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Maintien à domicile : de l’importance de la qualité des relations entre intervenants et proches-aidants

Réalisations et projets - Publié le 19 mai 2022 - Modifié le 18 juin 2024

De plus en plus de personnes sollicitent un service d’aide et d’accompagnement à domicile. Dans un secteur d’activité où les métiers pâtissent d’un manque d’attractivité, il s’agit pour cette fédération d'aide à domicile d’expérimenter une nouvelle manière de travailler la coopération entre professionnel et proche aidant pour améliorer la qualité de vie au travail des salariés et contribuer ainsi à la prévention des risques psychosociaux et à la fidélisation de son personnel.

Qui?

Cette association loi 1901 qui existe depuis 1945 et qui a pour mission de maintenir les personnes âgées, dépendantes et/ou handicapées à leur domicile dans les meilleures conditions possibles. La fédération départementale soutient 54 associations locales gérée par des bénévoles et employant de 30 à 50 salariés intervenant sur un territoire. Chaque structure est un Service d'Aide et d'Accompagnement à Domicile. Il est dit « prestataire » car en tant qu’employeur, il met du personnel à disposition de la personne.

Les missions couvrent des prestations de services ménagers, d'aide à la personne pour les activités ordinaires et les actes essentiels de la vie quotidienne (l’entretien du logement et du linge, la préparation des repas, les courses, l’aide à la toilette, à l’habillage et au déshabillage). Deux associations ont participé à l’expérimentation : la première emploie 55 salariés (21,53 ETP) et la deuxième 46 salariés (24,45 ETP).

Cette expérimentation a été conduite dans le cadre du projet « Coop-aidants » qui a mobilisé d'autres fédérations et association en région Aract Auvergne—Rhône-Alpes.

Quel était le problème à régler ?

Dans le maintien à domicile, les relations entre intervenants et proches-aidants jouent un rôle important. Elles contribuent à la fois à la qualité des conditions de réalisation du travail des professionnel(le)s et à la qualité de l’accompagnement de la personne aidée. Ces échanges doivent permettre notamment de clarifier le rôle et la place que chacun peut tenir vis-à-vis de la personne dépendante pour tendre vers de la coopération. Si des sujets demeurent non abordés, si des dimensions ne sont pas prises en compte de part et d’autre, des tensions surviennent et peuvent entraîner des risques psychosociaux et de l’absentéisme.

Qu’ont-ils fait ?

Une expérimentation collective conduite sur 6 mois

L’expérimentation a été pilotée et coordonnée par la responsable de service de la fédération départementale, en collaboration étroite avec les présidentes des deux associations et l’accompagnante de proximité́ et coordinatrice de secteur. Les intervenantes à domicile ont été associées aux différentes étapes — diagnostic, ingénierie de l’expérimentation, réunion d’information-sensibilisation, espace de discussion, bilan.

Étape 1 : Analyser les relations lors du processus d’accompagnement

Il s’agit de dérouler les différentes périodes d’une prise en charge au sein de la structure — en amont de l’intervention et pendant l’intervention — et de repérer à quels moments les protagonistes ont l’occasion d’échanger, les sujets qu’ils abordent ensemble et les impacts au niveau des conditions de travail.

L’existant :  La relation béneficiaire - proche-aidant et service d’aide à domicile se construit essentiellement avant la mise en place des interventions. Dans le cadre du plan d’aide, un responsable référent se rend au domicile pour présenter le service, le rôle des professionnels et recenser les attentes et les besoins. Si la présence des proches-aidants est souhaitée, ils ne sont pas toujours disponibles. Le responsable élabore le projet d’accompagnement personnalisé. Les aides à domicile ou auxiliaires de vie sociale (AVS) débutent leur prestation. Elles rencontrent parfois le ou les proches-aidants. Elles peuvent réexpliquer leur rôle et leur mission et repérer de nouvelles attentes. Le projet d’accompagnement est alors ajusté et validé. Il fait l’objet d’un suivi et d’une mise à jour une fois par an. Pour ce faire, l’intervenante référente fera un point avec la personne aidée, parfois en présence du ou des proches-aidants.

Ce que cela révèle sur la relation : Entre les proches-aidants et les professionnels, la coopération s’organise autour du projet commun d’accompagnement ou de vie de la personne dépendante. Selon les situations, proches-aidants et professionnels ont plus ou moins l’occasion de se rencontrer et d’échanger sur leur rôle et attentes. La relation est complexe. Dans certains cas, elle ne permet pas de construire la coopération. Des « zones d’ombres » peuvent subsister « notamment sur le rôle et la place de chacun ».

Étape 2 : Concevoir l’expérimentation.

Une réunion associant les pilotes de l’action, l’Aract et des professionnels des 2 SAAD est organisée pour définir les objectifs et les modalités de l’expérimentation : mieux partager des repères sur les enjeux de la coopération entre professionnels du SAAD et proche-aidants. Proposer et organiser un espace de discussion entre professionnels et proches-aidants volontaires pour faire un point d’étape autour du projet de vie personnalisé. Chaque structure repère 3 à 4 situations où les aidants familiaux pourraient être associés à la construction ou au bilan du projet personnalisé.

Étape 3 : Information-sensibilisation.

Une réunion par S.A.A.D réunit proches-aidants, bénévoles et professionnels. Un des points-clés de cette étape a consisté à faire prendre du recul aux parties prenantes sur de ce qui se joue à travers la relation et qui renvoie à la fois à la sphère privée — place dans la famille, relation avec la personne aidée, disponibilité, état de santé — et à la sphère professionnelle — cadre de travail, horaires, besoin en matériel. Cette distanciation été facilitée par l’utilisation d’une vidéo réalisée dans le cadre du projet « coop-aidant » et présentant des témoignages d’intervenants et de familles sur leurs ressentis.

Étape 4 : espace de discussion.

Au final, 4 temps d’échange d’une heure chacun ont pu être animés par la responsable de secteur, certains proches-aidants s’étant désistés faute de temps ou par crainte de trop s’exposer. Avant de se réunir avec le proche-aidant, l’intervenante référente a pris le temps de parler du projet avec la personne aidée et de faire un point avec elle sur ses attentes.

Étape 5 : Bilan.

Du point de vue des professionnels, ces séances ont favorisé la Qualité de Vie au Travail dans le sens où elles ont permis de parler du travail réalisé au domicile, de préciser ou confirmer le rôle et la place de chacun, de mieux prendre en compte les caractéristiques et attentes de part et d’autre et, par conséquent, de dénouer des tensions relationnelles qui avaient pu s’installer au fur et à mesure des interventions. Pour certaines situations, les proches-aidants se sont ouverts sur l’histoire familiale, ce qui a permis aux professionnels de comprendre certaines réactions des personnes aidées ou aidantes. Des salariés ont également mieux pris conscience du rôle des proches-aidants.

Du point de vue des proches-aidants, cela a permis de se rendre compte que les protagonistes accompagnant la personne aidée partageaient un cadre commun et visaient le même objectif : favoriser son autonomie. Ce temps de régulation a permis de valoriser la coopération en repérant la complémentarité des compétences apportées par chacun.

 

Pour quels effets ?

Le bilan de l’expérimentation réalisé en janvier 2020 est globalement positif : « On gagnerait du temps et on améliorerait nos conditions de réalisation du travail si l’on pouvait organiser cela tout le temps ». 

Les structures identifient des suites à l’expérimentation comme pérenniser cette modalité de travail en la déployant sur d’autres projets personnalisés, organiser un temps d’échange annuel avec le proche-aidant pour les situations où il y a beaucoup d’intervenants et où l’accompagnement est de longue durée, repérer et échanger collectivement sur des problématiques rencontrées quotidiennement par les intervenants à domicile pour se rassurer et sécuriser ses pratiques

La fédération pointe cependant des freins liés aux temps nécessaires à l’organisation des espaces de discussion difficilement compatibles avec les plannings très tendus. Il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire à la préparation, à l’organisation et à l’animation de ces temps de régulation pour qu’ils portent leurs fruits. Les bénéficiaires sont souvent en situation fragile et il faut intégrer la gestion des aléas. Les intervenants à domicile manquent d’heures financées hors temps d’intervention.

Ces derniers points renvoient à la nécessité de mieux prendre en compte et valoriser les compétences développées par les professionnels et par les structures du SAP pour renforcer la coopération. Aux dires des professionnels ayant participé au projet Coop-aidant, cette question mériterait également d’être davantage abordée en formation afin que les intervenants soient mieux outillés et puissent adopter la posture professionnelle qui leur permette de mieux gérer la relation avec les proches aidants et de favoriser la préservation de leur santé.