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Comment prévenir l’usure professionnelle ? Retour sur 33 projets accompagnés par le réseau Anact-Aract

Le Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) a soutenu 33 projets de prévention de l’usure professionnelle. Découvrez les enseignements de ce dispositif avec Patrick Conjard, responsable de la mission Fact à l’Anact.

Pourquoi un appel à projet sur le thème la prévention de l’usure professionnelle ?  

L’allongement de la vie professionnelle, en lien avec les réformes des retraites successives, la persistance des expositions aux risques et aux travaux pénibles, et l’entrée en vigueur de différents dispositifs publics ont hissé la prévention de l’usure professionnelle au rang des sujets RH stratégiques pour l’entreprise.

Cependant, les acteurs abordent encore trop souvent le sujet avec une approche réparatrice ou compensatrice (en accordant des mesures de compensation de type congés ou primes aux métiers difficiles ) plutôt que réellement préventive.

Au-delà des questions de mise en conformité, notre appel à projet visait à aider les entreprises et les organismes qui les accompagnent à identifier les enjeux, parfois vitaux, auxquels elles se trouvent confrontées (absentéisme, turnover, inaptitude etc.) et à prendre conscience des processus d’usure prématurée qui peuvent concerner toutes les catégories de salariés, jeunes comme plus âgés. Il s’agissait également d'aider à élargir le champ de la prévention en s’intéressant aux questions de parcours professionnels, de reconnaissance, de management et d’organisation du travail, pour favoriser des politiques de maintien durable en emploi.

Quels types de projets ont été financés par le Fact dans ce cadre ?

Plusieurs ont concerné des secteurs d’activité où la pénibilité reste importante et où la fréquence des accidents est forte : c’est le cas des secteurs de la santé, du sanitaire et social et des services à la personne. Certains ont développé des actions de prévention primaire, c’est-à-dire la mise en place de mesures avant que ne surviennent les situations d’usure professionnelle physique ou psychique. D’autres projets ont porté exclusivement sur la prévention des risques psychosociaux avec parfois la prise en charge de situations déjà dégradées (gestion du stress, formation). Enfin, de nombreux projets se sont inscrits dans le prolongement d’actions déjà̀ engagées au niveau d’une entreprise (diagnostic, investissements matériels, prévention des troubles musculosquelettiques), d’un territoire ou d’une branche (études, diagnostic, des facteurs de pénibilité́, sensibilisation...) pour installer la démarche dans la durée et développer une culture de la prévention des risques. 

Quels enseignements tirez-vous de ces projets ?

La prévention de l’usure professionnelle (et ce constat est encore plus fort pour le maintien dans l’emploi des seniors) mobilise peu les entreprises si elle n’est pas reliée à leurs problématiques spécifiques. Réunir les acteurs territoriaux ou fédérations professionnelles et les acteurs du champ de la prévention et de la santé au travail s’avère particulièrement pertinent pour les aider à opérer ce maillage et proposer aux entreprises des dispositifs adaptés. Une fois le lien fait avec leurs questions d’attractivité, d’absentéisme, de conditions de travail, les entreprises se montrent intéressées par la prévention de l’usure professionnelle qui ouvre de nouvelles perspectives d’action au carrefour des sujets RH et prévention.

Dans les différents projets soutenus, le niveau territorial est ainsi ressorti comme un niveau d’action pertinent et efficace. Une plus grande sensibilité au sujet s’observe au niveau des acteurs territoriaux et professionnels. Des partenariats d’action associant les Direccte, les Carsat, les Aract et des OPCA, des CBE, MDE, des CCI ou CMA, des fédérations professionnelles, ont ainsi été développés sur les territoires.  

Cette dynamique contribue à la mobilisation des partenaires pour le développement de ressources locales sur le sujet. Elle favorise également une plus large communication auprès des entreprises et renforce, c’est essentiel, les chances de cibler rapidement des entreprises pour lesquelles une démarche de prévention de l’usure professionnelle est cohérente avec leur contexte et leurs problématiques. 

Le développement d’actions territoriales s’est avéré particulièrement performant lorsque les acteurs étaient déjà sensibilisés à la question du maintien dans l’emploi des seniors. Néanmoins, lorsque ces conditions ne sont pas réunies, les approches sectorielles ou de filières se révèlent des dispositifs également efficaces. 

Panorama de projets soutenus

Unifaf

Unifaf est l’organisme paritaire collecteur agréé par l’Etat (OPCA) pour collecter et gérer les fonds de la formation professionnelle continue des entreprises de la branche professionnelle sanitaire, sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif. Le projet porté par l’Unifaf prévoyait des actions de sensibilisation et de formation des acteurs des établissements, des échanges de pratiques, ainsi que le déploiement d’un format spécifique de conseil aux salariés qui sollicitent Unifaf sur les questions d’usure professionnelle et de santé au travail. L'organisme a regroupé dans un nouveau site internet les études, les notions, et les outils réalisés. Découvrir le site internet sante-travail.unifaf.fr

Uztartu

Regroupant l’ensemble des professionnels de la filière agroalimentaire dans le pays basque (producteurs, transformateurs, services, établissements d’enseignement, pouvoirs publics) ; le cluster Uztaru a souhaité permettre à des TPE-PME du secteur, souvent démunies, de s’emparer des nouvelles règlementations liées à la pénibilité. Sept entreprises de transformation agroalimentaire, de 10 à 50 salariés, se sont engagées dans une action collective visant à faire de la pénibilité, du maintien dans l’emploi, de l’usure professionnelle un vrai projet d’entreprise. Ce projet, construit comme une expérimentation, a permis une montée en compétences des entreprises participantes sur les enjeux de la dimension RH et la sensibilisation des acteurs de l’entreprise sur les travailleurs handicapés. Les retours d’expériences et les acquis du projet doivent être capitalisés et diffusés. En savoir plus sur ce projet...

Fédération Nationale du Transport Routier (FNTR)​

Dans l’univers du Transport routier de marchandises, la FNTR représente 44% des entreprises – essentiellement des TPE, des salariés et des flottes de camions français. En complément d’actions initiés par des fédérations locales, la FNTR a souhaité engager une démarche globale sur la prévention des risques au sein des entreprises du transport routier de marchandises. Une série de petits déjeuners d’information en ligne et vidéos… a été élaborée et mis à la disposition du réseau FNTR.

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