kit : l'usure professionnelle. Comment agir pour l'éviter
Informations
Présentation
Vous avez identifié des problèmes liés à l’usure professionnelle dans votre entreprise et vous souhaitez agir pour la prévenir ? Pour vous outiller, l'Anact, le réseau prévention de l’assurance maladie risques professionnels et celui de la Caisse nationale de l'assurance vieillesse ont élaboré le kit "L'usure professionnelle. Comment agir pour l'éviter".
1. Lancer et structurer la démarche
Identifier les acteurs à mobiliser et mettre en place un groupe projet.
Les origines de l’usure professionnelle sont multiples et les moyens de la prévenir sont de diverses natures (parcours professionnels, aménagement des postes, organisation du travail, etc.), ce qui suppose la mobilisation de différents acteurs. L’implication de salariés et de représentants du personnel est essentielle pour bien identifier les causes de l’usure et trouver des solutions adaptées.
Les acteurs mobilisables :
- Direction, management : managers opérationnels, direction des ressources humaines, direction des relations sociales, responsables HSE, etc.
- Autres Acteurs internes : préventeur interne, infirmier du travail, responsables projets, Représentants du CSE, du CHSCT, collaborateurs, etc.
- Acteurs externes : préventeur Carsat, Membres du Service de Santé au Travail, etc.
Identifier et partager les enjeux de la démarche
Les différents acteurs impliqués dans la démarche peuvent avoir des représentations de l’usure très différentes. Pour favoriser le succès de la démarche, il est incontournable de partager avec les acteurs du groupe projet les enjeux et les attentes d’une démarche de prévention. Pour animer cette séquence, il est possible d’utiliser la vidéo de sensibilisation ci-dessus, et/ou d’échanger sur les 4 questions ci-dessous, et de remplir ensuite le tableau figurant dans le modèle « Fiche de de suivi de la démarche de prévention de l'usure professionnelle ».
Les 4 questions à mettre en débat :
- L’usure professionnelle, qu’est-ce que ça signifie pour nous, dans notre contexte ?
- Quels sont les enjeux pour l’entreprise ? (maintien des compétences, attractivité de l’entreprise, limitation des coûts de sinistralité, etc.)
- Quels sont les enjeux pour les salariés ? (préservation de la santé, développement de l’employabilité, départs à la retraite en bonne santé)
- Qu’est-ce que nous attendons d’une démarche de prévention de l’usure ?
Prévoir la conduite de projet
Après accord du groupe projet sur les enjeux et les objectifs de la démarche, le responsable du projet doit prévoir les moyens à allouer (temps de travail du chef de projet, temps de réunions, acteurs à solliciter, planning) et préparer la communication interne autour de la démarche : information des collaborateurs, présentation de la démarche dans les instances, modalités de restitution des travaux.
2. Repérer les symptômes de l'usure et définir les priorités
L’usure professionnelle est un processus progressif qui peut avoir des conséquences diverses sur la santé des collaborateurs et le fonctionnement de l’entreprise. Ses manifestations peuvent prendre de multiples formes (absentéisme, douleurs, restrictions d’aptitudes, démotivation, etc.) qu’il faut savoir repérer. En effet, certaines activités ou catégories de populations (collaborateurs avec un travail posté, collaborateurs moins qualifiés, salariés âgés par exemple) peuvent être plus particulièrement touchés par l’usure professionnelle.
Pour réaliser un diagnostic qui permettra de prioriser les actions à conduire, il est recommandé de se poser 5 questions principales.
Il est indispensable de caractériser les salariés de l’entreprise qui peuvent avoir des caractéristiques très diversifiées ou au contraire homogènes. Le sexe, l’âge et l’ancienneté ont souvent des liens importants avec les activités réalisées et les conditions de travail rencontrées. Ils peuvent aussi expliquer en partie les phénomènes observés en matière de santé (absences et maladies professionnelles).
3 facteurs se combinent pour dessiner les profils des salariés d’une entreprise :
- les pratiques internes : le recrutement, les mobilités, le développement des compétences et la gestion des parcours, etc.
- les contraintes externes : le bassin d’emploi, le secteur d’activité, etc.
- les conditions de travail rencontrées : les contraintes physiques et psychologiques, l’exposition aux risques, la pénibilité des postes, etc.
L’identification des profils des salariés est donc une première piste qui permet de mieux comprendre comment ces facteurs se combinent pour déterminer les caractéristiques des salariés.
Quelles sont les différentes activités exercées par les collaborateurs ? Quelles sont les différentes contraintes auxquelles ils sont exposés ? Y a-t-il des salariés plus exposés que d’autres ?
Y a-t-il de l’absentéisme, des douleurs, de la sinistralité ? Est-ce qu’ils concernent plus spécifiquement certaines activités ou certaines catégories de personnes ?
Est-ce que les possibilités de mobilités internes ou externes, la polyvalence, sont de nature à prévenir l’usure professionnelle ?
Les évolutions en cours ou à venir (organisation, aménagement des locaux, postes de travail, activités, etc.) ont ou auront-elles un impact sur l’usure professionnelle ?
A partir de ce premier diagnostic, il faut définir les activités ou les catégories de salariés qui doivent prioritairement faire l‘objet d’une analyse plus précise, pour identifier les facteurs d’usure et déterminer les mesures de prévention. Etant donné qu’on ne peut pas régler tous les problèmes en une seule fois, il faut prioriser et choisir les situations les plus pertinentes. Les autres situations pourront êtres traitées dans un second temps.
L'outil « Analyser ses données sociales »
3. Analyser les origines de l'usure
Après avoir identifié où et pour qui se posent des problèmes d’usure professionnelle, il est nécessaire de repérer précisément les facteurs d’usure pour construire des mesures de prévention adaptées. Cette identification passe notamment par l’analyse des situations de travail.
En effet, il est plus efficace de conduire une analyse des situations de travail rencontrées par les salariés, que de centrer l’analyse uniquement sur les symptômes observés.
Pour analyser les situations de travail, il faut d’abord mettre en place un dispositif de recueil d’informations, soit en interrogeant les collaborateurs sur leur travail, soit en allant directement les observer en situation. Les deux approches pouvant être combinées.
Ensuite, il faut repérer les point-clés des situations de travail et analyser les causes de l’usure. L’analyse s’articule autour des questions suivantes :
- Qui ? (les collaborateurs concernés)
- Quoi ? (les tâches à réaliser)
- Avec qui ?
- Avec quoi ? (matériel et moyens)
- Où ?
- Quand ?
- Comment ? (organisation et modes opératoires)
Les causes de l’usure peuvent se situer à tous ces niveaux (exemples : manque de moyens matériels, contraintes de temps trop fortes, mauvaise communication entre services, espace inadapté, manque de compétences etc.) qui se combinent souvent entre eux.
Pour faciliter l’analyse des situations de travail, il est aussi possible d’utiliser la méthode du diagnostic photo.
Ces analyses seront d’autant plus pertinentes qu’elles résulteront d’un échange collectif (managers, collaborateurs, pairs, fonction RH et prévention, etc.) et d’une confrontation de points de vue.
4. Élaborer un plan d'action, le mettre en œuvre et l'évaluer
À partir des constats faits et des facteurs d’usure identifiés il s’agit de déterminer les actions à mettre en œuvre.
Les actions peuvent être de natures diverses et de différents registres :
- l’environnement de travail
- l’organisation du travail
- le développement des compétences
- l’organisation de la prévention
- les modes de gestions RH
- la gestion des problèmes de santé
- le management
- la conduite du changement
- le dialogue social
Pour formaliser le plan d’action il faut ensuite préciser : à quel problème chaque action est censée répondre, les acteurs responsables de sa mise en œuvre, les délais de mise en place les indicateurs de suivi.
Il faut s’assurer de l’équilibre du plan d’action avec la mobilisation de différents registres d’action et l’articulation entre les mesures immédiates (aménagement des postes de travail) et les mesures qui s’inscrivent dans le temps (mise en place de groupes de travail, développement des compétences, mise en place de coopération avec des partenaires externes). Il faut aussi réfléchir à l’articulation de ces actions avec les autres politiques de prévention et de gestion des ressources humaines.
Enfin, il faut prévoir un temps d’évaluation pour étudier les effets des mesures et des actions. En effet, les démarches de prévention doivent s’inscrire dans le temps et peuvent s’enrichir et se renouveler en permanence, pour prendre en compte de nouvelles activités, de nouveaux facteurs de risques et s’adapter aux évolutions permanentes rencontrées par les entreprises.