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S'appuyer sur l'analyse de ses données sociales pour construire sa démarche de prévention de l'usure professionnelle

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Dans cette entreprise, la prévention de l’usure professionnelle devient un axe incontournable de la stratégie globale. Les propositions d’amélioration des situations de travail ont été construites par les salariés et les acteurs de la prévention, mises en débat puis traduites en actions concrètes et planifiées. Dont trois prioritaires : améliorer les postes de travail les plus pénibles, celle de l’organisation productive, et mettre en place une gestion des compétences et des parcours.

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Qui ? 

Cette entreprise du secteur de la plasturgie fait partie d’un groupe espagnol d’équipementier automobile. Elle fabrique des enjoliveurs de roue et s’oriente, dans un contexte très concurrentiel, vers la production de pièces complexes, à plus forte valeur ajoutée. L’usine compte 80 salariés, dont 60 travaillent dans les deux ateliers d’injection et de finition (peinture, assemblage, contrôle). La population des opérateurs est mixte, mais on observe une répartition sexuée de certains postes, surtout dans l’atelier finition.

Quel était le problème à régler ?  

La demande émane de la direction et du CHSCT. Elle porte sur la réalisation d’un diagnostic sur les conditions de travail. Elle fait suite à une grève des opérateurs et des techniciens de production, portant sur les salaires et les conditions de travail, et au renouvellement de l’équipe de direction. Elle s’inscrit dans un contexte d’absentéisme important et d’augmentation des restrictions d’aptitude. Pour la direction comme pour les représentants des salariés, le diagnostic doit aider à structurer une politique réaliste et durable d’amélioration des conditions de travail et de prévention de l’usure professionnelle.

Qu’ont-ils fait ?  

L'Aract Auvergne - Rhône-Alpes propose au CHSCT de réaliser ce diagnostic de manière paritaire et participative, en s’appuyant sur deux instances : un comité de pilotage (le CHSCT élargi) et un groupe technique composé de la responsable RH, de la responsable QHSE, des deux chefs d’ateliers et de deux représentants des salariés, dont le secrétaire du CHSCT. Ce groupe est chargé, avec l’appui de l’Aract, de réaliser une partie du diagnostic, centré sur les deux ateliers, d’identifier des pistes d’action et de présenter ses constats et propositions au comité de pilotage.



Le groupe technique mène un premier travail de repérage des enjeux « Conditions de travail et prévention de l’usure professionnelle », tant pour les salariés que pour la direction : nombreux problèmes de santé au travail, désorganisation des rotations préventives et de la production, difficultés croissantes de maintien en emploi, tensions relationnelles dans les équipes…



Au regard de ces enjeux, l’analyse des pratiques de l’entreprise permet au groupe de travail d’identifier des marges de progrès importantes et des premières pistes d’action : en matière d’évaluation des risques professionnels, d’analyse des inaptitudes, d’organisation de la production et du travail, de dialogue social et de gestion des parcours.



Avec l’appui technique de l’Aract Auvergne - Rhône-Alpes pour analyser ses données sociales, le groupe identifie les métiers et les catégories de salariés les plus concernés par les problèmes de santé au travail et les risques d’usure professionnelle. Dans les deux ateliers, on observe un vieillissement important et une ancienneté élevée : environ 2/3 des hommes en Injection ont plus de 50 ans et de 11 ans d’ancienneté. C’est le cas de presque 3/4 des femmes en Finition. Pour autant, les arrêts maladie longs concernent toutes les tranches d’âges. Les maladies professionnelles et les restrictions d’aptitude touchent davantage les opérateurs les plus âgés, mais elles se trouvent aussi chez les jeunes et dès 6 ans d’ancienneté. Les femmes sont surexposées aux maladies professionnelles et aux restrictions d'aptitude, principalement en raison des postes qu’elles occupent ou qu'elles ont occupés.



Enfin, la synthèse du point de vue des salariés des ateliers, réalisée par l’Aract, fait ressortir de nombreux points de tensions : désorganisation quotidienne de la planification, outil de production inadapté et dégradé, situations très fréquentes de débordement en Finition, nombreux postes décrits comme fortement pénibles, tensions relationnelles, absence de reconnaissance et de perspectives professionnelles …



Sur la base de ces constats, le groupe a élaboré un plan d’action de prévention de l’usure professionnelle et proposé des actions prioritaires sur trois sujets :

  • L’amélioration des postes de travail les plus pénibles, avec l’hypothèse de traiter deux situations par an, et la mise en place d’un système de remontée des problèmes et des situations à risques et de suivi des actions,
  • L’amélioration de l’organisation productive (approvisionnement, commandes, planification) en sollicitant un appui extérieur,
  • La mise en place d’une gestion des compétences et des parcours, avec un double objectif de reconnaissance et de prévention.
Pour quels effets ?  

La démarche a nécessité des moyens en temps relativement importants au regard de la taille et des pratiques habituelles de l’entreprise : implication du groupe technique dans le diagnostic et le plan d’action, navettes avec le CHSCT, présentation aux salariés, etc.

Elle a sans doute favorisé l’appropriation par les différents acteurs des éléments de diagnostic, qui révélaient pourtant une situation globalement très dégradée, et la mise en discussion des propositions d’action, y compris avec la direction du groupe espagnol qui est venue assister au dernier CHSCT.

Plusieurs décisions ont été d’ores et déjà été prises, y compris d’investissements matériels importants. L’entreprise a également prévu de solliciter un contrat de prévention de la Carsat et de travailler davantage avec les services de médecine du travail qui ont suivi l’intervention. Elle est aujourd’hui à la croisée des chemins : la situation économique plus favorable de l’établissement et les perspectives de développement de la production constituent un contexte porteur. Pour autant, le risque est grand que les nouveaux projets de production ne captent l’essentiel des ressources internes et ne fassent passer au second plan l’objectif de prévention de l’usure professionnelle.

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