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L’urgence, ce n’est pas le thermomètre mais un bon diagnostic et un traitement adapté à une situation réelle

Cas entreprise

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Secteur d'activité
Effectif
Dans cette entreprise, la demande d’un baromètre social, c’est-à-dire d’un outil d’observation pour « prendre la température du climat social » laisse perplexe les intervenants sollicités à cette fin. Car en fait, l’analyse des situations de travail et particulièrement des différences de stratégie organisationnelle basées sur une répartition sexuée des fonctions se révèle être au cœur des difficultés que traverse cette structure. D’autres dysfonctionnements sont identifiés qui obligent la direction à concevoir un nouveau mode de management et de gestion des ressources humaines… sur le long terme.

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Qui ? 

L’entreprise est présente sur l’ensemble de l’hexagone sous forme d’agences. Son activité consiste à livrer du fioul à des entreprises et des particuliers. L'agence où l’intervention a eu lieu se compose de deux sites, gérés par une même direction : en région Centre et dans une région limitrophe. L’Aract Centre interviendra sur un seul site, composé d’un effectif de 28 personnes.

Quel était le problème à régler ?  

Le directeur de l'entreprise, le chef d'agence et le responsable des ressources humaines rencontrent les services de la DIRECCTE afin d’être entendus sur une situation conflictuelle, signalée par les représentants du personnel, impliquant une salariée et la suspicion de risques psychosociaux. L’entreprise demande à l’Aract la réalisation d’un diagnostic, puis de l’accompagner dans la mise en place d’un baromètre social.

Qu’ont-ils fait ?  

Le diagnostic se réalise par l’analyse de situations de travail, des entretiens individuels - collectifs et des travaux de groupe, visant à faire identifier par les salariés eux-mêmes les contraintes et les ressources existantes dans leur entreprise.

Les ressentis et constats issus des différents entretiens et travaux de groupe mettent en exergue : une répartition des postes sexuée. Les femmes sont à l’administratif, elles occupent les postes d’assistantes. Les hommes sont « itinérants » car chauffeurs/livreurs et techniciens. Une seule équipe est mixte, celle de la logistique.

Au démarrage de l’action, seules les femmes de l’entreprise se manifestent. Il faut attendre l’observation des situations de travail des équipes masculines pour créer du lien et qu’à leur tour, ils expriment leur volonté de participer de façon active à la démarche.

Une scission au sein de l’effectif est observable: contrairement aux hommes, les femmes sont en soutien de la direction. Les situations de tensions décrites pour les uns sont inexistantes pour les autres, ce qui questionne la pratique d’un management sexué.

Le diagnostic se poursuit et fait émerger des rancœurs, des situations de non-communication, ou de communication agressive, violente, une incompréhension des décisions et un manque de dialogue entre la direction et les hommes de l’entreprise ou avec toute personne s’opposant à l’autorité installée.
Des opportunités de changement de postes et non de carrière existent dans la structure mais elles sont uniquement proposées à certaines femmes, pressenties pour la réalisation de ce travail.

Les femmes évoluent, le contenu de leur travail change et peut s’enrichir, contrairement à celui des hommes, plus routinier. Rien ne leur est proposé. Ils se questionnent sur l’avenir de leur métier parce que l’entreprise fait appel à des chauffeurs externalisés. Des départs en retraite sont à venir sur la population de chauffeurs/livreurs et techniciens et rien ne semble être prévu.

Concernant les marges de manœuvre et l’autonomie des salariés : là encore une division sexuée est observable. Les femmes bénéficient de plus de souplesse dans leur organisation du travail quotidienne. Des arrangements d’horaires sont possibles. Les hommes passent au bureau le matin pour prendre connaissance de leur planning de tournée indiquant les heures de passage chez les clients. Leurs véhicules sont géolocalisables pour faire face à d’éventuels imprévus de livraison, l’ajout de commandes ou le dépannage d’un client. Ils disposent donc d’une liberté très encadrée. Des aménagements d’horaires et des arrangements de dernière minute pour convenance personnelle sont impossibles.

Le diagnostic a mis à jour l’existence d’une organisation du travail sexuée, la carence de parcours professionnel, le manque d’anticipation des départs en retraite et donc d’une gestion des âges dans l’entreprise. À cela s’ajoute le défaut de communication et l’absence d’une écoute bienveillante. Le comité de pilotage a validé une douzaine de points d’amélioration. Il s’agit globalement d’un rappel et d’un partage des règles de fonctionnement, mais aussi d’un travail sur la communication en équipe par la mise en place d’espaces de discussion pour la rendre plus fluide, plus constructive et ainsi éviter les non-dits et les situations conflictuelles.

Pour quels effets ?  

L’intervention a permis de mettre en avant des contraintes et ressources et de conclure à l’absence de risques psychosociaux dans l’entreprise, mais avec quelques réserves et des points de vigilance.

Les situations observées telles que la non-mixité des postes, les parcours et le vieillissement de la population vont faire l'objet d'une étude approfondie une approche par la démographie du travail. Cela donnera une vision plus précise des effectifs, du passé comme du présent, et permettra une anticipation de l’avenir de façon partagée.

Quant au baromètre social, il est mis entre parenthèses dans l’immédiat pour se concentrer sur les thématiques évoquées précédemment.

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