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L'ehpad Les Brullys (77) s'engage dans la prévention durable des TMS et des RPS

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Pour comprendre l'augmentation de son taux d'absentéisme, l'ehpad Les Brullys a sollicité l'expertise d'un cabinet conseil en ergonomie. Le diagnostic a révelé des expositions aux risques TMS et RPS. Une démarche de prévention a alors été élaborée, accompagnée par la mise en œuvre d'actions de terrain (modernisation des équipements, formation des personnels et organisation du travail).

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Qui ? 

Les Brullys est un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (ehpad) de 92 lits. Situé à 5 kilomètres de Fontainebleau (Seine-et-Marne), l’établissement a été construit en 1996. Une unité de soins Alzheimer a ouvert ses portes en juin 2005. Il accueille des résidents présentant une autonomie variable et des pathologies diverses.

Son effectif est composé de 51,25 équivalents temps plein (ETP) complété de 20 contrats à durée déterminée (CDD) pour suppléer aux remplacements des salariés absents, et de vacataires. L’établissement est structuré en trois secteurs : les soins, la restauration et l’administration. Les résidents sont pris en charge par une équipe médicale (infirmiers, aides médico-psychologiques, aides-soignants et agents de soins) encadrée par un médecin et une infirmière coordinateurs, avec la présence d’un psychologue. L’entretien et la restauration sont assurés par des agents hôteliers et des cuisiniers, sous la responsabilité respective d’un référent hôtelier et d’un chef cuisinier. Le pôle administration est composé d’un animateur et d’un ouvrier d’entretien.

Quel était le problème à régler ?  

Ces trois dernières années, la direction de l'établissement est confrontée à une recrudescence de l’absentéisme. Une première analyse de ce phénomène révèle un nombre élevé d’accidents du travail dus à des manutentions lourdes et, dans une moindre mesure, à des chutes et accidents de plain-pied. Par ailleurs, l’analyse de l’activité révèle un risque réel de développement de troubles musculosquelettiques (TMS). 14 accidents du travail ont été déclarés, mais 7 ont été non reconnus. Néanmoins, les conséquences sur la santé des salariés et l’organisation du travail sont perceptibles. Et, parce que l’absentéisme (particulièrement les arrêts maladie inférieurs à 10 jours) est un indicateur pertinent dans le repérage des risques psychosociaux, la direction décide de s’engager dans un plan de prévention spécifique.

Pour élaborer un plan de prévention spécifique, l'entreprise fait appel à l'expertise du cabinet conseil Ergonalliance. Pour financer son projet, l'établissement dépose un dossier auprès du Fonds pour l'amélioration des conditions de travail (Fact). La démarche s'appuyant sur une approche globale des conditions de travail le dossier est accepté le 4 septembre 2009, pour un financement de 14 000 euros pour 14 jours d'intervention.

L’objectif affiché est ambitieux : impulser dans l’entreprise une dynamique pérenne de lutte contre les TMS en partant d’une investigation sur les origines biomécaniques et organisationnelles des TMS, sans oublier le vécu des salariés.

Qu’ont-ils fait ?  

La particularité du diagnostic conforte la posture adoptée par les consultants : être des « animateurs d’une réflexion en interne » plutôt qu’« apporteurs de solutions » toutes faites. Le but étant de rendre l’établissement autonome dans sa démarche de prévention.

Le diagnostic

A partir d’entretiens de groupe et individuels, de recherches bibliographiques adaptées à la situation de l’établissement et d’observations de terrain, l’analyse ergonomique a identifié les points sensibles de l’activité de travail des agents concernés. Ce volet ergonomique a été complété par une évaluation des risques psychosociaux encourus par ces salariés, les facteurs de risque pouvant à terme évoluer vers le stress, le mal-être ou de l’usure professionnelle.

Le repérage et la compréhension des facteurs de risque TMS a fait apparaître, chez les aides-soignants et les agents hôteliers un taux d’accidents du travail en forte croissance, et dont l’origine principale est la manutention. Pour chaque situation de travail, une analyse particulière a été menée pour identifier au plus près de l’activité les contraintes biomécaniques et organisationnelles sources de TMS. En effet, il apparaît que les professionnels ciblés par le diagnostic présentent des facteurs de risques TMS significatifs lors de la réalisation de tâches récurrentes et apparemment anodines. Les salariés concernés n’ont pas développé de comportement de prudence dans ces situations-là, probablement en lien avec des difficultés pour les identifier comme pénalisantes.

De même, la configuration architecturale de l’établissement et l’aménagement de l’espace de travail exposent les salariés à des risques psychosociaux par :

  • un isolement par rapport aux autres salariés, surtout la nuit;
  • des difficultés pour s’octroyer des temps de décompression, faute d’espace dédié;
  • un stress lié au dispositif actuel de « sonnettes » (qui ne permet plus une prise en charge de qualité des résidents) et d’une organisation du travail très contrainte qui nourrit par ailleurs un sentiment de non-reconnaissance.

La démarche

Elle est une mise en dynamique d’une construction participative du plan d’action de prévention. Le groupe de travail s’est employée à :

  • définir des actions de prévention à mettre en place;
  • positionner des actions choisies par rapport aux autres projets de prévention des risques professionnels et des projets d’établissement (démarche qualité, accréditation…);
  • engager une réflexion sur l’avenir professionnel des agents déjà touchés par des TMS (prévention secondaire ou tertiaire);
  • cartographier les caractéristiques des postes permettant polyvalence et/ou reconversion.

La méthodologie d’intervention

Fondée sur la mobilisation des acteurs (« s’accorder pour agir ensemble »), la méthodologie d'intervention a mis en œuvre des méthodes d’investigation qui permettent d’étudier l’activité et de définir des recommandations pour accompagner le changement. Comprendre le travail et ses déterminants (variabilité, gestion, régulations…), cela n’est possible que par une appropriation des méthodes par les acteurs eux-mêmes pour le réinterroger en continu. En outre, l'implication des salariés est nécessaire dans la production d’indicateurs pertinents permettant de qualifier avec précision les mécanismes qui sont sources d’exposition des agents aux risques psychosociaux.

Pour quels effets ?  

Les travaux conduits ont permis d'identifier des pistes d'actions suivantes :

  • Les solutions techniques : renforcement de la politique d’équipement (impliquer les salariés dans le choix du matériel et systématiser leur formation à l’utilisation des nouveaux équipements).
  • La formation de tous les personnels à l’identification des risques auxquels ils sont exposés, et la formation d’un salarié volontaire pour devenir animateur-relais de prévention des risques liés à l’activité physique (PRAP), dont la mission serait de contribuer à la pérennisation de la démarche de prévention et d’être référent de ces questions auprès de la direction.
  • Les leviers organisationnels insistant sur la participation des salariés à la définition des options organisationnelles et de leurs modifications : en favorisant le travail collaboratif (en binôme, par exemple), pour abaisser la pénibilité du travail lors de manutentions de charges lourdes (particulièrement lors des transferts des patients grabataires), tant chez les soignants que chez les hôteliers, en mettant en place une organisation du travail plus fluide et mieux répartie, avec des interactions entre salariés de l’unité protégée et ceux du reste de la structure.

Présentation des solutions de modernisation de l'équipement que la direction des Brullys a mis en œuvre à la suite de son accompagnement.

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Méthodes et outils associés

Démarche collective visant à concilier conditions de travail des personnel, qualité de services et performance globale, la&nbsp