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Prévenir l’usure professionnelle en entreprise, un défi de management responsable

La Réunion

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Région
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Effectif
Dans cette entreprise, l’état des lieux partagé révèle une augmentation des restrictions d’aptitudes chez certains salariés, particulièrement ceux travaillant sur des postes usants. Mais au-delà, plusieurs enjeux ont été identifiés autour de cette thématique du vieillissement de la population et de ses effets sur la performance : le maintien en emploi des séniors, la diminution de l’absentéisme qui est un coût pour l’entreprise et pour les salariés, et la prévention de l’apparition de pathologies.

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Qui ? 

Cette société à responsabilité limitée, en activité depuis 17 ans, est spécialisée dans le secteur d'activité de l'entreposage et du stockage non frigorifique. Son espace de production, un entrepôt, appartient à un groupe créé en 1993 qui gère aujourd’hui 13 magasins. L'effectif de l'entrepôt est de 85 salariés répartis entre les activités de logistique et de transport. 

Quel était le problème à régler ?  

Lors de l’analyse de la demande, plusieurs sujets sur lesquels le groupe souhaite un accompagnement nous ont été présentés par le service RH. Deux axes majeurs de travail sur les trois années à venir ont été définis et portent sur la culture de management et la responsabilité sociale des managers. Il ressort également un besoin d’amélioration des conditions de travail au niveau de l’entrepôt, dans lequel des restrictions d’aptitudes sont prononcées et qui présente des postes usants et un personnel vieillissant. Après analyse de la demande et échanges avec les différents acteurs sur ses priorités, il a été décidé que l’accompagnement porterait sur la thématique de la prévention de l'usure professionnelle au niveau de l'entrepôt.  

Qu’ont-ils fait ?  

L'accompagnement proposé par l’Aract Réunion vise à repérer les principales difficultés rencontrées par les salariés de l'entrepôt dans la réalisation de leur travail et identifier les facteurs d'usure professionnelle. 

Dès l'initiation de la démarche, il était important d'élargir les représentations des acteurs sur l'usure professionnelle. En effet, l'usure peut concerner tous les âges, et pas seulement les salariés les plus âgés ou anciens, et se manifester au travers de divers symptômes : physiques (TMS, cancers professionnels…), cognitifs (troubles de la mémorisation…), psychiques (démotivation, dépression...). Il était également important de préciser que prévenir l’usure professionnelle nécessite de raisonner dans le temps sous l’angle des contraintes de travail et au regard du parcours professionnel des salariés. 

À partir d'une démarche participative associant, au travers d'entretiens collectifs ou individuels et d'observations du travail, un diagnostic a été réalisé qui a permis d'identifier les différents facteurs pouvant être à l'origine d'une usure des salariés liée au travail. Les informations issues des observations et entretiens ont également été complétées par une analyse des données RH (absentéisme, turn-over), santé (accidents du travail, maladies professionnelles, plaintes de douleurs…) et de production par type de population (âge, ancienneté, sexe…) et/ou par poste, par service. 

Ce diagnostic a permis de dégager des éléments communs à plusieurs métiers de l'entrepôt et d’autres plus spécifiques. Ainsi caristes, préparateurs, agents de quai sont tous mis en difficulté en raison de trous présents à plusieurs endroits du sol de l’entrepôt ; le nombre de machines et les pannes fréquentes nécessitent un prêt de machines des contrôleurs ou agents de quai pour les préparateurs (activité prioritaire), ce qui engendre pour ces premiers un sentiment de ne pas pouvoir bien faire leur travail ; ou encore préparateurs et dépoteurs sont tous soumis à des postures contraignantes liées à la préparation et au filmage des palettes au niveau du sol. D'autres éléments sont quant à eux spécifiques à certains métiers : ressortent ainsi pour les dépoteurs des problématiques de manutentions supplémentaires dues à l'empotage des containers ou encore à des emballages de mauvaise qualité qui demandent du tri supplémentaire; ou encore des commandes constituées d’une petite quantité d’un nombre important de références, qui rendent plus contraignant physiquement et psychologiquement le travail des préparateurs. 

L'ensemble du diagnostic réalisé a ensuite été restitué au groupe paritaire (direction, IRP, managers) constitué dans le cadre de l'intervention. L’accompagnement ne visait pas à proposer des solutions toutes faites, mais à permettre une approche concertée des problématiques grâce au partage du diagnostic par les différents acteurs de l’entreprise. Le diagnostic, présenté sous une forme schématique représentant le lien de cause à effet entre « Facteurs », « Activité de travail » et « Effets », a permis de rendre concrets pour tous les éléments présentés et d’ancrer les échanges dans la réalité du travail. 

Des pistes d'action ont été dégagées qui se répartissent en deux catégories : agir sur les situations de travail et l’organisation du travail (en supprimant ou réduisant les contraintes de travail et en aménageant l’organisation du travail) et agir sur les parcours professionnels. 

Concrètement pour l’entrepôt, les pistes d’action se situent sur des dimensions variées telles que les outils techniques et l’espace de travail (réparation du sol, état des lieux du fonctionnement des chariots et transpalettes…), les relations fournisseurs (empotage des containers, diminution des hauteurs de palettes, regroupement des colis identiques, amélioration de la qualité de certains emballages…), les relations magasins (favoriser les commandes en volume plus important) mais aussi des actions autour de l’évolution professionnelle (identifier les freins à l’évolution professionnelle du côté des salariés, favoriser la connaissance des métiers via des missions ponctuelles, permettre au salarié en difficulté de faire évoluer ses fonctions par un poste 50% production 50% administratif, par exemple…) et sur le rôle du CHSCT (une instance-clé de la prévention de l’usure et des risques professionnels, y faire un point régulier sur les reclassements, construire et suivre des indicateurs d’alerte, tourner entre magasins et entrepôt quant au lieu des réunions…). 

 

Pour quels effets ?  

La démarche participative mise en place au travers des entretiens et des observations du travail a permis aux salariés d’exprimer leur point de vue sur les éléments pouvant provoquer de l’usure professionnelle et de prendre du recul sur leurs propres situations de travail. Étant donné l’enjeu autour de l’absentéisme dans l’entreprise, le travail d’élargissement des représentations quant à l’usure professionnelle était nécessaire : en effet l’usure physique mais également l’usure psychologique peuvent, toutes les deux, mener à une problématique d’absentéisme. 

Le diagnostic a été partagé par les différents acteurs du groupe paritaire. Sur certains sujets, une confrontation des points de vue entre direction et représentants des salariés a eu lieu ; elle a permis à chacun de prendre connaissance des contraintes existant de part et d’autre et d’engager des échanges très constructifs. 

Certaines actions ont été engagées rapidement, d’autres seront intégrées à un plan d’action échelonné sur le moyen ou long terme. 

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