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Hommes, femmes: quel genre d’usure professionnelle?

Égalité professionnelle

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De plus en plus d’entreprises intègrent dans leur projet de prévention des risques une réflexion sur l’usure professionnelle. Or la prise en compte de cette dernière ne peut être pertinente et signifiante que si, au-delà de l’analyse du travail et de son organisation, on se donne aussi les moyens d’investiguer la manière dont sont opérés les embauches et les répartitions des salariés à des postes de travail ou des pôles de production. Serait-on donc impacté par la nature de son travail différemment selon que l’on est homme ou femme ? Dans cette entreprise, les investigations menées sur les activités et les analyses qui en ont été faites montrent qu’elles sont «genrées».

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Qui ? 

Cette entreprise internationale qui emploie 1900 salariés dans le monde développe et vend de nouvelles variétés de légumes.

En misant sur le développement et l’innovation pour être parmi la meilleure des entreprises de sélection de semences potagères, elle connaît une croissance tant économique que démographique.

Son site français est passé de 81 salariés en 2007 à 110 salariés courant 2011. Les caractéristiques de sa démographie sont marquées par une forte mixité (49% de femmes), par un taux important de cadres (36%) et par une part moindre d’ouvriers (moins de 31%).

Quel était le problème à régler ?  

La demande est issue de la Direction et du CHSCT qui, dans le cadre du processus de négociation prévu par la loi, souhaitent l’aide d’un conseil externe dans leur réflexion sur la pénibilité Un appui qui déboucherait sur la réalisation d’un diagnostic pour mieux comprendre les facteurs de pénibilité auxquels sont confrontés les salariés et un accompagnement dans la mise en place d’une démarche de prévention de la pénibilité.

Confrontée à des plaintes de type TMS et lombalgie, l’entreprise projette d’aller au-delà des facteurs de pénibilité définis par la loi et appréhender tous les risques auxquels sont confrontés ses salariés.

Qu’ont-ils fait ?  

La démarche proposée est pilotée par une sous-commission du CHSCT composée de représentants des salariés et d’une référente RH; elle s’est déroulée en 3 étapes:

1)- La première étape d’analyse documentaire : le premier travail concerne l’analyse de certaines données en termes d’âge, d’ancienneté et du genre de manière à avoir une cartographie de la structure des populations. Le second vise à avoir une idée de l’état de santé de la population (absentéisme, accidents de travail, maladies professionnelles) pour notamment repérer le ou les services qui seront spécifiquement étudiés par une analyse des situations de travail ainsi que les moments de l’année pendant lesquels seront réalisés les analyses. Les données santé ont été étudiées par service sur les 10 dernières années et par mois.

À l’issue de cette étape, le service Culture a été ciblé pour une analyse spécifique de terrain. Les raisons de ce choix sont doubles: le service est marqué par des taux importants d’absentéisme, d’accidents de travail et de plaintes ; il est constitué de 2 équipes. L’une composée uniquement d’hommes et l’autre exclusivement de femmes qui réalisent des activités différentes.

2)- La deuxième étape a consisté à réaliser une enquête au moyen d’un questionnaire Santé-Travail-TMS développé par l’Anact. Ce questionnaire, diffusé uniquement au sein du service Culture a été dépouillé par la sous-commission. Les résultats montrent que les salariés se plaignent de douleurs ostéoarticulaires dont les localisations sont cependant différentes chez les hommes et chez les femmes. Les premiers étant plus concernés par des douleurs au niveau du dos et les secondes plutôt au niveau des membres supérieurs.

3)- La troisième étape comprenait des analyses de différentes situations de travail du service Culture. Ces analyses ont été réalisées avec les membres de la sous-commission dans le cadre d’une action de professionnalisation du CHSCT afin de mieux appréhender la question de la pénibilité au travers de l’analyse du travail.

Les analyses des différentes situations de travail ont montré que les activités étaient «genrées», expliquant ainsi les localisations différentes des TMS: les hommes exerçaient des activités plutôt de plantation nécessitant des efforts importants et des postures courbées, et les femmes réalisaient plutôt des activités dites d’extraction de graines sollicitant plus les mains et les membres supérieurs. Les observations réalisées sur le terrain corroboraient ainsi les résultats du questionnaire.

Une autre caractéristique du travail qui semblait essentiel dans la compréhension des plaintes concernait les sollicitations constantes auxquels devaient faire face les hommes et les femmes du service pour donner des « coups de main » aux autres services sans que la question de leur propre charge de travail soit prise en compte. Dès lors, l’activité à réaliser dans leur propre service reposait sur un effectif moindre, augmentant ainsi les risques ostéoarticulaires des salariés restants.

Ce travail d’analyse a été en partie réalisé par la sous-commission et restitué auprès du comité de direction. Par des descriptions pointilleuses des activités et des effets qu’elles engendraient sur la santé, la sous-commission a montré que les activités étaient «genrées» et que l’origine des douleurs ostéoarticulaires étaient en partie liées à la répétition des sollicitations identiques entre les postes.

Pour quels effets ?  

Les actions proposées sont à plusieurs niveaux:

- un niveau « démarche » où la sous-commission va réaliser des études de postes avec la même logique que celle appliquée pour le service Culture.

- un niveau « opérationnel » avec des propositions d’actions de prévention afin de réduire les facteurs de pénibilité des salariés du service Culture.

Comme il existe, au sein du service Culture, différents postes avec différentes activités et par conséquent différentes sollicitations, la volonté a été de pouvoir permettre des rotations sur l’ensemble des postes afin de prévenir les risques de TMS et de lombalgies. Mais au préalable, l’entreprise s’est engagée à repérer les diverses contraintes physiques de chacun des postes et essayer de les réduire pour en faciliter l’accès aux femmes ainsi qu’aux salariés vieillissants.

Une seconde réflexion a porté sur la structuration des équipes mixtes et des formes de rotation pour éviter d’être confronté aux mêmes sollicitations.

Enfin, les dernières réflexions se sont orientées sur la structuration de parcours professionnels afin de permettre aux salariés vieillissants d’être moins exposés aux contraintes tout en transmettant leurs compétences.

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