Recommandé :
- Avoir suivi la formation ...
Publié le 23/09/2016
Publié le 23/09/2016
Projet piloté par Aravis en partenariat avec l’Institut romand de santé au travail (IST), le dispositif PerfEco’Santé a bénéficié en 2014-2015 à une trentaine d’entreprises en France et en Suisse. Il visait à inciter les dirigeants à mieux prendre en compte la santé au travail dans la stratégie de leur entreprise. Il a bénéficié d’un financement européen Interreg.
Le dispositif est né de 2 constats partagés par Aravis et l’IST :
- Dans des environnements tournés vers la performance, les préventeurs peinent à inciter les dirigeants de PME à prendre en compte la santé au travail (le discours classique sur la prévention ne suffit pas).
- De nombreux dirigeants pilotent la performance sur la base des seuls indicateurs économiques, sans intégrer les effets des perturbations (absentéisme, turn-over, maladie…).
Trois type d’outils ont été élaborés pour aider les dirigeants à mieux tenir compte de la santé au travail : une grille d’autoévaluation, des indicateurs simples des perturbations et des régulations et des méthodes d’évaluation des coûts. Ces outils ont été testés dans le cadre du dispositif Perféco’santé auprès d’entreprises volontaires pour s’inscrire dans cette démarche.
1. S’évaluer
Au cours de la première phase, les intervenants du dispositif ont interrogé des dirigeants afin qu’ils positionnent les pratiques de leur entreprise en santé au travail sur un outil simple de type « radar » comportant 6 dimensions : le pilotage socio-économique, l’engagement de la direction et du management, la communication interne et externe, la participation des salariés, l’autonomie dans le travail et la prévention des risques professionnels.
Cette première étape a permis aux dirigeants de s’interroger sur les résultats et moyens mis en œuvre dans ces domaines. Par rapport à d’autres outils du même type, le radar a permis d’aborder des questions transversales favorables à la santé au travail. De premiers points forts et points faibles ont émergé ainsi que des pistes de progression. Dans la majorité des entreprises, le pilotage socio-économique de la performance est ressorti comme un point faible.
2. Prendre la mesure des perturbations et régulations
Pour « objectiver » les dysfonctionnements en lien avec la santé au travail et aider à mobiliser le comité de direction, les intervenants de Perféco’santé ont proposé des indicateurs simples : ceux-ci permettent de prendre la mesure des perturbations (absentéisme, accidents du travail, arrêts maladie) et des mesures correctrices adoptées pour y faire face (heures supplémentaires, intérim, CDD, embauche). Les indicateurs retenus ont été analysés dans les entreprises participantes globalement et, selon les cas, par service, unité, métier. Des éléments d’explication ont été recherchés et mis en lien avec des caractéristiques démographiques de l’entreprise : certains services touchés par l’absentéisme, les maladies professionnelles présentent-ils de caractéristiques comme une sur-représentation des jeunes, des seniors … ? Quelles conclusions en tirer ?
3. Chiffrer les coûts de la non-santé au travail
Des formules de calcul simplifiées ont ensuite été mises au point pour obtenir une première évaluation des coût de ces perturbations et mesures correctrices pour l’entreprise (nombre d’heures d’absence en équivalent temps plein, coût d’un accident, prise en compte de la majoration des heures supplémentaires…). Dans certaines entreprises, il a ainsi été démontré que le coût de l’absentéisme représentait 5, 7, 8 voire… 20 % de la masse salariale ou bien qu’il représentait l’équivalent de plusieurs temps plein. Ces données mises en évidence et analysées avec les acteurs concernés, les dirigeants ont pris conscience des coûts de la non-santé au travail et disposé d’éléments pour ajuster leurs décisions, identifier de nouvelles marges de manœuvre, fixer des priorités.
Le dispositif mis en place pour cette action collective a validé la pertinence des différents outils proposés ainsi que l’intérêt :
- de faire apparaître les liens entre santé au travail et pilotage économique pour mobiliser les dirigeants,
- d’aider les entreprises à mieux exploiter les données à leur disposition pour le pilotage socio-économique de la performance,
- d’aider les RRH et préventeurs à objectiver les perturbations et mobiliser leur direction sur les questions de santé au travail,
- de mettre en discussion les résultats de tels outils dans l’entreprise pour parvenir à une vision partagée.
Ce dispositif s’est clôturé par la publication d’un guide, et l’animation d’une matinée de présentation à des acteurs institutionnels et des consultants. Les enseignements de dispositif pourraient être adaptés à des actions collectives au niveau des branches en amont de démarche de prévention.