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Covid-19 : « À certains endroits, le dialogue social a constitué un levier essentiel face à la crise »

Face à la crise sanitaire, certaines entreprises ont misé sur le dialogue social pour repenser leur fonctionnement et réguler les tensions. Explications avec Marion Gilles et Nadia Rahou, chargées de mission à l’Anact.

Avant la crise… Quels premiers bilans tirait-on de la mise en place du CSE ?

M. G. : Les premiers retours d’expérience convergent : la transformation de la culture du dialogue social voulue par le législateur n’a pas eu suffisamment lieu à l’occasion de la fusion des institutions représentatives du personnel et du renforcement de la primauté de l’accord d’entreprise.

Resté une contrainte juridique pour une majorité de chefs d’entreprise, le comité social économique (CSE) peine à embrasser une approche globale des sujets (stratégie de l’entreprise, organisation, conditions de travail, emploi). L’absence de diagnostic partagé sur le fonctionnement du dialogue social ou encore l’insuffisance de moyens accordés aux acteurs limitent les potentiels d’innovation.

Pendant la crise… Le dialogue social dans les entreprises sort-il renforcé ou affaibli des phases de confinement et déconfinement ?

N. R. : Ce qui est frappant, c’est le réel différentiel du point de vue de la gestion de la crise et de la qualité des relations sociales entre les entreprises qui ont renforcé leur dialogue social et celles qui sont dépourvues d’instance ou ont opté pour un contournement des représentants du personnel.

Dans les premières, le dialogue social a constitué un levier essentiel pour faire face à la crise et réguler les tensions associées. Des entreprises ont ainsi intensifié le dialogue avec les IRP, (instances représentatives du personnel) et les organisations syndicales pour favoriser les dispositifs d’échange et d’alerte mais aussi définir des organisations et dispositifs de prévention adaptés. Elles ont pu travailler dans ce cadre sur les modalités du télétravail, l’application des dispositifs de congé et de chômage partiel, la priorisation des activités, les mesures de protection, les fonctionnements collectifs... Ces pratiques doivent être soutenues et valorisées. 

Et demain… Quelles priorités, quelles recommandations pour les CSE ?

M. G. : Il peut être utile de mener sans tarder un retour d’expérience sur le fonctionnement du comité social économique (CSE) pendant les phases de confinement et déconfinement pour identifier ce qui a fonctionné ou ce qui doit être amélioré et sanctuariser ces évolutions au sein d’un avenant ou d’un nouvel accord CSE.

Par ailleurs, que ce soit sur les sujets de reprise d’activité, de la normalisation du télétravail, ou encore du temps de travail, il est fortement recommandé que les acteurs du dialogue social mettent en place des processus de concertation, voire de négociation. L’objectif sera ici de répondre tout à la fois aux enjeux de conditions de travail, de maintien en emploi et aux enjeux de performance économique et de pérennité de l’entreprise.

D’autres thèmes peuvent être appréhendés pour préserver la qualité des relations sociales au sortir d’une période qui a mis à rude épreuve les collectifs et les personnes, par exemple, la gestion de l’absentéisme, les tensions liées à la crise, la reconnaissance du travail et la revalorisation des métiers, les parcours professionnels

Que propose l'Anact aux entreprises qui souhaiteraient être accompagnés sur la qualité de leur dialogue social ?

Le dispositif Objectif reprise du Ministère du travail, porté par le réseau Anact-Aract et les Di(r)ecctespropose aux entreprises de moins de 250 salariés un accompagnement gratuit pour donner toute sa place au dialogue social dans les réorganisations liées à la pandémie covid-19.

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