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Comment prévenir l’usure professionnelle pour les métiers de la logistique ?

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Une entreprise de négoce de chaussures faisait face à des problèmes d'usure professionnelle de sa population de caristes et de préparateurs de commandes. Elle a participé à une action collective de prévention proposée par l'Aract Bretagne et la Carsat.

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Qui ? 

Cette entreprise de négoce de chaussures réalise la distribution des points de vente pour le compte d’une trentaine de marques. Elle emploie 600 salariés, essentiellement des commerciaux, des opérateurs de réception de marchandises et de préparation de commandes, et des employés administratifs.

La population de caristes et de préparateurs de commandes est particulièrement touchée par l’usure professionnelle. Elle est concernée par une augmentation des accidents de travail et des arrêts maladie. Par ailleurs, la mise en place d’un nouveau système informatique pour la gestion de l’entrepôt fragilise cette population très expérimentée bien que vieillissante. Elle se voit contrainte d’acquérir de nouvelles compétences pour être encore plus performante. La direction a alors décidé de s’engager dans une action collective pour s’instruire de l’expérience des autres entreprises participantes, se former à l’analyse des situations de travail et être en mesure d’impulser un projet d’amélioration des conditions de travail de ses salariés. L'action a concerné l’une des deux bases logistiques de l’entreprise. Une centaine de personnes y travaille, soit comme caristes soit comme préparateurs de commandes.

Quel était le problème à régler ?  

La direction des ressources humaines est préoccupée par l’avancée en âge et en ancienneté du personnel. D’une part, les contraintes physiques de travail (manutentions manuelles, port de charges) demeurent importantes malgré des progrès constants. D’autre part, la mise en place d’un nouveau système informatisé de l’entrepôt induit des transformations dans l’exécution des tâches et donc une remise en question des compétences d’un personnel expérimenté.

Vieillissement, pénibilité, changement technique peuvent fragiliser certaines personnes dans leur capacité à tenir leur emploi, et cela d’autant plus avec le recul de l’âge de la retraite.

Qu’ont-ils fait ?  

La directrice des ressources humaines et une représentante du personnel au CHSCT ont participé aux séances inter-entreprises de l'action collective. Ces séances leur ont permis d’acquérir progressivement des connaissances et des méthodes pour animer un groupe de travail au sein de l’entreprise et de bénéficier également des retours d’expérience des représentants des autres entreprises.



Le groupe de travail a d’abord analysé des données sur l’effectif de la base logistique concernée. Cela a permis de mettre en évidence deux signaux d’alerte de fragilisation dans la capacité à occuper durablement les deux principaux emplois de la base logistique :



1- La concentration des arrêts maladies et des accidents du travail sur l’emploi de caristes. Ce sont très majoritairement des hommes ayant une ancienneté importante dans cet emploi (> 6 ans) mais seulement à mi-parcours de leur vie professionnelle (2/3 ont entre 40 et 50 ans).

2- Le turn-over important et à tout âge sur l’emploi de préparateurs de commandes. Ce sont très majoritairement des femmes ayant une faible ancienneté (< 2 ans).



Ensuite, le groupe de travail a organisé une collecte d’informations dans l’entrepôt. Par binôme, les membres du groupe de travail ont échangé avec des caristes et des préparatrices de commandes et pris des photos illustrant des situations de travail source d’usure professionnelle. 



Trois principales situations-sources d’usure professionnelles ont été identifiées, à savoir :



1- Se déplacer en permanence dans un entrepôt encombré.

2- Travailler dans un environnement vieillissant.

3- Des conditions de manutention fréquemment contraignantes.



L’analyse de ces situations par le groupe de travail montre qu’elles sont en même temps à l’origine des principaux risques professionnels auxquels les salariés sont exposés et aussi de pertes substantielles de productivité pour l’entreprise. L’analyse permet également d’identifier les principales causes de ces situations.



Il y a bien entendu des causes qui relèvent du bâtiment (sol, éclairage, isolation, agencement des racks) et des outils d’aide à la manutention (chariots motorisés et manuels). Mais cela met également en exergue des causes portant sur l’organisation du travail (la co-activité entre caristes et préparateurs de commandes, la hauteur de palette à constituer, le calendrier de réception des marchandises…) et sur la gestion des ressources humaines (la spécialisation, l’intégration, le transfert de savoir faire…). 



Des pistes d’amélioration ainsi été proposées par le groupe de travail à partir des différentes causes. Les travaux du groupe de travail ont été restitués à la direction et aux responsables des services opérationnels et fonctionnels pour définir un plan d’actions.

Pour quels effets ?  

Trois axes complémentaires ont été retenus dans le plan d’actions :



1- L’amélioration de l’environnement de travail : en particulier le renouvellement du sol pour avoir un meilleur roulant et limiter les vibrations.

2- L’amélioration des outils de travail : le changement des chariots de picking.

3- L’amélioration de l’organisation : le test d’horaires décalés entre caristes et préparateurs(trices) de commandes et de nouveaux parcours de picking pour améliorer les conditions de circulation.



Cette démarche a été l’occasion de décloisonner différents projets portés par chacun des services. Il est ainsi apparu que des pistes d’amélioration proposées par le groupe de travail sur la prévention de l’usure professionnelle pouvaient assez aisément s’intégrer à certains d’entre eux. Elle a également contribué à élargir la perception des uns et des autres sur la problématique des conditions de travail dans l’entrepôt. Ce n’est pas qu’une question de manutention de charges. Ce sont aussi des questions d’état général de l’environnement de travail (sol, isolation…), d’organisation du travail ( circulation, co-activité…) et de diversité des caractéristiques des personnes (âge, savoir-faire lié à l’expérience… ).

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