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Lean et conditions de travail. Le point de vue de l'Anact

Lean

L’Anact publie une note de positionnement produite en 2013 sur les démarches de type lean.

Méthode déjà ancienne d’organisation du travail et de la production, le lean (1) s’est développé au départ dans l’industrie automobile puis s’est étendu à d’autres industries. Depuis une dizaine d’années, le modèle gagne même le secteur tertiaire.

Il s’est largement diffusé en France depuis les années 2000, notamment grâce au soutien des pouvoirs publics. De nombreuses PME ont en effet bénéficié d’un financement de la DGICS (aujourd’hui Direction générale des entreprises) pour mettre en place le lean, dans un objectif de performance industrielle.

Lors de leurs accompagnements d'entreprises (sur des problèmes de troubles musculosquelettiques ou encore de risques psychosociaux), les Aract ont très souvent été rencontrées des organisations de type lean. Il y a quelques années, plusieurs conseils régionaux ont alors souhaité avoir un point de vue formalisé de l'Anact sur le sujet qui commençait à faire débat. « Face à une augmentation de la demande sociale côté entreprises et à la sollicitation institutionnelle, nous avons décidé de travailler en réseau pour définir un positionnement et, également, associer les partenaires sociaux qui, jusque là, étaient rarement consultés sur ce sujet », indique Mélanie Burlet, chargée de mission au département Etudes, Capitalisation et Prospective de l’Anact.

Sortir du débat pour ou contre

Ce travail a abouti à une note de positionnement qui passe en revue six questions fréquemment posées au réseau Anact-Aract.

  • Les pratiques du lean ont-elles des effets sur la santé au travail ?
  • Favorisent-elles un management au plus près du terrain ?
  • Favorisent-elles l’expression des salariés ?
  • Leur épanouissement professionnel et leur motivation ?
  • Améliorent-elles la performance ?
  • Le recours au lean est-il adapté à tous les contextes productifs ?

L’Anact répond à chacune d’elles en s’appuyant sur les travaux académiques et sur les observations des Aract lors des interventions en entreprises. Aucune réponse n’est univoque. « L’objectif est de sortir d’un débat entre les ‘pour’ et les ‘contre’ le lean en l’enrichissant de dimensions plus qualitatives pour ouvrir sur des perspectives d’action », explique Mélanie Burlet, co-auteur de la note.

Par exemple, l’Anact estime qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre la mise en place du lean et les effets sur la santé des salariés, car cette mise en place s’accompagne souvent d’autres mutations. En revanche, le lean se traduit souvent par une intensification du travail qui, elle, a des incidences sur la santé des salariés. Cas classique : la réduction des déplacements pour optimiser la productivité. Or, ces temps de déplacement ont leur utilité tant pour soulager des gestes répétitifs que pour se transmettre des informations entre collègues. La note préconise donc d’élaborer un compromis entre le besoin de standardiser et de laisser des marges de manœuvre aux salariés, dans le double intérêt des conditions de travail et de la performance.

Une nécessaire adaptation

De façon générale, l’Anact recommande d’adapter le modèle aux contextes, enjeux, situations de travail. « Il n’existe aucun modèle parfait, que ce soit le lean ou un autre, qui pourra s’appliquer tel quel à toutes les entreprises. Au contraire, les retours du terrain montrent un apport positif du lean lorsqu’il est très adapté, parce que l’entreprise a pris le temps de s’approprier la méthode pour répondre à ses enjeux », constate Mélanie Burlet.

La note de positionnement (élaborée en 2013), a produits des effets. Les entreprises disposent, depuis 2015, d’un « 10 questions sur le lean », élaboré à partir de la note. Des actions expérimentales ont également démarré selon ses préconisations dans plusieurs régions.  

Le Midact (Aract Midi-Pyrénées) pilote notamment une action d’envergure « Diapason », dans laquelle 8 PMI mettent en œuvre le lean en articulant les enjeux de performance et les enjeux de conditions de travail.

En Auvergne - Rhône-Alpes, c’est un consortium régional composé d’Aravis, de la Carsat, d’écoles d’ingénieurs et de consultants qui pilote le projet « santé, qualité de vie au travail et performance globale ». Objectif : intervenir sur toute la chaîne d’acteurs jouant un rôle clé dans la mise en œuvre du lean. « Le lean reste encore une des solutions majeures proposées aux entreprises, estime Mélanie Burlet . Mettre autour d’une même table des acteurs du champ conditions de travail et de la performance industrielle permet de mettre la méthode en débat et de faire évoluer l’écosystème des entreprises »

(1) Le lean (« maigre », en anglais) vise à la fois l’élimination de tout ce qui n’apporte pas directement de valeur ajoutée du point de vue des clients (stocks, délais, production en excès,…) et l’amélioration continue des processus (par la résolution des problèmes et le renforcement de la standardisation).

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