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Quel travail dans 10 ans ?

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Dans le cadre des travaux engagés par France Stratégie, l'Anact a produit une note sur les transformations du travail, ses conditions et la protection des actifs pour la décennie 2017-2027. Les choix opérés en matière d’organisation du travail et l’usage des outils numériques seront déterminants pour construire un monde du travail soutenable…ou non.

Pour éclairer les enjeux de la prochaine élection présidentielle et, au-delà, ceux de la décennie à venir, France Stratégie, organe de stratégie et de prospective placé auprès du Premier ministre, a lancé le projet « 17-27 ». Douze thématiques (croissance, emploi, Europe, éducation, etc.) ont été sélectionnées. Pour chacune d’elles, des contributeurs –politiques, syndicalistes, experts,…- fournissent une analyse des grandes tendances et proposent un examen des options possibles pour outiller les politiques publiques de demain. L’Anact a contribué à la thématique « Nouvelles formes du travail et de la protection des actifs ». Dans un contexte de développement des alternatives au salariat – auto-entreprenariat, ubérisation,…-,  il s’agit en effet de réfléchir à une nouvelle protection sociale et aux moyens de la financer. La note produite par l’Anact a ajouté la dimension « conditions de travail » et revient, dans une première partie, sur les transformations majeures qui se sont produites depuis 20 ans dans le travail. « Ces transformations ne sont pas neutres d’effets sur les conditions de travail et sur la santé des salariés. L’enjeu est majeur dans un contexte à nouveau marqué par une intensification du travail et par le vieillissement de la population active. Agir pour la prévention des risques, en privilégiant la prévention primaire et l’action sur les organisations du travail, c’est protéger les gens aujourd’hui et réduire les coûts de la réparation à prendre en charge par la protection sociale demain », explique Frédéric Dumalin, responsable du département « Etudes, capitalisation, prospective » de l’Anact, qui a coordonné la note pour France Stratégie.

 

Evolutions organisationnelles et numériques

Dans sa deuxième partie, plus prospective, la note pointe deux tendances majeures : la poursuite des transformations organisationnelles et la poursuite de l’utilisation des évolutions des technologies numériques dans un nombre croissant de secteurs d’activités.

La première tendance s’inscrit très souvent dans une perspective de rationalisation avec une recherche de réduction de consommation des ressources et de maximisation de la productivité. Les enquêtes sur les conditions de travail, en France et en Europe, soulignent des effets en matière d’intensification du travail avec des impacts décrits sur la santé physique comme mentale des salariés. Mais ces transformations peuvent aussi favoriser la possibilité de faire un travail de qualité source d’efficacité pour tous ou encore permettre de réduire certaines pénibilités. « Tout dépendra de la manière de penser ces évolutions organisationnelles, de la prise en compte des effets en situations réelles de travail », indique la note.  

L’usage croissant des technologies numériques met en relief des effets sur des registres variés. Dans plusieurs secteurs ou pour certaines catégories de salariés, elles transforment les façons de travailler, modifient les relations au travail, au temps et à l’espace avec une intrication plus forte entre la sphère professionnelle et la sphère privée, transforment les relations entre les individus au travail au sein de collectifs dont le périmètre évolue.

La transformation numérique favorise aussi de nouvelles formes d’entrepreneuriat qui re-questionnent le rapport au droit du travail, réinterrogent par exemple la relation de subordination pour des travailleurs qui ne relèvent  plus seulement du salariat. De nouvelles formes de modalités de représentation collective sont à inventer.

 

Pas de déterminisme

Les technologies numériques comme les nouvelles formes d’organisation ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi. Par exemple, les nouvelles interfaces hommes machines peuvent conduire à de fortes suggestions (suivre des instructions ou des scripts dictés par une machine ou un logiciel) ou au contraire favoriser les coopérations à distance entre opérateurs n’appartenant pas forcément à la même entreprise, dans une perspective de coopération apprenante ou encore venir réduire certaines pénibilités.

Toutes ces évolutions ne présagent donc en rien de leur impact sur les entreprises et les salariés. « Il n’y a ni déterminisme organisationnel, ni déterminisme technologique. Seuls les choix qui se font à l’échelle de l’entreprise feront la qualité du travail de demain. On voit bien se dessiner deux options : une hyper standardisation des activités ou, au contraire, des marges de manœuvre et plus d’autonomie rendue possible par l’accès plus fluide à l’information », estime Frédéric Dumalin.

Et puisque rien n’est écrit a priori, il préconise que ces sujets soient discutés dans l’entreprise en associant tous ceux qui sont directement concernés.

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