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L’anticipation de l’usure professionnelle, un projet dans la vie globale de l’entreprise

Cas entreprise Mecabourg

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L’expérience montre qu’il en va de la santé de l’entreprise comme de celle des humains. Au sens où, très souvent, un symptôme peut cacher ou révéler une pathologie inattendue. Dans le cas décrit ci-dessous, une première approche de l’usure professionnelle semblait s’orienter et se limiter aux seules données physiques et environnementales du poste de travail… mais au fil de l’intervention, elle s’élargit à d’autres sphères, telles les compétences, l’organisation avec des besoins d’indicateurs, la charge de travail, etc. Preuve que les réalités sont toujours plus complexes qu’elles ne le laissent paraître!

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Qui ? 

L'entreprise fabrique et conditionne des produits pâtissiers principalement à base de caramels. Elle a été créée en 2001 à l’occasion de la vente d’un site industriel à de nouveaux actionnaires dont la première des décisions a été de maintenir l’ensemble des emplois. Son chiffre d’affaires n’a cessé de progresser depuis sa reprise, permettant entre autres une croissance progressive des effectifs de 33 à 45 salariés.

Quel était le problème à régler ?  

Le médecin du travail attire l’attention du responsable de production sur le vieillissement d’une partie de la population salariée et les difficultés qu’elle entrevoit à terme pour maintenir dans l’emploi certains d’entre eux. Par ailleurs, le site doit démarrer une nouvelle production de colorants alimentaires. L'entreprise sollicite de l'Aract un appui sur ce projet pour mieux intégrer l’amélioration des conditions de travail et en tirer des enseignements plus généraux sur une politique de prévention de la pénibilité; à cette même occasion, elle lui confie l'accompagnement du démarrage de la nouvelle ligne de production.

Qu’ont-ils fait ?  

La conjonction de l'interpellation du médecin du travail et de la mise en place d'une nouvelle ligne de production a convaincu l'entreprise de coordonner les deux démarches qu'elle envisageait. Elle a alors décidé d’accepter la proposition du service de médecine du travail de réaliser une étude des postes les plus à risque TMS; elle a de plus demandé aux deux structures (médecine du travail et Aract) de travailler ensemble à l'élaboration d’une politique de prévention de la pénibilité.

Dans un premier temps, l’analyse des données, réalisée par l’Aract, a permis d’objectiver la situation et de partager le fait que l'entreprise se trouvait face à un processus d’usure, mais avec des difficultés pas encore ancrées (on note, par exemple, peu de cumul de pathologies chez une même personne).

En filmant le travail, puis en le mettant en débat avec des groupes d’opératrices, l'intervenant a fait ressortir leurs difficultés quotidiennes et envisagé avec elles des propositions d’améliorations qui concernaient aussi bien des aménagements physiques des machines et de l’environnement de travail que des actions auprès des fournisseurs et des évolutions, en interne, des prestations de certains services comme le laboratoire et la maintenance.

À partir de cette première approche auprès des opératrices d’une ligne particulière, l’Aract a posé des hypothèses de problématiques généralisables à tout ou partie des autres lignes. De l'autre côté, le travail du service de médecine consistant à analyser l’ensemble des lignes de conditionnement a permis de disposer d’une photographie des différentes contraintes existantes et de leur récurrence. Le croisement des deux démarches par les intervenants des deux structures a conduit à valider les hypothèses proposées et à fait ressortir certains éléments complémentaires. Ce fut le cas pour ce qui concerne la conception des lignes où l’on constate le manque fréquent d’indicateurs de niveaux. Cette situation, par exemple, oblige les opératrices à développer des stratégies auditives leur permettant d’anticiper la rupture de tel contenant et générant ainsi une charge mentale supplémentaire.

Au final, une séance de travail a été organisée avec la participation de l’actionnaire, des membres de l’encadrement, des représentants du personnel, le service de santé au travail, l’Aract, et l’Agefos PME. En recoupant les recommandations de chaque acteur, l'entreprise a construit son plan de prévention de la pénibilité. Il permet d’agir à plusieurs niveaux:

- en curatif, des actions sont engagées autour de la hiérarchisation de certains aménagements des machines;

- mais on ne pouvait en rester là. Des actions ont donc été validées, d'une part, en prévention secondaire (créer un cahier de suivi des dysfonctionnements, stabiliser les équipes pour développer une compétence collective et éviter de sursolliciter les permanents, améliorer la maintenance préventive…), et d'autre part, en prévention primaire (intégrer dans les futurs cahier des charges d'achat machine les manques constatés, associer les opératrices à la conception, développer les compétences techniques de ces dernières). Il s’agit, en effet, de protéger aussi les salariés aujourd’hui indemnes de toutes lésions.

Pour quels effets ?  

Lors d'un bilan réalisé quelques mois plus tard, le responsable de production confirmera, au regard de sa propre expérience, la nécessité d’agir simultanément dans plusieurs directions. Le travail conjoint du service de médecine et de l'Aract a permis d’y parvenir. Il aura démontré que les sujets envisagés au départ sous un angle santé peuvent s'enrichir d'une mise en lien avec les questions de compétences et de conception des organisations et des matériels. C'est d'ailleurs ce que l'entreprise a mis en œuvre, en intégrant dans son plan de formation des actions pour les populations considérées et en sollicitant un accompagnement sur l'évolution d'une ligne de production. Accompagnement qui vise à formaliser une méthodologie et des outils permettant d'associer les salariés à ces phases de conception.

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