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Absentéisme professionnel: fatalité ou symptôme ? Des démarches et des moyens pour agir…

Hauts-de-France

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L’absentéisme professionnel, parce qu’il a un coût économique et social, serait-il scruté par les RH comme un des indicateurs de « bonne santé » de l’entreprise ? Pourtant, les politiques mises en place pour y remédier montrent que les responsables d’entreprises n’en ont pas une même représentation. Certains allant jusqu’à l’attribuer à des comportements calculés de la part des salariés concernés. Or, des études récentes montrent que ce phénomène, dans sa nature et son taux, ne peut se comprendre sans lien avec la qualité des conditions de travail. Avec des points de vigilance comme la nature du contrat, l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle… et l’organisation du travail ainsi que les modes de reconnaissance.<br> Cette fédération manifeste une réelle volonté de se faire accompagner dans l’analyse et la compréhension des situations spécifiques de chaque entreprise adhérente, de caractériser certains indicateurs-clés pour ensuite concevoir et mettre en œuvre des démarches de gestion et de prévention.

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Qui ? 

Cette fédération régionale des employeurs du Bâtiment compte environ 2000 adhérents dont 60% sont des entreprises artisanales de moins de 10 salariés. La vingtaine de collaborateurs qu’elle emploie sont des spécialistes de divers domaines (RH et formation, juridique, environnement, sécurité, etc.); ils ont un rôle de conseil aux entreprises, et ce sous diverses formes : du conseil donné en direct au téléphone, à une intervention d’une demi-journée dans l’entreprise, jusqu’au montage d’actions collectives qui visent notamment la création d’outils à mettre à disposition des entreprises. Des outils souhaités pratiques et concrets, qu’un chef d’une petite entreprise doit être en mesure de s’approprier facilement.

Quel était le problème à régler ?  

Un constat est fait au sein du service juridique: un très grand nombre d’appels d’entreprises concernent l’absentéisme de leurs salariés. Les pratiques des entreprises face à cette problématique sont très nuancées: certaines ne prennent aucune disposition pour mesurer et combattre les absences, d’autres au contraire, ont des pratiques de sanction, sans politique de prévention. Tous les secteurs du bâtiment sont touchés. Ces absences prennent différentes formes suivant les entreprises : absences le lundi matin, absences répétées, longues périodes d’absence, etc.

Lorsque l’entreprise sollicite un conseil, la situation est généralement dans une phase de dégradation avancée (forte difficultés de fonctionnement, relations tendues entre direction et salariés). Pour sensibiliser ses adhérents à l’absentéisme, les aider à l’identifier et agir pour le réduire, les services juridique et ressources humaines de la fédération ont souhaité concevoir conjointement un nouvel outil à double objectif : 1)- donner des indications pour l’identification de l’absentéisme, 2)- comment le gérer et le prévenir?

Qu’ont-ils fait ?  

Le travail a consisté à:

- rechercher et analyser des données chiffrées sur les absences et plus globalement sur la santé au travail dans le secteur du bâtiment dans la Nord — Pas-de-Calais;

- enquêter auprès d’un échantillon de 9 entreprises du bâtiment : caractériser leur absentéisme, en identifier les principales causes. Puis analyser les pratiques et les actions qu’elles ont mises en œuvre.

L’objectif était de repérer les besoins des entreprises sur cette question, ainsi que des pistes de solutions, afin de proposer des outils efficaces et adaptés pour diminuer les absences.



Un groupe de 9 entreprises volontaires a été constitué pour participer à des séances de travail et à la réalisation d’une enquête. Le projet comportait quatre grandes phases:

1) Caractérisation de l’absentéisme: sur la base d’un recueil de données RH et santé au travail disponibles au niveau des acteurs santé - travail régionaux (CARSAT, OPPBTP, Atlas régional ) et des entreprises (bilan social, statistiques absentéisme).

2) Enquête auprès des salariés terrain. Des entretiens avec des ouvriers, chefs d’équipes, chefs de chantiers et conducteurs de travaux ont été réalisés au sein de 6 entreprises pour l’enquête de terrain (53 personnes au total). Cet échantillon s’est constitué de salariés d’âge, ancienneté, formation, échelon variés et de secteurs plus ou moins touchés par des absences, de personnes concernées par différents types d’arrêts (courts, longs, fréquents, justifiés, injustifiés) et enfin, de celles non concernées par des absences.

3) Restitution, mise en débat et validation des travaux au sein du groupe d’entreprises.

4) Élaboration des outils.



L’enquête faisait état de deux formes d’absentéisme. D’une part, un absentéisme lié à des pathologies médicales, symptôme d’une usure professionnelle, de la pénibilité du travail et d’un stress grandissant. D’autre part, d’un absentéisme de «retrait» lié:

- à des difficultés dans le processus d’intégration des nouveaux embauchés, parfois appréhendé comme une «mise à l’épreuve» où ceux qui s’en sortent le mieux sont positionnés sur des tâches considérées «nobles» (tâches techniques), et ceux qui ont plus de difficultés sont affectés à des tâche considérées «ingrates» (balai, marteau piqueur);

- à un temps insuffisants pour les salariés expérimentés à consacrer à la transmission de leurs savoirs faire, en particulier du fait de cahiers des charges de plus en plus contraignants en matière de délais;

- à l’absence de perspectives professionnelles et à la perception d’un manque de reconnaissance symbolique (considération) et financière (rémunération faible, règles de progression dans la classification parfois floues ou pas appliquées);

- enfin, à des questions de sens du travail : premièrement, en relation avec l’évolution de certains métiers du bâtiment, du fait notamment, de l’introduction de nouveaux matériaux dans le but de réduire les coûts, et de l’évolution des critères de qualité attendue du travail; ensuite, parfois corrélées à un manque de visibilité du projet de l’entreprise, source pour les salariés, d’inquiétudes sur l’avenir de la structure et de craintes pour leur emploi.

Pour quels effets ?  

L’enquête a servi de support à l’élaboration d’un KIT de sensibilisation et de prévention de l’absentéisme contenant: une vidéo de sensibilisation réalisée spécifiquement pour le bâtiment, un logiciel de suivi et d’analyse des absences, une plaquette d’information sur l’absentéisme et ses principales causes, une définition de l’absentéisme, et des fiches pratiques pour le prévenir: RH, Juridique, santé-sécurité, prévention du stress, mise en place d’une démarche de GPEC, un guide d’entretien de retour.

Le kit a été envoyé à l’ensemble des adhérents. Il a été conçu comme un premier niveau d’explication, une première base de mesures à appliquer avec une volonté de donner envie d’aller plus loin. Le travail réalisé sur cette entrée très large qu’est l’absentéisme fut également une excellente opportunité pour procéder à un état des lieux des conditions de travail du secteur et repérer les principales problématiques qui se posent. Il a permis à la fédération de bien comprendre le phénomène, de proposer une définition de l’absentéisme commune aux entreprises, et d’aller chercher les éléments de mesure.

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