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Le travail de nuit : comment l’organiser au mieux et le rendre attractif pour les salariés ?

Bretagne

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L’ambiance dans un hôpital n’est pas la même de jour que de nuit. C’est dire combien sont particulières les conditions de travail du personnel en charge de la continuité du service pendant la nuit. Entre autres situations critiques, on peut signaler des effectifs réduits, dont certains vacants et souvent difficiles à pourvoir par le seul volontariat. Au-delà de l’obligation de continuité du service public à assurer, il apparaît clairement que la seule réorganisation, si efficace soit-elle, ne peut suffire à rendre attractif un emploi à si fortes contraintes. L’expérience décrite ici ne manque pas d’originalité dans les pistes explorées et les solutions proposées.

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Qui ? 

Ce centre hospitalier, né de la fusion en 2005 de deux établissements, comprend 900 lits et un effectif 1500 agents. En mai 2012, les activités de médecine, chirurgie, obstétrique, urgences et plateau technique jusqu’alors réalisées sur les deux sites d’origine sont regroupées dans un nouveau bâtiment.

L’organisation du temps de travail repose sur un principe de distinction entre équipes de nuit et équipes de jours auquel les agents sont très attachés. Fin 2012, l’effectif comprend 394 IDE (93% de femmes). 46 sont considérées IDE de nuit fixe, c’est-à-dire réalisant au moins X nuits dans l’année.

Quel était le problème à régler ?  

Pour la première fois, en novembre 2011, il n’a pas été possible de pourvoir par le volontariat les postes d’infirmières de nuit vacants. La direction a donc demandé aux différents services d’organiser des roulements pour assurer la continuité du service de nuit. Cela a généré des mécontentements, des craintes et des tensions plus ou moins vives dans tous les services.

La direction et les représentants du personnel se sont entendus sur la nécessité de discuter à nouveau des principes généraux d’organisation du travail de nuit.

L’Aract Bretagne a été sollicitée pour réaliser un diagnostic visant à identifier et analyser les principales causes du désintérêt des infirmières pour le travail de nuit.

Qu’ont-ils fait ?  

Pour assurer le lancement et la restitution du diagnostic, la direction de l’établissement a constitué un comité de pilotage paritaire, composé de représentants de la direction, de l’encadrement, de représentants du personnel et du médecin du travail.



3 sources d’informations ont été mobilisées pour réaliser le diagnostic:

- Des entretiens collectifs des cadres de santé d’une part et d’infirmières d’autres part.

- L’analyse de données démographiques et de santé au travail de l’effectif infirmier.

- Des observations du travail de nuit dans 4 services.



Cinq enseignements principaux sont partagés par le groupe de pilotage :

1 – Une grande diversité des organisations du temps de travail.

Selon les services, le travail est organisé en 2, 3 ou 4 équipes, des nuits de 10 ou 12 heures, des roulements sur la base du volontariat ou imposés à tous ou encore du panachage entre infirmières de nuit fixe et roulement. Dans les faits, un seul des 14 services de l’hôpital concernés par le travail de nuit fonctionne uniquement sur le principe d’équipe de nuit fixe.

2 – Des différences importantes dans le travail infirmier et ses conditions de réalisation entre la nuit et la journée. Le travail de nuit se caractérise par un fonctionnement en équipe soignante réduite et sans la présence sur place du cadre de santé et du médecin du service. Cela conduit au «cantonnement» des infirmières de nuit sur des activités de nursing, travail physiquement pénible. La part et la diversité des activités de soins apparaît très réduites la nuit et une par rapport au travail en journée.

3 - Une perception peu valorisante du travail de nuit.

Les aspects considérés comme les plus intéressants du métier, notamment pour les plus jeunes IDE, apparaissent trop peu présents dans le travail de nuit, à savoir : la relation régulière avec le médecin, la réalisation de soins techniques, la possibilité de contribution à un projet de service.

De leur coté les IDE de nuit regrette que progressivement le travail de nuit devient moins intéressant car il tend à se concentrer de plus en plus sur des activités de nursing et administratif au détriment des activités techniques et que les compétences spécifiques nécessaires au travail de nuit soient si peu reconnues.

4 - Une conciliation difficile avec la vie personnelle.Les IDE de jour insistent les perturbations qu’engendrent le travail de nuit sur l’organisation de leur vie personnelle et celle de leur entourage. Cependant, être IDE de nuit depuis de nombreuses années, ne signifie pas avoir trouver une conciliation considérée satisfaisante avec la vie personnelle. Elles considèrent avoir adopté sur la durée un mode de vie contraignant pour la qualité de vie familiale et sociale tant pour elles que pour leur entourage.

5 – Les répartitions par âge et ancienneté de l’effectif IDE de nuit fixe et de l’effectif total se différencient nettement. 40% des IDE de nuit fixe ont plus de 50 ans contre moins de 20% dans l’effectif total. 50% des IDE de nuit fixe ont plus de 15 ans d’ancienneté contre 20% dans l’effectif total. L’analyse sur plusieurs années, montre la coexistence d’un turn over conséquent parmi les IDE nuit fixe des classes d’âge les plus jeunes et une grande stabilité dans les classes d’âges les plus élevées. Enfin, malgré cette structure d’âge et d’ancienneté de l’effectif des IDE de nuit fixe ne se traduit pas par une fréquence d’arrêts maladies plus élevé par rapport aux IDE de jour. Il apparaît en revanche une durée moyenne des arrêts maladies sensiblement plus courte pour les IDE de nuit fixe.

Pour quels effets ?  

Des objectifs de progrès ont été proposés dans quatre domaines d’actions : agir pour une meilleure reconnaissance et considération du travail de nuit, améliorer les conditions de travail de nuit, redéfinir des principes généraux d’organisation du temps de travail de nuit, adapter certains aspects de la gestion des ressources humaines.

Sur cette base, la direction a souhaité poursuivre la dynamique engagée au sein du comité de pilotage. Il lui est demande de se réunir pour proposer des objectifs de progrès à travailler en priorité qui seront approfondis par des groupes de travail pour proposer des actions à expérimenter

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