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Comité social et économique : comment bien faire fonctionner son CSE ?

Pour que le comité social et économique fonctionne bien, il est indispensable que ses membres soient formés et en capacité de travailler ensemble. Objectif : pouvoir exercer leurs missions au plus près des salariés et de leurs situations de travail. Deuxième partie du kit Faire du comité social et économique un levier d'amélioration des conditions de travail.

Actualité - Publié le 28 novembre 2024 - Modifié le 03 décembre 2024

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Kit CSE partie 2

« Notre CSE fonctionne mais ne vit pas »

une secrétaire de CSE

Ce constat d’une secrétaire de CSE pointe une situation fréquente : une instance qui se limite à un fonctionnement purement formel et une absence d'activité des élus et de la direction en dehors des réunions.

Si la réglementation donne un cadre pour le fonctionnement du CSE, il est indispensable que chaque entreprise définisse des pratiques et des actions permettant de répondre aux enjeux et sujets à traiter, notamment en termes de conditions de travail des salariés. Pour cela il est fondamental que les acteurs du CSE se forment, qu'ils apprennent à travailler ensemble et s'équipent d'outils et de méthodes pour pouvoir traiter les questions de conditions de travail et de santé au travail.

1 - Former les membres du CSE

Les membres de la délégation du personnel du comité social et économique et le référent en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes bénéficient de la formation nécessaire à l'exercice de leurs missions en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail (source : article L 2315-18 du code du travail).

La formation doit être dispensée dès la première désignation des membres de la délégation du personnel du CSE.

La formation de l’employeur est également une condition essentielle à l’efficacité du CSE. Il s’agit de l’aider à mieux appréhender le périmètre de l’instance, ses missions, les droits mobilisables par les représentants du personnel et ses responsabilités en matière de prévention et de santé des salariés. La formation d’un seul des deux acteurs peut conduire à un déséquilibre dans les débats voire à des tensions. La formation de tous reste un enjeu fort d’efficacité du CSE.

Conditions de réussite

« Se former ensemble, employeur et representants du personnel, est complémentaire à la formation règlementaire des élus du personnel. Même si nous n’avons pas le même rôle et le même avis sur tout, cela nous a permis de construire des repères communs et d'imaginer comment travailler ensemble »

Un représentant du personnel au CSE ayant suivi une formation conjointe Anact

Les membres de la délégation du personnel du CSE, ainsi que le référent en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes désigné par le CSE parmi ses membres, bénéficient de la formation nécessaire à l'exercice de leurs missions en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. La formation est d'une durée minimale de cinq jours lors du premier mandat des membres de la délégation du personnel.

Le fonctionnement et les moyens d'actions du CSE - travail-emploi.gouv.fr

En explorant le contenu pédagogique de la formation sélectionnée, une réflexion est à mener par chaque acteur du dialogue social pour identifier ses besoins spécificques, afin de s’assurer qu'ils seront pris en compte.

Il convient de s'assurer que la formation proposée aborde : 

  • les questions de fonctionnement du CSE
  • les questions de méthodes de travail, 
  • les aspects relationnels, 
  • une approche des questions de santé et conditions de travail qui s’appuie sur le travail réel des salariés.

C'est un préalable pour appréhender au mieux son rôle, notamment en matière de santé, sécurité et conditions de travail.

Selon les questions traités par le CSE, il peut être utile de se former sur des thèmes spécifiques (exemple : risques psychosociaux, qualité de vie et des conditions de travail, prévention de la désinsertion professionnelle). Pour cela il est possible de s’appuyer sur les ressources mobilisables par les CSE : organisations syndicales de salariés et d’employeurs, service de prévention et de santé et au travail, inspection du travail, Anact, INTEFP, Carsat, MSA, OPPBTP.

En complément de la formation des acteurs du CSE, le développement des compétences de chacun se construit aussi dans l’action, au fur et à mesure des sujets traités, des problèmes réglés, des échanges entre employeurs et représentants pour améliorer les projets de l’entreprise. C’est en effet au fur à mesure des expériences accumulées sur les questions de santé et de conditions de travail que les compétences s’enrichissent tant pour l’un que pour les autres ; cela permet également de progresser sur le volet des relations.

Une modalité de formation complémentaire consiste à se former ensemble, employeur et élus, pour partager des repères, par exemple, et co-construire des actions (sur une thématique ou encore sur la dimension relationnelle de l’instance pour améliorer son fonctionnement, traiter des tensions existantes).

2 - Travailler ensemble au sein du CSE

Le CSE est un lieu de travail et d’élaboration collective de solutions, et pas uniquement un lieu où l’information est transmise aux élus pour respecter le cadre légal. Son efficacité, sa capacité à améliorer les conditions de travail et la prévention au bénéfice de tous repose sur :

  • la prise en compte des enjeux de santé et de conditions de travail comme facteurs stratégiques de la performance de l’entreprise,
  • la capacité à créer au sein du CSE un débat sur le travail et sur les difficultés pour le réaliser - il ne s’agit pas de gommer tous les désaccords mais de pouvoir confronter les points de vue,
  • la capacité à instruire conjointement les sujets. Ce qui implique une bonne maîtrise des sujets abordés par l’ensemble des acteurs, des méthodes de travail structurées, et des relations basées sur l’écoute et le respect mutuel.

Rappel réglementaire 

Les membres de la délégation du personnel du CSE se réunissent avec l’employeur ou son représentant

  • Au moins une fois par mois pour les entreprises de moins de 50 salariés,
  • Une fois tous les deux mois pour les entreprises de 50 à 300 salariés, sauf accord convenant une durée inférieure.

Ces rencontres ont lieu également au sein des commissions, quand elles existent, notamment au sein de la commission santé sécurité et conditions de travail (CSSCT).

 

Conditions de réussite

La qualité du travail paritaire au sein du CSE nécessite que l’ensemble des acteurs qui le composent :

  • explicitent leurs enjeux respectifs (par exemple : favoriser le maintien en emploi des salariés seniors, pérenniser l’emploi, accompagner les transformations numériques des métiers, améliorer la qualité de la production, réduire le nombre d’accidents du travail; etc.),
  • construisent une définition partagée des finalités de l’instance,
  • s’entendent sur les problématiques spécifiques à leur entreprise. Des repères sont proposés dans l'Étape 1 « Mise en place et renouvellement du CSE » : https://www.anact.fr/comite-social-et-economique-comment-mettre-en-place-ou-renouveller-son-cse 

Entreprises d'au moins 50 salariés
Le règlement intérieur du CSE est un document obligatoire. Il a pour objet de fixer les règles d’organisation et de fonctionnement de l'instance, de ses relations avec l'employeur ainsi qu'avec les salariés de l’entreprise.

Dans les entreprises de moins de 50 salariés
Le règlement intérieur du CSE n’est pas obligatoire mais fortement recommandé. À défaut, une charte de fonctionnement du CSE peut être réalisée.

L’enjeu est de dépasser une approche purement réglementaire pour produire des règles de fonctionnement partagées qui fassent référence commune et sécurisent le travail paritaire.

La question des moyens (en temps, en organisation, en compétences) donnés aux représentants du personnel pour exercer leur mandat doit être abordée afin que ceux-ci puissent être en lien étroit avec les salariés et la réalité de leur travail.

Il est important de partager les informations au sein de l'instance. Faute de quoi, l’activité du CSE peut être totalement paralysée. Le partage des informations et leur qualité doit être être discuté au sein de l’instance

  • De quelles informations a-t-on besoin de partager pour instruire tel ou tel sujet ?
  • Existent-elles ? Sous quelles formes ?
  • Quel est le périmètre de confidentialité ?
  • La BDESE (base de données économiques, sociales et environnementales) est-elle à jour ?

Il s’agit également d’échanger à partir de données précises sur les situations réelles de travail (à partir d’enquêtes auprès des salariés, d’analyses de situations de travail, des remontées des salariés recueillis par les représentants du personnel).

Les termes « informer », « consulter », « se concerter », « négocier » sont utilisés dans le cadre du dialogue social et relèvent pour certains d’un cadre juridique mais sont souvent confondus entre eux. Ces registres de dialogue vont du moins au plus « participatif » en terme d’implication des représentants du personnel aux décisions. Se donner une définition commune et s'interroger sur le registre le plus utile pour traiter une question peut limiter les tensions entre les différents interlocuteurs et améliorer la qualité de chacun de ces processus.

Les missions dévolues au CSE sont larges, il est donc nécessaire de fixer conjointement des priorités d’action selon les problématiques de l’entreprise et son actualité (mise en place d’un agenda social par exemple). Plus les acteurs du CSE sont proches des réalités du terrain, en lien avec les salariés, plus ce travail de priorisation sera pertinent. Les ordres du jour, souvent trop chargés, doivent être pensés pour laisser le temps de l’échange.

Chaque point de l’ordre du jour nécessite un travail en amont de la part des deux parties afin de partager un diagnostic du sujet traité et ainsi favoriser la co-construction d’actions.

3 - Traiter les questions de santé, sécurité et conditions de travail (SSCT)

URL de Remote Video

L’une des missions du CSE est de promouvoir la santé, la sécurité et l’amélioration des conditions de travail (SSCT) dans l’entreprise et de réaliser des enquêtes en matière d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. Les prérogatives SSCT, l’existence d’une commission (CSSCT) diffèrent selon la taille de l’entreprise. Mais dans tous les cas, le champ de la SSCT relève d’une approche large des conditions de travail intégrant les conditions matérielles, techniques, organisationnelles et psychosociales.

Le CSE (et la CSSCT quand elle existe) intervient dans ce cadre sur un ensemble de sujets liés :

  • aux changements ayant des impacts sur les conditions de travail,
  • à la prévention des risques professionnels,
  • au suivi et à l’analyse des accidents du travail et maladies professionnelles,
  • ou encore au maintien dans l’emploi et la prévention de la désinsertion et de l’usure professionnelle.

Si la mise en place des mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs relève de la responsabilité de l’employeur, le CSE contribue à l’analyse et à l’anticipation des risques. En cela c’est un acteur clé de la prévention. La proximité avec les salariés et leur situation de travail est indispensable au CSE pour mener à bien cette mission.

Conditions de réussite

Promouvoir la santé, la sécurité et les conditions de travail nécessite d'identifier des sujets à traiter et des problématiques de terrain. Pour contribuer à cela, il est indispensable que le CSE soit ancré dans les réalités du travail et en proximité avec les salariés.

Les représentants du personnel doivent pouvoir accéder facilement aux situations de travail et aux salariés (exercer leur droit à se déplacer dans l’entreprise), et mener un travail d’analyse pour formuler des constats et propositions pertinentes.

Le CSE peut s'articuler avec les autres espaces de dialogue de l'entreprise et notamment les espaces de dialogue professionnel qui se développe au cœur des activités de travail et privilégient l’expression directe des salariés, comme les espaces de discussion sur le travail. Cette articulation enrichit le dialogue au sein du CSE, l’ancre dans les situations de travail et développe alors la capacité de l'instance à répondre aux préoccupations des salariés.

Dans ses prérogatives en matière de suivi et de promotion de la santé au travail des salariés, le CSE doit se doter d’un certain nombre d’indicateurs pertinents pour mener à bien sa mission.

  • Parmi les plus fréquents, les indicateurs de sinistralité (taux de fréquence et de gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles ; inaptitudes et restrictions d’aptitude) sont incontournables. Ils peuvent être complétés par des indicateurs précurseurs ou révélateurs de problématiques de santé et de conditions de travail (incidents, services ou unités de travail les plus exposés aux risques, tensions au sein d’un service, etc.)
  • De même les données issues des bilans sociaux ou RH permettent de compléter la palette : absentéisme, turn-over, les caractéristiques de genre, âge, statuts d’emploi, ancienneté, métiers des populations concernées, etc.
  • D’autres indicateurs sont pertinents à investiguer et parfois à créer. Bien plus qu’une contrainte réglementaire, la BDESE (obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés) est un outil indispensable pour centraliser les informations, cibler des problématiques, des populations fragiles et faire des liens entre différentes sources pour un regard plus large sur les situations de travail et les facteurs de risques associés.

Qu’il s’agisse de mener une enquête après un accident du travail, de lancer une consultation dans le cadre d’un projet de transformation (obligatoire dans les entreprises de 50 salariés et plus), de contribuer à l’élaboration du Document unique ou à l’analyse d’une problématique de maintien en emploi, il s’agit non pas d’aller directement du problème à la solution mais d’abord de comprendre les facteurs à l’origine du problème. Un travail d’analyse rigoureux, en lien direct avec les salariés concernés, est indispensable.

Cela nécessite des compétences spécifiques (analyse du travail réel, synthèse des difficultés individuelles en problématique collective, par exemple) et exige d’adopter une posture compréhensive des situations qui dépasse la posture de jugement du seul comportement des salariés. Un problème renvoie souvent à plusieurs causes.

Le partage des analyses au sein du CSE, la mise en débat des différents points de vue, dans une logique constructive, contribuent à construire une appréhension fine du problème et à élaborer des solutions adaptées. Il s’agit enfin de s’assurer de la mise en œuvre des actions décidées et de leur impact sur les conditions de travail ou les risques encourus.

4 - Négocier en intégrant les questions de conditions de travail

Les évolutions récentes du droit du travail se placent dans une dynamique de décentralisation accrue du dialogue social avec un rôle désormais prépondérant de l’accord d’entreprise. Dans ce contexte, les élus au CSE, en l’absence de délégué syndical, deviennent des acteurs de la négociation collective (selon des conditions différenciées en fonction de la taille d’entreprise).

La négociation peut permettre :

  • d’aborder des sujets complexes,
  • de résoudre des problèmes,
  • d’anticiper ou désamorcer des problématiques pouvant être sources de désaccords entre les représentants du personnel et l’employeur.

C’est une modalité importante de dialogue social qui permet de construire des organisations du travail mieux adaptées aux enjeux et objectifs de l’entreprise et aux attentes des salariés.

Parmi les différents registres du dialogue social, la négociation place les acteurs dans une position et une contribution différente de celles de l’information ou encore de la consultation. Un processus de négociation est engageant pour chaque partie (représentants de la direction et représentants du personnel), donne la possibilité aux représentants du personnel d’intervenir davantage dans les décisions, et in fine à tous les acteurs de coproduire des règles adaptées à leur contexte. Les conditions de travail représentent aujourd’hui un sujet peu investi par les négociateurs d’entreprise. Elles peuvent pourtant, par le champ couvert, avoir des effets sur l’engagement des salariés, l’attractivité de l’entreprise et la qualité du travail.

Conditions de réussite

Objectif : parvenir à un résultat mutuellement acceptable pour les parties en prenant en compte leurs intérêts respectifs et les enjeux communs identifiés. Cette approche de la négociation suppose qu’un gain mutuel est possible, et que les solutions qui satisfont ces intérêts mutuels sont plus durables.

Il s'agit là de renforcer deux modalités : 

  • développer la négociation sur le thème des conditions de travail d'une part  : pénibilité, qualité de vie et des conditions de travail, maintien dans l'emploi, etc. ;  
  • et intégrer la dimension conditions de travail dans toute négociation : temps de travail, gestion des parcours et des carrières, égalité professionnelle, etc.

Exemple pour une négociation sur le télétravail : au-delà du nombre de jours télétravaillables ou des équipements à disposition, intégrer les questions de travail et de conditions de travail dans la négociation, c'est négocier les moyens de soutenir les coopérations dans les équipes à distance et sur site ou les moyens à disposition des manageurs pour soutenir le travail à distance.

Il s'agit de s'entendre, avant de débuter les négociations, sur la façon de dérouler le processus, les modalités de travail, les moyens nécessaires, etc. Ces modalités peuvent être formalisées dans un accord de méthode

L'état des lieux sur le sujet à traiter est une étape préalable essentielle avant de définir des solutions adaptées répondant aux enjeux identifiés : réaliser un diagnostic et le partager en analysant des indicateurs, les difficultés sur le terrain, des expériences existantes dans d’autres entreprises, etc. 
 

Avant de choisir ceux qui seront retenus, tous les scénarios possibles doivent être mis sur la table afin d’élargir la réflexion et les possibilités d'actions négociables. Il est ensuite important de définir des critères de choix (par exemple le niveau de satisfaction des intérêts des parties, la faisabilité, le rapport coût/bénéfice) pour sélectionner les scénarios retenus. 

Un dispositif d'évaluation de l'accord doit être discuté en amont de sa mise en œuvre : suivi paritaire, indicateurs d’évaluation, échéances, modalités, etc. 

Boîte à outils Fonctionnement du CSE

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