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Adapter la démarche de prévention à la situation de l’entreprise et aux conditions de réalisation du travail… c’est le pied !

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A propos

Secteur d'activité
Effectif
Une démarche de prévention ne peut faire l’impasse d’une approche globale des facteurs de risques. L’analyse du travail et les mots « pour en parler » éclairent une représentation commune de la réalité et aident les parties prenantes à se projeter vers des solutions concrètes.<br> Dans ce contexte, le dispositif de formation-action renforce la maîtrise des connaissances sur la thématique donnée. Il permet aux salariés qui s’y inscrivent d’être rapidement opérationnels et surtout en capacité de démultiplier leurs acquis auprès des collègues.

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Qui ? 

Cette entreprise emploie 70 personnes réparties entre 2 ateliers de production et une vingtaine de cabinets de podo-orthésie implantés de l’Alsace à l’Aquitaine. Les ateliers de production fabriquent plus de 4000 paires de chaussures par an en relation avec les cabinets qui accueillent les patients. Entreprise familiale à l’origine, les 10 dernières années ont été marquées par un changement de propriétaire et une intégration dans un groupe avec les 2 autres entreprises du secteur qui en font aujourd’hui le leader en France de la podo-orthésie.

Quel était le problème à régler ?  

Confronté à la déclaration des premières maladies professionnelles de type troubles musculosquelettiques (TMS) et pour être aidé dans la construction de la démarche de prévention, le secrétaire du CHSCT a proposé à la direction de l’entreprise de s’inscrire à la formation-action sur la prévention des TMS pilotée par le MEDEF 79 et animée conjointement par l’Aract et la CARSAT Centre-Ouest.

L’objectif de cette action est de rendre l’entreprise capable de conduire elle-même sa démarche de prévention des TMS avec l’appui de la CARSAT ou l’Aract pendant un an à l’issue de la formation. Un CHSCT existe dans l’entreprise et son secrétaire — certes peu suivi (seulement 2 représentants du personnel) — est investi dans la prévention des risques professionnels

Qu’ont-ils fait ?  

Après engagement du directeur, le responsable des ateliers de production et le secrétaire du CHSCT, monteur dans l'atelier, ont participé à une formation sur la conduite d'une démarche de prévention des TMS. Au retour dans l'entreprise, ce binôme a dans un premier temps présenté la démarche lors d'un CHSCT avec l'objectif de choisir un secteur prioritaire pour agir, un secteur s'inscrivant dans le plan d'action pour la prévention des risques professionnels en vigueur depuis seulement 3 ans.


Disposant de peu de données sur la santé au travail et souhaitant néanmoins mobiliser les équipes dans la démarche jusqu'ici vécue comme un contrainte, des échanges par petits groupes de salariés ont été organisés dans les deux ateliers. Un document d'information a été transmis aux podo-orthésistes et aux secrétaires répartis dans les cabinets accueillant les patients. Ces temps d'information ont également été l'occasion de remettre, à l'ensemble des salariés y compris le secrétaire du CHSCT, un questionnaire sur le travail et l'état de santé.

Les résultats de ce questionnaire (taux de retour de 70%) sont traités par le binôme avec l'appui de l'Aract. Une proportion très importante des répondants expriment des douleurs au travail au niveau du bas du dos, du cou et des mains quels que soient l'âge et l'ancienneté. Une synthèse des résultats est présentée à la direction puis aux équipes des deux ateliers en précisant que les analyses seraient d'abord focalisées sur le secteur «Piqûre».

En effet, compte tenu des douleurs décrites et du nombre de personnes concernées (20% de l'effectif des ateliers), c'est le secteur « Piqûre » (assemblage des éléments en cuir ou tissu par couture) qui est retenu pour faire l'objet d'une analyse afin de définir les actions d'amélioration. Des facteurs de risques sont identifiés: répétitivité, positions avec tête penché et poignet tordu, peur de la perte d'emploi. Des éléments «protecteurs» sont également mis en avant: un travail plutôt reconnu, la perception d'une certaine liberté - proportionnelle à l'ancienneté - pour décider du déroulement de son travail, et des activités variées (chacune assemblant les éléments à coudre du début à la fin pour chaque paire).

Après cette première phase, des réunions de travail sont organisées et des observations dans l'atelier pour préciser les difficultés rencontrées : un secteur implanté dans une zone avec courant d'air, une disposition des postes de travail qui fait que certaines piqueuses ont un plan de travail plus petit, pas d'éclairage d'appoint alors que travail est précis avec contraintes «esthétiques», une utilisation de briquets sollicitant le pouce de manière répétée, une non-connaissance des réglages de certaines machines, des problèmes de maintenance des machines et d'entretien des outils coupants, des interruptions fréquentes dans l'assemblage des éléments liés aux postes situés en amont (renseignements dans le dossier par les podo-orthésistes, problèmes au patronage ou lors de la coupe des éléments à assembler).

Chacun de ces points a permis d'identifier des actions possibles examinées en CHSCT et intégrées dans le plan de prévention des risques professionnels. L'action la plus visible réalisée a conduit à réimplanter sur plan et de la manière la plus optimale, toutes les machines du secteur. Cela a été s'est fait avec la participation des membres de l'équipe. Un travail a également été engagé avec les postes situés amont pour identifier les difficultés des opérateurs dans la réalisation de leur travail et pour limiter les erreurs impactant le travail des piqueuses.

Pour quels effets ?  

Cet appui, sous la forme d’une formation-action, a permis aux acteurs de l’entreprise de développer des compétences sur la prévention des TMS tout en liant cette action à la démarche existante de prévention des risques professionnels. La mise en œuvre du plan d’action « Prévention des TMS » se poursuit même si elle a été compliqué par la multitude de projets en cours dans l’entreprise (notamment un projet d’informatisation de la production des chaussures en remplacement des dossiers papiers accompagnant chaque paire de chaussures). Le déroulement de cette action a permis d’insister sur l’association des équipes dans la phase de test des outils pour faciliter leur appropriation et les paramétrer afin qu’ils puissent faciliter la réalisation du travail prescrit.

Le secrétaire du CHSCT a évolué dans l’entreprise en devenant le salarié compétent en santé et sécurité au travail. Il a poursuivi le travail d’organisation et de suivi du plan d’actions de prévention des risques professionnels, qu’il réalisait déjà, tout en laissant la place à de nouveaux représentants du personnel au sein du CHSCT. Des aménagements ont notamment été réalisés sur les postes de fabrication des éléments intérieurs des chaussures orthopédiques pour réduire le bruit, séparer les couloirs de circulation des postes de travail et libérer des plans de travail.

Dans la continuité de l’action TMS, le poste chimie a été isolé dans un local fermé et équipé d’extracteurs d’air, et les hauteurs de coulage ont été adaptées à la taille de l’opérateur. La méthodologie acquise lors de la formation TMS et le travail du référent santé/sécurité vont être appliqués dans les autres entreprises du groupe.

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