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Et si l’égalité professionnelle améliorait les conditions de travail pour tous ? L’exemple de Cabre, PME du bâtiment

Et si l’égalité professionnelle améliorait les conditions de travail pour tous ? L’exemple de Cabre, PME du bâtiment

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Le bâtiment est un secteur d’activité traditionnellement masculin où les femmes ne représentent que 11% des effectifs. Pourtant, des entreprises s’engagent vers la mixité. Exemple avec l'entreprise Cabre.

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Qui ? 

L’entreprise Cabre, PME régionale de second oeuvre était spécialisée en peinture à sa création en 1956. Peu à peu elle s’est diversifiée dans d’autres activités rattachées au bardage des façades. Ses compétences portent également aujourd’hui sur la peinture et le revêtement des surfaces intérieures et extérieures et le désamiantage. Elle employait 153 salariés. Les hommes étaient répartis sur 9 types de métiers en production quand aux 5 femmes présentes, elles étaient toutes sur le pôle administratif. 

Quel était le problème à régler ?  

Depuis la loi de 2010 toute entreprise de plus de 50 salariés doit réaliser un accord ou plan d’action en faveur de l’égalité professionnelle. Si les entreprises de plus de 300 salariés sont bien couvertes par cette obligation il n’en est pas de même pour les petites entreprises qui se trouvent souvent démunies pour mettre en œuvre la démarche. 

Qu’ont-ils fait ?  

«L’égalité professionnelle c’est compliqué », tels étaient les propos du personnel de l’entreprise au démarrage de l’accompagnement. Le travail en extérieur, en hauteur, le port de charges lourdes, mais aussi l’habitude de ne travailler qu’entre hommes, autant de représentations qui semblaient rendre impossible l’arrivée de femmes sur les chantiers. Ces séquences d’échanges ont permis d’aborder de nombreux points marquants et notamment ceux ayant trait aux conditions de travail considérées comme bloquantes pour l’intégration de femmes sur les chantiers.

Un groupe de travail composé de membres du CE, du CHSCT et représentatif des différents métiers de l’entreprise a été constitué. L’intervention de l’Aract a débuté sur les représentations en matière d’égalité professionnelle pour disucter des a priori et des difficultés du métier. Des témoignages d’entreprises du du bâtiment ayant embauchées des femmes ont été visionnés et discutés pour montrer que la mixité est possible malgré les difficultés évoquées.

L’impact des différences entre les hommes et les femmes dans le monde du travail en terme de diversité des emplois, de parcours, de salaires et donc de retraites mais aussi de conditions de travail a été éclairé avec les chiffres de l’INSEE, de la CNAMTS et de différentes enquêtes sur la santé au travail.

Pour démarrer un plan d’action il faut partir d’un état des lieux de la situation. L'outil de diagnostic égalité professionnelle a été mis à disposition de l’entreprise pour y entrer l’ensemble de ses données RH. Chacun des indicateurs demandé par la loi sur la situation comparée des hommes et des femmes de l’entreprise (répartition par CSP, par métiers, par tranches d’âges, d’ancienneté, de salaire, accidents du travail, arrêts maladie ...) a ensuite été analysé en groupe de travail. Pour chaque critère des constats ont été faits à partir des tableaux chiffrés et de leur représentation graphique. Des hypothèses ont été discutées pour expliquer cet état des lieux (histoire de l’entreprise, pratiques de recrutement, évolution du marché...).

Ces séquences d’échanges ont permis d’aborder de nombreux points marquants et notamment ceux ayant trait aux conditions de travail considérées comme bloquantes pour l’intégration de femmes sur les chantiers.

Pour quels effets ?  

Construire des liens avec la démarche pénibilité 

Le lien avec la démarche pénibilité engagée dans l’entreprise et pilotée par le responsable sécurité a été fait. Les difficultés particulières sur chacun des métiers ont été évoquées en groupe de travail. Les différents dispositifs mis en place pour améliorer les conditions de travail (aides à la manutention, chariots et plans de travail à hauteur pour les outils sur les échafaudages, plateformes de travail plus larges ...) permettent aujourd’hui d’envisager l’arrivée de femmes sur ces postes. D’autres actions ont été décidées telles que la limitation des ports de charges à 25 kgs pour tous. Certaines mesures plus spécifiques à l’arrivée de femmes ont été prises telle qu’une vigilance sur le choix des chantiers où elles seront affectées (notamment les quartiers « sensibles » ), ou des binômes mis en place avec un homme expérimenté et reconnu par ses pairs pour favoriser l’intégration... 

Susciter les candidatures féminines

Pour embaucher des femmes encore faut-il avoir des candidatures. Des actions en ce sens ont été décidées à destination des écoles professionnelles de la région pour faire découvrir les métiers de l’entreprise aux filles, et auprès des agences d’intérim ou d’insertion par lesquelles passe habituellement l’entreprise pour ses recrutements. En effet les stéréotypes sur la répartition des métiers ne sont pas le seul fait de l’entreprise. Elle prend sa source dans la société avec des rôles pré supposés pour les filles et les garçons et c’est l’ensemble les acteurs du monde scolaire et professionnel qu’il faut faire évoluer.

Saisir l’opportunité d’un nouveau chantier 

Le coût du doublement des bases vie pour avoir des vestiaires séparés hommes/femmes sur les chantiers est une des difficultés pour la mixité dans ce secteur. L’entreprise profite du démarrage d’un chantier peinture important avec des bases vie mutualisées pour embaucher deux femmes. Les partenaires sociaux et la direction en sont convaincus : une fois ces premières intégrations réalisées, rien n’empêchera à terme d’embaucher d’autres femmes sur les différents chantiers de l’entreprise. Chaque année la situation comparée des femmes et des hommes sera ré-évaluée et le plan d’actions sera réaménagé si nécessaire en fonction des indicateurs de suivi définis de façon concertée pour chacune des actions engagées. L’accompagnement a permis à l’entreprise d’aborder la question de l’égalité professionnelle dans une démarche progressive et outillée.

La démarche participative et pluridisciplinaire apporte des éléments précieux sur les conditions de réalisation du travail et permet une prise de conscience des évolutions à mettre en œuvre. En favorisant l’égalité professionnelle et l’accessibilité des femmes aux différents métiers, c’est la diminution de la pénibilité qui est visée avec au final une meilleure qualité de vie au travail pour tous !

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