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Sinistralité au travail : des tendances d’évolution différenciées selon le sexe

L'Anact actualise chaque année, depuis 2012, une analyse des accidents du travail, de trajet et des maladies professionnelles selon le sexe, réalisée à partir des tableaux statistiques de sinistralité de la CNAMTS. Cette étude quantitative met en lumière l’évolution sur 13 ans des écarts entre les femmes et les hommes en matière de santé au travail. Enseignements et préconisations.

Une photographie statistique sexuée par risque et par branche d’activité

La publication des tableaux statistiques de sinistralité des accidents du travail, maladies professionnelles et accidents de trajet pour l’année 2014 par la Caisse nationale de l’assurance maladie pour les travailleurs salariés (CNAMTS) donne l’occasion à l’Anact de mettre à jour la photographie statistique au regard du sexe qu’elle publie annuellement. Il s’agit d’une analyse de l’évolution des accidents du travail, de trajet et des maladies professionnelles depuis 2001 pour les femmes et les hommes et selon les branches d’activité. Cette étude met en évidence des différences d’évolution méconnues de la sinistralité au travail selon le sexe entre 2001 et 2014.

La baisse globale des accidents de travail avec arrêt depuis 2001 masque la hausse significative des accidents du travail pour les femmes

Si les accidents du travail avec arrêt baissent globalement entre 2001 et 2014, ils progressent pour les femmes. En 13 ans, les accidents du travail ont augmenté de 24,3% pour les femmes tandis qu'ils ont baissé de 28% pour les hommes.

En 2014, les accidents du travail concernent deux fois plus les hommes que les femmes. Les accidents du travail avec arrêt touchent nettement plus les hommes (65,5%) que les femmes (34,5%).

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les accidents de trajet avec arrêt en baisse pour les hommes, en progression pour les femmes depuis 2001

Le nombre d’accidents de trajet a diminué depuis 2001 pour les hommes et progresse pour les femmes. Entre 2001 et 2014, les accidents de trajet ont baissé de 14,9% pour les hommes et augmenté de 14,2% pour les femmes. En 2014 le nombre d’accidents de trajet des femmes dépasse légèrement celui des hommes aujourd’hui. Ils concernent un peu plus les femmes (53,8%) que les hommes (46,2%).

Les maladies professionnelles reconnues progressent près de deux fois plus rapidement sur la période pour les femmes que pour les hommes

Les maladies professionnelles reconnues ont fortement augmenté pour les femmes et les hommes (+131,7%) depuis 2001. Pour les hommes, on constate également une augmentation des maladies professionnelles (de 82,5%), sur la même période, moins forte que pour les femmes (+158,3%). Les maladies professionnelles reconnues concernent quasiment autant les hommes (51%) que les femmes (49%).

Les branches d'activités les plus accidentogènes en 2014

En 2014, les services de santé, nettoyage et travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation continuent à enregistrer le plus d’accidents de travail avec arrêt pour les femmes. Le BTP et les industries transports, eau, gaz, électricité comptabilisent le plus d’accidents du travail avec arrêt pour les hommes.



En 2014, les deux branches d’activité qui concentrent le plus d’accidents de trajet concernant des femmes sont les services, santé, nettoyage et travail temporaire et les secteurs de la banque, assurances et administrations. Pour les hommes, ce sont les secteurs des services, commerces et industries de l’alimentation et ceux de la santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire qui comptent le plus d’accidents de trajet.

En 2014, les branches d’activité qui totalisent le plus de maladies professionnelles pour les femmes sont encore les services, commerces, et industries de l'alimentation ainsi que les services, santé, nettoyage et travail temporaire. Pour les hommes, ce sont le BTP et la métallurgie.

Prendre en compte les conditions d’exposition différenciées des femmes et des hommes

C’est dans les secteurs à prédominance féminine en croissance d’effectif (le commerce non alimentaire, les activités de service, banques assurances, administrations, santé, nettoyage, travail temporaire) que l’on observe le plus grand écart entre les tendances d’évolution de la sinistralité pour les femmes et pour les hommes. L’Anact fait l’hypothèse que, depuis 2001, les femmes occupent des postes dont les activités sont exposées aux risques, et ce, dans des secteurs à prédominance féminine. Ces secteurs semblent insuffisamment identifiés et reconnus ; cela explique le manque d’adaptation et d’efficacité des politiques d’évaluation et de prévention des risques puisqu’elles, ne s’adressent pas aux femmes dans leurs emplois alors que c’est le cas des hommes.

La prise en compte des conditions d’exposition différenciées des femmes et des hommes permet de progresser dans l’évaluation et la prévention des risques professionnels. Les différences constatées en termes de sinistralité des femmes et des hommes renvoient pour une grande partie à une exposition différenciée liée à des secteurs et des métiers distincts.

En mobilisant ce regard différencié sur les situations de travail des femmes et des hommes, les politiques de santé et sécurité au travail pourraient faire progresser la prévention de la sinistralité pour toutes et tous au travers de pistes d'action préconisées dans la "Photographie statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France selon le sexe entre 2001 et 2014" réalisée par l'Anact.

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