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L’analyse des modes de coopérations : une clé pour identifier les pistes de progrès dans l’entreprise

Visuel - cas d'entreprises

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On a souvent tendance à penser qu’une intervention en entreprise doit coûte que coûte tenir les délais fixés à l’avance. Il faut, pense-t-on, faire vite, aller à l’essentiel… C’est ignorer que l’analyse de l’existant, l’identification des pistes de progrès et l’élaboration des solutions concrètes, c’est-à-dire toute la démarche doit être investie par l’ensemble des acteurs. C’est le prix de la réussite…

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Qui ? 

Ce site d’une grande entreprise sidérurgique est spécialisé dans la découpe et la distribution d’aciers spéciaux. Il compte 40 salariés. Sa direction est depuis longtemps engagée dans une réflexion sur ses processus de management, de GRH ou de prévention. Toutefois, malgré quelques pratiques originales et participatives, le sentiment d’une certaine incompréhension entre « bureaux » et « ateliers » reste un sujet de préoccupation.

Quel était le problème à régler ?  

Au moment où l’entreprise souhaite engager un projet de prévention des pénibilités, Aravis et des consultants lui proposent une action expérimentale sur le thème des coopérations. Le parti pris méthodologique est original : observer les processus de coopération à l’œuvre dans les entreprises pour les aider à prendre du recul et à identifier des pistes de progrès. L’entreprise décide donc de rentrer dans le dispositif et choisit son projet de prévention des pénibilités comme terrain d’expérimentation.

Qu’ont-ils fait ?  

La conduite du projet de prévention des pénibilités est confiée au responsable HSE. Le groupe de travail qu’il a mis en place est constitué de l’agent de maîtrise, du responsable logistique et d’un salarié de l’administration. Les deux intervenants accompagnant l’entreprise sur ses pratiques de coopération participent à la première réunion mais se positionnent en simples observateurs : comment le groupe de travail va-t-il fonctionner ? Avec quels principes de coopération ?



Le responsable HSE commence par planter le décor : les enjeux réglementaires et les échéances serrées qui en découlent. Il est ainsi prévu de passer deux demi-journées pour analyser la quinzaine de postes en production. Après une rapide présentation, il invite donc le groupe de travail à se rendre sur le terrain pour commencer les analyses. Les intervenants notent au passage qu’aucune méthodologie d’analyse n’a été partagée et discutée au préalable.



Dans l’atelier, les participants observent un opérateur mais de manière dispersée et sans chercher réellement à comprendre ce que vit l’opérateur. Désignant un panaris sur son auriculaire, celui-ci prend pourtant la parole : « la pénibilité, pour moi, c’est de me faire mal aux mains comme ça… ». Le problème est lié au passage difficile d’une élingue. L’agent de maîtrise précise qu’il a déjà étudié ce problème mais que la solution technique n'a pas été retenue faute de budget. La visite se poursuit. L’un des consultants a l'impression d'avoir accordé trop peu d'attention à cet échange et revient en arrière pour questionner l’opérateur. Celui-ci a bien sûr d’autres choses à dire sur la pénibilité de son poste. Les participants sont passés à côté de la possibilité d’en savoir plus sur sa pratique, ses difficultés, ses idées d’amélioration.



Retour en salle. Le responsable HSE projette à présent quelques photos prises dans l’atelier. Cette fois, tout le monde regarde la même chose. Peu à peu, ce qui ne s’est pas produit au pied de la machine prend place : un réel échange sur les observations et sur les solutions possibles. La discussion revient notamment sur le panaris de l’opérateur. Un participant s’inquiète pour son doigt. Un autre indique qu’il n’était pas prévu de travailler comme çà. Mais l’opérateur n’est plus là pour réagir et expliquer sa manière de voir les choses.



Lors de la deuxième réunion, les intervenants animent un temps de debriefing sur la manière dont chacun a vécu ce travail collectif. Plusieurs constats émergent progressivement. Il apparaît que le temps d’échanges collectifs concentrés autour de problèmes précis a été fructueux, la présence active de l’opérateur aurait dans ce cadre été nécessaire, tant pour questionner sa propre vision des pénibilités que pour analyser les situations (ce qu’il fait, pourquoi, les aléas, les dysfonctionnements). Les membres du groupe de travail le reconnaissent : ils ont l’impression de bien connaître ce qui se passe dans l’atelier et ont des idées préconçues sur ce qu’il faudrait faire ou sur les problèmes sans solution. Ils ont envie d’aller vite. Il faut trouver une méthodologie qui évite ce biais !

Pour quels effets ?  

Il est finalement décidé de repenser la démarche : chaque participant est nommé animateur de petits sous groupes de travail liés à chacun des postes, avec les opérateurs et autres personnes concernés. Une grille d’analyse et de questionnement est partagée en amont. Celle-ci n’est pas fermée mais vise surtout à favoriser les échanges et la compréhension des situations. Plus globalement, le responsable HSE sent bien qu’il s’est enfermé dans l’objectif de tenir une échéance serrée plus que dans l’animation d’un projet susceptible de faire émerger des solutions nouvelles. Cela le questionne sur la manière d’envisager son rôle à l’avenir.



La suite du projet butera un peu sur la difficulté de maintenir un rythme régulier de réunions, du fait notamment de la multiplicité des projets — c’est là un autre sujet de réflexion pour l’entreprise. Il ressortira toutefois de la démarche une réelle satisfaction et notamment le sentiment d’avoir contribué à réduire la distance entre « atelier » et « bureaux », entre « opérateurs » et « organisateurs ». C’est le fonctionnement global de l’entreprise qui, à cette occasion, a pu progresser.

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