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Réaménager l’outil de travail pour prévenir l’usure professionnelle : une stratégie pour maintenir en emploi les salariés vieillissants

Cas entreprise Mecabourg

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Comment s’y prendre pour maintenir en emploi des salariés vieillissants et organiser la transmission de leur savoir-faire aux plus jeunes ? Cette question, des responsables d’entreprise se la posent de plus en plus à l’aune de leur situation propre sociale, économique et financière, mais aussi en fonction de leur politique de gestion des ressources humaines. Car dans certains secteurs d’activités, et souvent les moins attractifs, les nouvelles recrues ont du mal à s’engager durablement, entre autres parce que les conditions de travail sont difficiles.<br> Pour les directions d’entreprise, il faut tout faire pour fidéliser ceux qui sont là depuis un certain temps et inscrire dans leur stratégie l’amélioration continue des conditions de travail, en particulier celles des seniors.

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Qui ? 

Cette entreprise adaptée de 50 personnes, historiquement centrée sur les activités espaces verts et conditionnement chez le client dans l'industrie (notamment dans l'automobile, la pétrochimie et l'aéronautique), a souhaité développer une autre activité plus "douce" pour ses salariés vieillissants (de plus de 40 ans en majorité). Le secteur du handicap n'est pas exempt de contraintes physiques ! Constatant donc des signes d'usure professionnelle, l'entreprise a cherché à en limiter les effets en étant en capacité de proposer une fin de parcours professionnel mieux adaptée.

Quel était le problème à régler ?  

L'atelier dédié à cette nouvelle activité de tri de papiers/cartons n'offre pas encore des conditions très satisfaisantes. Le papier est collecté dans des conteneurs que les salariés vident manuellement, ce qui pose problème en arrivant au fond… La collecte des cartons n’est pas non plus mécanisée, et les cartons sont donc manipulés à de multiples reprises. Aussi l'entreprise décide de se faire accompagner dans le réaménagement de l'atelier, à la fois dans une perspective de croissance potentielle de l'activité (qui doit se développer), et pour préserver la santé des salariés.

Qu’ont-ils fait ?  

L'idée, dans une démarche de conception ou de reconception d'un lieu de travail, est d'abord de comprendre comment fonctionne le travail actuel et quels sont les besoins des salariés pour que cela fonctionne bien; il s'agit également de comprendre comment l'entreprise a prévu de conduire le projet. Certes, un regard expert est sans doute nécessaire pour aider l'entreprise a identifier son propre fonctionnement et savoir regarder le travail, mais parallèlement sa participation et son implication dans le projet sont obligatoires: car elle seule peut déterminer ses objectifs et les choix finaux qui lui correspondront, et aucun expert ne remplacera la connaissance du travail par les salariés eux-mêmes.

Au démarrage, et dans ce cas précis, c'est surtout l'intervenant qui se charge d'observer et comprendre le travail. Comme dans beaucoup de PME, il n'y a pas forcément de ressource sur place qui puisse prendre en charge cet aspect, mais les remontées des observations du travail réel contribuent à faire évoluer cette compétence dans l'entreprise. Ainsi, personne ne se doutait de la pression vécue par certains salariés pour vider les bennes de papier, une pression liée à leur préoccupation de s'assurer que pour la collecte du lendemain il y ait suffisamment de bennes vides disponibles. Car lorsque ce n'était pas le cas, et bien qu'il n'y ait aucun rythme imposé par les engins, cette situation engendrait de fait une accélération des gestes qui commençait à engendrer des TMS des membres supérieurs.

En amont, le délégué du personnel avait pu recueillir les informations sur la santé musculosquelettique des salariés en utilisant un simple schéma de silhouette humaine, permettant à ce public souffrant de handicap psychique léger d'indiquer facilement les zones douloureuses rapportées à leur propre corps.

Une équipe de 6 personnes a également été mise à contribution pour répertorier les variations rencontrées dans les situations de travail (ex : différentes modalités de collecte chez le client, différents modes de tri du papier…) ainsi que les aspects négatifs et positifs rencontrés dans chaque cas, et leur traduction en repères de conception pour le futur (ex.: ne plus vider les bennes manuellement). Mais il fut difficile aux membres de l'équipe, ayant peu l'habitude d'exprimer leurs besoins, d'oser proposer de réels changements. La volonté de la direction de faire évoluer la situation et la présence d'une compétence en santé au travail ont alors été déterminantes pour que des transformations soient réellement envisagées.

Rapidement au cours du projet est apparu le besoin d'un autre apport de compétences extérieures pour la recherche de solutions techniques concrètes, vu la complexité et la variété des choix possibles. Un bureau d'étude a donc été sollicité pour approfondir et étudier au plan technique les idées de solutions qui émergeaient.

Des simulations du travail futur ont été réalisées, à la fois sur plan et sur logiciel de simulation de flux, afin d'anticiper le fonctionnement futur. L'entreprise a ainsi pu visualiser sa capacité future de traitement du flux de bennes de papier et cartons, et réfléchir à l'organisation des zones de travail. La simulation avec les salariés a fait apparaître un besoin essentiel : celui d'une zone de stockage pour des containers vides, à remplir lors du tri. Le mode opératoire actuel étant inverse, ce besoin n'était pas apparu jusqu'à ce que l'on fasse dérouler étape par étape le travail futur et qu'une salariée fort logiquement demande où elle prenait le prochain container vide. On aurait donc dans ce projet, fait une grosse erreur d'évaluation de l'espace nécessaire sans cette simulation !

Pour quels effets ?  

L'entreprise s'est de plus en plus impliquée au fil du projet et a mis en place progressivement les transformations définies (chariot muni de basculeurs pour vider les bennes, collecte des cartons avec échange benne pleine/vide plutôt que vidage de chacune…). La dernière phase, en cours, est la réalisation sur mesure d'une table de tri; il reste à la doter d'un système de descente du papier qui est encore à l'étude.

Les principales sources de postures pénibles et de nombreuses manutentions ont ainsi disparu. Le choix de solutions a tenu compte également de ce qui faisait sens pour les salariés: voir l'avancée du travail en évitant d'avoir un flux constant de papier sans fin, tout en réduisant le facteur de stress "disponibilité des bennes vides" puisque celles-ci sont à présent vidées avant le tri; le travail de tri est maintenant déconnecté de ce facteur.

Parallèlement, les investissements consentis sont également favorables au développement économique de l'entreprise, puisqu'ils permettent aussi d'absorber une croissance d'activité en rendant le travail possible à plus de salariés simultanément.

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