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Aide à domicile : identifier les facteurs de TMS pour mieux les combattre
Publié le 24/10/2008

A propos
Publié le 24/10/2008
Cette entreprise intervient dans 4 domaines : aide à domicile, (65 % de l'activité) ; insertion sociale et familiale, développement social local, dynamique de quartier ; Assistance Educative en Milieu Ouvert (AEMO) ; Prévention spécialisée, Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ)
Elle compte 4 directions locales, 41 pôles d’activité et plus de 60 centres répartis sur un département.
La médecine du travail a remarqué le nombre croissant d’aides à domicile se plaignant de douleurs aux membres supérieurs ; certaines pathologies ont été reconnues comme maladie professionnelle de type troubles musculosquelettiques (TMS).
En lien avec les membres du CHSCT, la direction engage un chantier de prévention du risque de TMS, tout en relevant la difficulté de réunir les salariés du service d'aide à domicile.
Un groupe projet est constitué. Son rôle : définir les différentes étapes du projet de prévention ; coordonner les acteurs ; suivre les avancées du projet et en tenir informées les équipes opérationnelles.
De son côté, le comité de pilotage participe à l’analyse des facteurs de risques identifiés et élabore des scenarii de plans d’action qui permettront à la direction générale de choisir. Ce comité regroupe les différents niveaux de la hiérarchie de l'entreprise, une aide à domicile (AD), un médecin du travail, un contrôleur du service prévention de la caisse de sécurité sociale et les membres du groupe projet.
Il existe trois grandes catégories de facteurs de risques d'apparition des TMS : les facteurs personnels, biomécaniques et psychosociaux. Concernant la première catégorie, les salariées – essentiellement des femmes – ont en majorité entre 35 et 45 ans. En charge de famille, elles disposent de faibles ressources, car elles travaillent à temps partiel. Leur parcours professionnel est varié, certaines disposant d'une qualification ou d'une expérience, d'autres pas. Elles sont confrontées tous les jours à la vieillesse, la maladie et la mort des usagers.
Quatre facteurs biomécaniques se révèlent importants : l'absence ou l'inadéquation de matériel et de produits d’entretien alourdit le travail ; les activités communes à tous les bénéficiaires multiplient les tâches répétitives ; les manutentions sont parfois difficiles, suivant la mobilité de l'usager ; enfin, la charge de travail varie en fonction du comportement des patients ou de leur famille.
Dernière catégorie, les facteurs psychosociaux, avec une question centrale : quelle est la perception du rôle de l'AD ? Les bénéficiaires (ou leur environnement familial) la considèrent parfois comme une femme de ménage. La façon dont les prescripteurs la présentent aux familles a un impact direct sur la relation aux usagers.
Quant aux AD elles-mêmes, elles ont du mal à définir leur rôle : « On fait comme à la maison, mais…», alors qu'elles doivent nécessairement prendre en compte les particularités des bénéficiaires ou les contraintes horaires…
Enfin la hiérarchie doit s'interroger sur les moyens mis en place pour assurer le rôle de soutien social et d’écoute, par exemple la gestion de l’accompagnement de fin de vie.
Deux autres facteurs de risques psychosociaux apparaissent : d'une part, l'adéquation entre l'usager et l'AD, que ce soit en termes de compétences, de qualifications, mais également de personnalités ; d'autre part, la perte d'un bénéficiaire fait peser sur l'AD un risque financier (perte de ressources) et mental.
Ces différents facteurs de risque invite à s'interroger sur 5 points clés :
– quelles sont les modalités d’intégration des AD sur leur poste et comment développer leurs compétences ?
– comment l’organisation peut-elle assurer le lien entre vie au travail et vie hors travail, pour que soit mieux gérée la part affective de l’intervention ?
– quel rôle donner au collectif dans la fonction de l’apprentissage, de l'échange de pratiques ?
– comment communiquer avec les prescripteurs ?
– comment limiter le risque de perte du bénéficiaire, aujourd'hui porté de manière individuelle ?
L'entreprise a mis en place des indicateurs de suivi sur le nombre d’accidents du travail, de maladies professionnelles déclarées, de plaintes auprès de la médecine du travail, de contre-indications, d’inaptitudes au poste déclarées…
Ces indicateurs sont croisés avec les zones, les âges, l’ancienneté, le niveau de qualification, les bénéficiaires de formation, la période, l'état de santé du bénéficiaire, etc.
Sur une direction, un plan d'actions a été lancé. Il porte notamment sur l'implication des AD dans l’évaluation des risques.
D'une manière générale, la démarche a permis :
- de mettre à plat les améliorations déjà apportées aux conditions de travail des AD, mais aussi d'identifier des facteurs de risques psychosociaux pour les chargés de secteurs qui encadrent les AD ;
- d'aider l'entreprise à structurer une démarche participative et partenariale.