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Être reconnu et se reconnaître… telle est la question !

Cas entreprise Mecabourg

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Certaines sources de stress, comme par exemple les contraintes organisationnelles, sont objectivables, quantifiables. D’autres le sont plus difficilement parce logées dans l’opacité des représentations personnelles et du ressenti. Particulièrement lorsqu’on ne se sent pas reconnu à la juste mesure du travail accompli et de l’engagement qu’on a investi dans la production de valeur pour l’entreprise. Car en effet, la reconnaissance est une nécessité existentielle. Dès notre naissance, la façon d'être reconnu par nos proches, notre entourage, et la société globale dans toutes les sphères de vie, jusque dans l’univers du travail, contribuent à la construction de notre identité et de l’estime de soi. Un fil cassé que les responsables de cette association s’engagent à renouer avec la participation des salariés eux-mêmes.

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Qui ? 

Ce centre éducatif et professionnel (CEP) accueille des mineurs ou jeunes adultes relevant de l’aide sociale à l’enfance. Il répond à un objectif d’éducation, de prévention et d’insertion sociale et professionnelle.

Ouvert en permanence, le centre procède à des admissions toute l'année. Il emploie environ 58 personnes réparties sur deux sites éloignés géographiquement.

Il fait partie d’une association qui gère au total huit établissements sur toute la France.

Quel était le problème à régler ?  

En 2009, l’établissement a connu une crise institutionnelle, et des actions ont été menées depuis pour tenter d'y remédier. Malgré tout, des difficultés persistent : absentéisme, turn-over, charge de travail, coopération des équipes, situations d’insécurité vécues, glissement de tâches…

La direction souhaite aujourd’hui faire un point sur les conditions de travail des salariés l’association pour prioriser les actions d’amélioration à envisager. Les représentants du personnel se posent quant à eux la question des risques psychosociaux et de leurs sources.

Qu’ont-ils fait ?  

La crise institutionnelle de 2009 fait désormais partie du passé; aujourd'hui, le climat social est en effet plus serein et une crédibilité auprès des financeurs a été retrouvée. Le projet d’établissement est en cours d’élaboration.

Par contre, le manque de reconnaissance et d'anticipation a été évoqué de façon récurrente au cours des entretiens. Cela concerne tout le monde et toutes les relations professionnelles. Si la reconnaissance recouvre des formes et attentes variées, ici, elle fait surtout défaut au niveau de l’activité. Ce n’est pas un problème de manque de respect mais de reconnaissance du travail réalisé. Ce sujet n’est pas sans faire écho aux préoccupations des représentants du personnel puisque le manque de reconnaissance est l’une des premières causes de RPS.

Tout d’abord, les salariés ont des difficultés à entrevoir du sens à leur travail et à se projeter dans l’avenir. Et le malaise est bien réel, avec une certaine appréhension sur les futures prises en charge en lien avec l'expérience passée : quels profils des jeunes accueillis et quelles difficultés potentielles susceptibles d'être anticipées?
Pour rappel, la loi de 2002-2 qui donne une place centrale à l’usager. La crise institutionnelle a donc amené le CEP à se restructurer par un processus relativement clair. En revanche des outils ne semblent pas toujours en phase avec le projet d’établissement : certains ne fonctionnement pas correctement et ils interrogent le sens et les règles fixées; d’autres n’existent pas encore, ce qui cloisonne les métiers.

Percevoir du sens au travail, c’est aussi avoir un sentiment d’utilité sociale. Un sentiment parfois mis à mal lorsque le centre fonctionne en mode dégradé.

De plus, les situations d’insécurité sont inhérentes au métier et en lien avec le public accueilli. La relation aux jeunes étant par nature singulière, elle fonctionne sur un mode permanent de prise d’initiative. Celle-ci devient une prise de risque quand elle est portée seule par les individus et qu’il n’y a pas de règles de métiers communes et partagées. C’est également le cas lorsqu’il n’y a pas de possibilité d’apprentissage par la confrontation de sa pratique en regardant celle des autres, ou lorsqu’il n’est pas possible de dire « je ne sais pas faire » ou « je suis en difficulté ».

Enfin, l’autonomie des professionnels est limitée par le faible nombre de postes informatiques et par une diffusion de l’information insuffisamment efficace, notamment dans sa mutualisation.. Par ailleurs, des champs de compétences sont flous (savoir qui fait quoi) notamment en ce qui concerne l'élaboration des rapports parce qu’ils renvoient à la responsabilité des écrits.

Membres de la direction et représentants des salariés ont constitué un comité de pilotage qui s’est réuni au début de l’appui de l’Aract pour cadrer l’intervention. Cette étape été l’occasion d’acter ce que les acteurs voulaient faire ensemble, ainsi que la méthodologie pour y parvenir. Au terme de l’intervention, les éléments de diagnostic ont été restitués au comité de pilotage qui a discuté des objectifs de progrès.

Pour quels effets ?  

Trois objectifs de progrès se dégagent du diagnostic :

1) Donner du sens au travail et partager un cadre commun pour fédérer et permettre de se projeter dans l’avenir en rendant lisible la stratégie. Cela passe par une mise au point sur les outils existants, en les triant pour conserver ou ajuster ceux qui sont en phase avec le projet.

2) Poursuivre la sécurisation des pratiques professionnelles et prévenir les situations d’insécurité en donnant les moyens de protection (soutien, formation, professionnalisation) mais aussi de prévention (anticipation situations de violences, des absences, des besoins en compétences) à l'ensemble des acteurs.

3) Donner les moyens d’une autonomie (information, matériels, procédure) et définir le champ de compétence des uns et des autres (clarifier qui fait quoi).

Les membres du comité de pilotage se sont reconnus dans cet état des lieux et ils ont partagé le diagnostic réalisé sur cette base. Ils ont surtout montré une volonté de passer du diagnostic au plan d’action : une première date de travail est retenue pour prioriser les objectifs de progrès, les décliner en actions opérationnelles et définir qui fait quoi, et les échéances correspondantes.

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