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Prévention des risques professionnels: un projet vital à mettre en scène

Cas entreprise Mecabourg

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On définit généralement l’entreprise comme une entité institutionnelle dont le but est de produire et de fournir des biens ou des services à des clients ou usagers. Puis on les classifie par taille, par secteur économique ou par branche et secteur d’activité. Mais en tout état de cause, on se la représente souvent comme plus ou moins pérenne. Or il est des activités qui ne naissent et ne se structurent que le temps de leur réalisation. Il en est ainsi des métiers du spectacle vivant qui, de par leur caractère apparemment éphémère, se concentrent exclusivement sur le projet artistique, et se préoccupent très peu des conditions de travail des salariés à majorité intermittents.<br> Cette intervention met le projecteur sur ce monde particulier à l’occasion de la construction et de la mise en œuvre d’une démarche de prévention des risques professionnels.

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Qui ? 

Cette association existe depuis 10 ans et développe plusieurs activités dans le secteur des musiques actuelles : organisation annuelle d’un festival de musique, dispositif d’accompagnement de jeunes groupes et plateforme dédiée aux cultures urbaines. Pilotée par un conseil d’administration composé de bénévoles, l’association emploie 2 salariés permanents, un directeur et un administrateur, ainsi que des salariés intermittents et des prestataires pour chaque édition du festival (régisseur général, chargés de production, de médiation et de communication, conseillers artistiques, techniciens).

Quel était le problème à régler ?  

Les professionnels du secteur du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel ont créé en Languedoc-Roussillon une commission régionale sur l’hygiène, la sécurité et les conditions de travail (HSCT) qui a pour objectif de mettre en place une politique de prévention permettant de préserver la santé et la sécurité des salariés. Pour mieux comprendre les problématiques de risques professionnels et de conditions de travail et pour orienter ses actions, la commission a souhaité s’appuyer sur des expériences concrètes de structures régionales du secteur. L’intervention dans cette association s’inscrit dans ce cadre ; elle a concerné plus particulièrement l’activité du festival et a été réalisée avec une intervenante du Centre médical de la Bourse (CMB), service de santé au travail dédié aux salariés intermittents, également partenaire du projet régional.

Qu’ont-ils fait ?  

L’intervention de l’Aract avait 3 objectifs:

1)- Comprendre l’organisation du festival dans ses différentes phases, les activités inhérentes au festival (préparation, mise en place des partenariats, programmation, promotion, activités administratives, montage technique, production, bilan de l’édition), les différents métiers présents et l’articulation entre eux, les conditions de travail des salariés (permanents et intermittents) ainsi que les risques auxquels ils sont exposés.

2)- Aider l’association à engager une démarche d’évaluation et de prévention des risques professionnels.

3)- Alimenter les travaux de la commission régionale.

La démarche engagée s’est faite sur la base d’entretiens avec les différents acteurs du festival (directeur, administrateur, présidente, régisseur, techniciens, artistes, etc.), d’observations pendant des temps-clés (réunions de programmation, de bilan, accueil des bénévoles, préparation et mise en œuvre d’un concert), d’analyse de données et documents et d’une restitution de l’intervention avec les acteurs du festival. De cette intervention, plusieurs enseignements ont été tirés:

- La prévention des risques professionnels des acteurs du festival se construit bien en amont des temps de spectacle, dès le bilan réalisé sur l’édition précédente et la programmation des lieux, des concerts, des artistes, le choix des partenariats, des moyens humains et techniques.

- La préparation du festival est donc un temps-clé de la prévention, il s’agit là d’anticiper sur les conditions de réalisation du festival et des aléas probables qui vont être rencontrés. Des pratiques favorisent cette anticipation : la visite préalable des lieux de spectacle, la constitution d’une équipe expérimentée, l’accueil des bénévoles, la régulation collective à travers les réunions de programmation, l’articulation entre les activités artistiques, techniques et administratives.

- La nature des partenariats entre le festival et les lieux de spectacle (mise en disposition, co-réalisation, location, etc.) a un impact sur les conditions d’exposition aux risques des acteurs du festival : entre lieu conçu et dédié au spectacle ou non, présence de techniciens de la salle ou non, équipements en adéquation avec les besoins du spectacle, etc.

- Le festival a plusieurs acteurs-clés en matière de prévention: la présidente et le directeur pour leur volonté d’agir, l’administrateur pour le lien entre technique et administratif, et le régisseur général pour son activité d’organisation, de constitution de l’équipe, d’articulation entre les besoins artistiques et les moyens humains et techniques.

- Des outils disponibles dans le secteur peuvent contribuer à la prévention: la charte de partenariat avec les salles et d’engagement avec les bénévoles, la fiche technique, par exemple; ces outils pourraient être des supports de sensibilisation ou encore préciser les conditions de prévention convenues collectivement.
- La prévention doit prendre en compte plusieurs dimensions : le cumul d’activités propre au statut de salarié intermittent (cumul de risques dont certains sont à effets différés, enchaînement des spectacles, phénomène d’usure professionnelle), le cumul de risques lié à une co-activité permanente, la nécessité d’avoir une approche globale de la prévention intégrée au travail. En effet, si les risques de chutes de hauteur, de manutentions, routiers ou encore électriques sont présents et nécessitent des actions d’ordre technique et de formation, la réflexion sur l’organisation du travail, le fonctionnement du collectif de travail et la préparation du travail représente une opportunité d’amélioration importante.

Pour quels effets ?  

Les structures du spectacle vivant sont concernées par les obligations en matière de prévention. Or, si la sécurité du public est une préoccupation permanente, les questions de prévention et de conditions de travail des salariés sont moins prises en compte au quotidien. La première raison à ce constat peut se résumer dans la formule suivante: «The show must go on» ; le projet artistique avant tout, même parfois au détriment de la santé et des conditions de travail. Deuxième élément, le modèle économique du secteur qui tend de nombreux projets en termes d’organisation, de ressources, de moyens et qui nécessite d’impliquer les financeurs et les donneurs d’ordres sur les conditions de prévention des salariés lors des spectacles. Enfin, les outils classiques de la prévention (Document Unique, plan de prévention, etc.) et plus globalement des ressources humaines (fiches de poste, livret d’accueil des nouveaux, etc.) ne sont pas encore très répandus au sein des structures du secteur du spectacle vivant, des structures qui se caractérisent par leur très petite taille et leur aspect éphémère. En cela, les actions de la commission régionale HSCT seront un appui important.

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