Recréer du lien et renforcer les collectifs de travail grâce à l’Afest
Recrutement, cohésion, retour en présentiel, maintien des savoir-faire... autant d'enjeux RH de rentrée pour lesquels l’Action de formation en situation de travail (Afest) peut se révéler particulièrement utile. Sylvie Morin-Lagrange, Chargée de mission à l’Aract Bourgogne-Franche-Comté nous explique comment la mobiliser.
Actualité - Publié le 06 septembre 2021 - Modifié le 24 juin 2024
En quoi l’Afest est-elle une modalité de formation intéressante à mobiliser en cette rentrée ?
Dans le contexte actuel l’Afest peut se révéler très adaptée pour répondre au besoin de réapprendre à travailler ensemble, ou encore pour maintenir du lien entre des salariés en télétravail et d’autres sur le terrain. Cette modalité est l’occasion de retrouver des repères communs autour du travail et de repréciser des attendus qui ont pu évoluer pendant la crise. L’Afest peut aussi être une modalité de formation adaptée pour faciliter le retour en présentiel des salariés vulnérables sur le plan de la santé et si besoin les aider à se repositionner dans une organisation du travail modifiée, à l’execution de nouveaux process ou encore à se former à l’utilisation d’un nouveau logiciel par exemple.
Enfin, l'Afest reste bien sûr utile pour former les salariés déjà présents dans l’entreprise à de nouvelles missions, afin d’accompagner leur mobilité. C’est aussi un levier pour intégrer un nouvel arrivant en entreprise sur une activité donnée.
En quoi participe-t-elle à sécuriser le maintien des savoir-faire ?
La crise sanitaire a vraiment mis en lumière que la performance de l’entreprise, la qualité de service, pouvaient parfois reposer sur quelques salariés détenteurs de vrais savoir-faire dits « d’expérience » qui n’avaient pas forcément été identifiés avant. Si ceux-ci sont contraints de s’absenter ou viennent à quitter l’entreprise, les conséquences peuvent être importantes aussi bien du côté des salariés (perte de repères, impact sur les collectifs de travail) que pour l’entreprise (perte de compétences, impact sur la performance…).
Le repérage et la transmission des savoir-faire d’expérience au sein de l’entreprise sont donc des éléments stratégiques. L’Afest permet justement de travailler sur des situations de travail « critiques », stratégiques, et d’anticiper en formant de nouveaux salariés ou des collègues à ces savoir-faire d’expérience. Cela permet également de reconnaître les salariés porteurs de ces compétences.
Y at-il des conditions à respecter pour que l’Afest tienne ses promesses ?
Il faut au préalable bien définir collectivement ce qu’est une Afest et le partager en interne. Il convient ensuite de bien la préparer. Comme c’est une formation ancrée sur le travail réel, il faut analyser le travail en amont. Pour cela, il faut identifier quelle est la situation de travail concernée, quelles sont ses étapes de réalisation, dans quel environnement, quels résultats sont attendus et quelles en sont les difficultés. Cela doit évidemment se préparer avec les salariés qui connaissent et réalisent ce travail. Il faut aussi savoir prendre son temps et ne pas confondre les temps d’échange sur le travail (séquence réflexive) et les temps d’évaluation. Enfin, il est important de reconnaître les savoir-faire des salariés, même ceux qui ne sont pas visibles d’emblée.
Et concrètement, comment cela se passe ?
Prenons l’exemple d’une personne recrutée dans un supermarché en tant qu’employée libre-service. On peut lui demander dans le cadre d'une Afest, lors de la mise en situation, de mettre des produits en rayon. Comme nous sommes au cœur du supermarché et ‘‘in-situ’’, elle pourrra être interrompue par des clients qui vont la questionner sur des références produits. Cela va non seulement lui permettre de travailler sur comment s’organise concrètement la mise en rayon dans ce magasin, mais aussi sur comment s’appréhende la relation client et quelles ressources sont mobilisées pour y répondre.
Dans la séquence réflexive, le formateur pourra lui demander : comment avez-vous procédé ? Qu’avez-vous repéré et pris en compte ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Et si c’était à refaire, procéderiez-vous de la même façon ? De quoi auriez-vous besoin ? Lors de la séquence réflexive, le formateur aide la personne formée à « refaire le film » de l’activité, à être guidée dans sa réflexion pour mieux se repérer et ancrer les apprentissages.
En savoir plus
L’Action de formation en situation de travail (Afest) est une modalité de formation ‘‘in situ’’, elle se prépare et se réalise au cœur du travail et de l’entreprise. A la différence des formations entre pairs ou "sur le tas", elle implique de formaliser la démarche et notamment d’aménager les situations de travail à des fins pédagogiques. Elle se caractérise par une alternance de phases durant lesquelles le salarié apprenant est mis en situation réelle de réalisation du travail et de phases de prise de recul (appelées phases réflexives) pour permettre au salarié, avec l’aide de son formateur, de faire l’expérience du travail et de transformer cette expérience en compétence.