permet de mieux comprendre leur travail, et que le croisement des idées des différents participants fait émerger des pistes d’action inattendues.
La direction veut pérenniser le groupe de travail et inscrire l’action dans la durée. Les outils fournis lors de la formation vont permettre d’identifier les risques sur les autres activités de l’entreprise. La démultiplication de la démarche va inscrire la prévention des TMS de façon durable.
Le fait d'intégrer le référent sécurité des différents sites dans le binôme chargé d'animer la démarche de prévention durable des TMS a été un signe fort de reconnaissance d'homme de "terrain", ce qui l'a légitimé pour mener le déploiement de la démarche sur d’autres sites.
Enfin, il faut souligner que l’implication des acteurs a été l’axe majeur travaillé dès le démarrage du projet.